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Scandales de pédophilie : l'Église tente tant bien que mal de se relever

À la veille d'un sommet extraordinaire à Rome où quelque 5 000 évêques vont se réunir autour de la question de la pédophilie, l'Église tente de se relever de ces scandales.

Article rédigé par Mathilde Imberty, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'intérieur de l'église Marie immaculée de Nancy (photo d'illustation). (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Les scandales de pédophilie éclaboussent à ce point l’Église que le pape François a décidé de convoquer un sommet extraordinaire sur la question. Les évêques du monde entier seront réunis au Vatican à partir de jeudi 21 février et durant quatre jours. En Europe et aux États-Unis, les victimes se font entendre. Ailleurs sur la planète la prise de conscience démarre tout juste. L’Église universelle est mise au défi et elle tente de le relever, à son rythme.

Des prêtres formés à la question des abus sexuels

À l’université grégorienne de Rome, établissement pontifical centenaire dirigé par les jésuites, la messe matinale est plus fréquentée que d’habitude. C’est un jour de cérémonie. Quelque 16 étudiants reçoivent un diplôme en protection de l’enfance. Religieux ou laïcs, ils ont suivi cinq mois de formation pluridisciplinaire autour d’un thème tristement d'actualité, les abus sexuels. "Je suis prêtre et je sais que cette cause est très importante. J’ai maintenant en main des outils pour l’affronter, explique le père Wyclief Ochieng, du Kenya. Je connais les facteurs de risque et je sais créer un environnement de confiance pour les victimes. C’est un champ de travail risqué. Vous vous faites un tas d’ennemis en révélant des cas d’abus."

Des efforts inégaux dans les différents pays

Ces hommes et ces femmes formés réclament un changement drastique. Les victimes doivent commencer à être entendues. Mais ces attentes sont à mille lieues de pays comme les États-Unis qui en sont à écarter les évêques négligents ou les prêtres jugés coupables.

Au Nigeria, nous vivons dans une culture du silence. Les parents eux-mêmes préfèrent protéger l’image de leurs enfants plutôt que de révéler les cas d’abus.

Teresa, religieuse

à franceinfo

Teresa est fraîchement diplômée. Elle veut que les choses changent dans son pays parce qu'aujourd'hui "quand le crime est perpétré par quelqu’un de l’Église, les parents de la victime protègent l’Église ! Ainsi, personne ne sait que l’Église aussi se comporte mal parfois".

Difficile de faire prendre conscience des responsabilités de chacun

L’Église s’est dotée au fil des années de tout un corpus de normes face à la pédophilie. La réunion qui s’ouvre jeudi ne devrait pas en faire émerger de nouvelles. Le pape François va plutôt insister sur la responsabilité de chaque pays décrypte le père Hans Zollner, responsable de la formation à l’université grégorienne et co-organisateur du sommet. "L’Église catholique est faite de composantes variées et le pape n’est pas un empereur à qui il suffit de pousser un bouton pour que les évêques obéissent."

L’un des objectifs de ce sommet est de pousser les religieux "à réaliser où est leur responsabilité". C'est un défi pour le pape, faire appliquer la tolérance zéro partout, sans exception.  

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