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Transfert de la Miviludes au ministère de l'Intérieur : "C'est un mauvais signe vis-à-vis du mouvement sectaire", estime une association de victimes de sectes

Marie Drilhon, présidente de l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes, a expliqué, lundi sur franceinfo, les problématiques engendrées par la fin de l'autonomie de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Article rédigé par franceinfo
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Page d'accueil du site de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). (CAPTURE D'ECRAN)

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), va cesser d'exister de façon autonome à partir du 1er janvier 2020. Elle va être transférée de Matignon au ministère de l'Intérieur, au sein du secrétariat spécialisé dans la radicalisation, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Marie Drilhon, présidente de l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes a fait part de son inquiétude, lundi 30 décembre, sur franceinfo.

franceinfo : Pourquoi cette fusion est-elle une mauvaise nouvelle ?

Marie Drilhon : C'est un mauvais signe vis-à-vis du mouvement sectaire. La spécificité du mouvement sectaire risque de disparaître au profit d'une certaine similitude dans le processus de radicalisation. Or, le phénomène sectaire touche tous les domaines de la société et des acteurs très différents. Ils sont différents de ceux de la radicalisation. On ne sait pas sur combien de personnes la nouvelle structure pourra compter et ce qu'elle aura comme possibilité d'action.

Qu'est-ce que vous apporte le travail en collaboration avec la Miviludes ?

On est inquiets parce que toutes les informations de terrain, certains abus, certains mouvements, revenaient à la Miviludes. Elle avait donc un rôle de vigilance et d'alerte des pouvoirs publics très important. Aura-t-elle encore ça ? Est-ce qu'elle aura la même connaissance de ce qui se passe sur le terrain ou aura-t-elle essentiellement des affaires qui sont judiciarisables ? Toutes ne le sont pas.

Est-ce un signe de désengagement de l'Etat contre les dérives sectaires ?

Oui, ou d'une moindre considération de la dangerosité, comme depuis quelques années c'est un phénomène dont on parle assez peu. Les grands mouvements sectaires sont internationalisés. Ils sont moins visibles. Ils ont compris qu'il fallait prendre des méthodes différentes pour être moins stigmatisés. Mais, le phénomène sectaire s'est aussi beaucoup développé dans des très petites structures. On voit bien que beaucoup de personnes n'ont aucune idée que cela existe.

Avez-vous pu faire entendre ces inquiétudes ?

Je crois. Beaucoup d'entre nous se sont mobilisés. Toutes les associations veulent continuer à collaborer avec la structure qui sera mise en place. Pour le moment, on est au niveau de l'inquiétude qui est doublée par le fait que les subventions aux associations ont beaucoup baissé. Nous souhaitons avoir des signes pour être sûrs que notre action sera soutenue.

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