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Les islamistes ont le monopole du discours religieux musulman sur internet et les réseaux sociaux, selon l'Institut Montaigne

L'essayiste Hakim El Karoui est l'auteur d'un rapport sur "La Fabrique de l'islamisme", que franceinfo dévoile dimanche 9 septembre en intégralité.

Article rédigé par franceinfo
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L'essayiste Hakim El Karoui, auteur d'un rapport sur l'islamisme en France et dans le monde. (ERIC PIERMONT / AFP)

L'Institut Montaigne publie dimanche 9 septembre un rapport intitulé "La Fabrique de l'islamisme". Dans ce document de 600 pages, l'auteur, Hakim El Karoui, normalien et membre de l'Institut Montaigne, affirme que le but de cette étude est de comprendre comment l'islamisme fonctionne pour mieux s'y opposer, "donner à voir et à comprendre l'ensemble de la chaîne de transmission qui va de la fabrication de cette interprétation du monde jusqu'aux dynamiques qui permettent sa diffusion en France et en Europe".

Sur internet, "les islamistes ont le monopole du discours sur toutes les questions relatives à la foi musulmane" dans le monde. "Les comptes les plus connus, les pages Facebook les plus suivies, peuvent être reliées à des penseurs [des Frères musulmans] ou salafistes, pointe l'étude. Un constat valide à l’échelle mondiale et à l’échelle nationale. (...) En comparaison, les comptes de penseurs musulmans modérés ou non-engagés font pâle figure."

Des propositions de régulation

Hakim El Karoui propose plusieurs solutions à travers son rapport pour lutter contre l'islamisme et parle d'un "outil", d'une "organisation" qui doit "rendre service aux musulmans" et qui doit "réguler les marchés", notamment ceux des "deniers du culte, des agences de voyages qui proposent des pèlerinages et des faux certificateurs halal".

Autres solutions proposées par le normalien à travers l'étude : "En France, une réorganisation du culte pour lutter contre l'islamisme est indispensable et se traduirait par la création d'une institution chargée d'organiser et de financier le culte musulman (formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, travail théologique et lutte contre l'islamophobie et l'antisémitisme) : l'association musulmane pour l'islam de France (AMIF)". "Par ailleurs, il est essentiel de disposer d'un discours religieux musulman en français, alternatif à celui aujourd'hui dominant sur les réseaux sociaux, le discours salafiste."

"Au sein de l'État, l'Éducation nationale doit former les cadres et les enseignants à la laïcité", poursuit l'étude, qui ajoute qu'il faut "relancer l'apprentissage de la langue arabe [...] tant les cours d'arabe dans les mosquées sont devenus pour les islamistes le meilleur moyen d'attirer des jeunes dans leurs mosquées et écoles".

Le normalien estime que ce n'est pas à l'État de financer ces solutions mais à la communauté musulmane elle-même.

Il ne se passera rien si les musulmans silencieux majoritaires ne se mobilisent pas. Si les non islamistes laissent leur religion aux islamistes, ils auront une part de responsabilité dans la dégradation de la situation

Hakim El Karoui

à franceinfo

Pour Hakim El Karoui, l'État doit en revanche parler à cette communauté puisque "personne ne l'a jamais fait."

Un prosélytisme à plusieurs visages

L'islamisme - qui désigne un courant de l'islam dont l'objectif est de "créer un projet global avec la religion comme cadre de vie et comme projet pour l'individu et la société" - s'organise à travers trois visions : celle des Saoudiens salafistes (qui souhaitent revenir "aux pieux ancêtres"), celle des Frères musulmans et celle des Turcs.

Ces trois courants - dont les musulmans sont la cible essentielle - ont un même but : "les islamiser et les convertir à leur vision de l'islam", mais des méthodes différentes pour propager leur idéologie. Tandis que les salafistes prêchent, notamment via les réseaux sociaux, les Frères musulmans, eux, s'investissent dans des actions locales, caritatives ou encore associatives, enfin, les Turcs exercent un contrôle social par la religion via l'ambassade de Turquie. A noter que selon le rapport, les Turcs s'adressent principalement aux communautés musulmanes turques.

Plus précisément, parmi les six millions de musulmans en France (4,5 millions de plus de 15 ans), le courant islamiste est minoritaire et représenterait 28% selon les méthodes de calcul d'Hakim El Karoui, qui souligne le fait que son rapport "n'est pas un rapport sur l'islam de France mais sur l'islamisme dans le monde, y compris en France".

Enfin, Hakim El Karoui précise que le rapport (qui a mobilisé sept personnes pendant 10 mois) ne sera pas remis au président de la République, puisqu'il ne s'agit pas d'une commande de l'Élysée, mais que "comme tous les rapports faits par l'Institut Montaigne, il lui sera envoyé".

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