Saint-Valentin : "Il y a une forme de pression sociale à la fête", souligne la philosophe Marianne Chaillan

Selon Marianne Chaillan, "l'enjeu" de cette fête est de dire : "'En ce jour, je célèbre la joie de t'aimer aujourd'hui et je fais le vœu que ça dure le plus longtemps possible'".
Article rédigé par franceinfo
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Un homme pris en flagrant délit de romantisme, le 14 février pour la Saint-Valentin. (JEFF PACHOUD / AFP)

"Des philosophes diraient que cette fête est vraiment paradoxale", analyse la philosophe Marianne Chaillan, invitée sur franceinfo mercredi 14 février, à l'occasion de la Saint-Valentin, "il y a une forme de fait social, de pression sociale à la fête" qui est "un peu antinomique avec la nature du désir, qui repose plutôt sur la spontanéité". Elle est revenue sur la thèse des philosophes épicuriens qui, selon Marianne Chaillan, diraient "mais qu'est-ce qu'il y a à fêter dans l'amour ? L'amour est une maladie qui nous aliène à autrui, l'amour est un délire".

Ce courant de philosophie antique, qui a pour objectif principal l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs naturels et nécessaires, enjoindrait plutôt "à essayer de se guérir de ce sentiment qui peut nous condamner au malheur", analyse la philosophe, autrice du livre À la folie, passionnément (2023). Elle évoque notamment la situation du coup de foudre qui ne permet pas "d'y voir clair" car "tomber amoureux, c'est s'attacher à un objet dont on ne connaît rien, et donc, souvent, l'état amoureux peut faire très mal". "J'ai constaté, autour de moi, que ceux qui n'avaient pas la chance de fêter la Saint-Valentin vivaient ça comme un échec, mais il n'y a absolument aucun échec à ne pas la fêter", poursuit-elle. "Certains philosophes épicuriens vous diraient même : "Tant mieux pour vous ! Réjouissez-vous de ne pas vous être aliéné à quelqu'un !"".

Pour les amoureux qui souhaiteraient tout de même fêter leur aliénation à autrui lors de la Saint-Valentin, Marianne Chaillan a un conseil : "Ne vous trompez pas sur l'enjeu de cette fête : il ne s'agit pas de se dire ‘je t'aime pour toujours’, ce qui serait une promesse illusoire. Il s'agit de dire, 'en ce jour, je célèbre la joie de t'aimer aujourd'hui et je fais le vœu que ça dure le plus longtemps possible'. Il ne faut pas s'illusionner sur ce que peut l'amour. Et ça, c'est plus réaliste", conclut-elle.

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