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Limitation à 80 km/h : "C'est une opération de communication mensongère"

Michel Raison, sénateur LR de la Haute-Saône réagit mercredi sur franceinfo à la limitation, à partir du mois prochain, de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires en France.

Article rédigé par franceinfo
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Route limitée à 80 km/h près de Bordeaux, le 9 janvier 2018. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Le 1er juillet 2018, la vitesse sera limitée à 80 km/h sur les routes secondaires en France. Afin de convaincre une opinion parfois hostile à cette réforme, le gouvernement lance une campagne de sensibilisation que Michel Raison, sénateur LR de la Haute-Saône et membre du groupe de travail sénatorial sur la sécurité routière, qualifie, sur franceinfo, "d'opération de communication mensongère".

franceinfo : Vous exigiez un test sur un tronçon de route de votre département et demandiez au gouvernement de faire preuve de pédagogie. Que vous inspire cette action du gouvernement ?

Michel Raison C'est une opération de communication mensongère. Nous avons refusé dans notre rapport au Sénat de comparer les pays entre eux parce qu'ils ne sont pas comparables. Mais si [le gouvernement] veut comparer [la France] avec les pays dont la vitesse est à 80 km/h et le nombre de morts moins élevé que le nôtre, il est tout à fait possible de faire cette comparaison avec des pays qui ont des vitesses réglementaires plus importantes, comme l'Angleterre ou l'Allemagne, et beaucoup moins de morts. On peut tout faire dire aux chiffres. S'agit-il d'un problème d'opposition ? Absolument pas. Au Sénat, nous ne faisons pas de politique politicienne. Tous les élus locaux et quasiment tous les présidents de département sont contre, même s'ils ne le disent pas officiellement, tout comme certains pompiers et gendarmes. Ce n'est pas une simple opposition au gouvernement, mais une opposition nationale. Nous ne savons rien de la façon dont la mesure fonctionnera. Pourquoi ne pas mettre l'autoroute à 110 km/h ? Pourquoi ne pas mettre les camions à 70km/h ? Concernant le gain de 13 mètres au freinage, nous manquons de données. Mais nous en avons une qui atteste que, plus la vitesse est basse, moins elle est respectée. De plus, cette mesure ne fait baisser la vitesse que de 4,5 km/h et non pas de 10 km/h comme avançait le gouvernement. Nous savons enfin que la plupart des accidents sur nos routes sont dûs à des excès de vitesse. De même, il y a des accidents graves à 70 km/h.

Mais il s'agirait de sauver entre 350 et 400 vies par an, pourquoi ne croyez-vous pas à ces chiffres ?

Lorsque nous avons demandé les chiffres exacts de l'année d'avant, [le gouvernement] était incapable de nous les donner. En revanche, il croit pouvoir prévoir les chiffres exacts des deux prochaines années.

En 2017, le nombre de morts [sur les routes] a heureusement baissé. Début 2018, le nombre a considérablement diminué sans que nous ayons à passer à 80 km/h. La technologie des voitures est en train de faire un bond en avant [...] et ce bond va se poursuivre au cours des deux prochaines années. Il y a d'autres mesures que je soutiens fortement, concernant l'alcool et le téléphone notamment, qui sont ou vont être prises, et qui vont forcément réduire le nombre d'accidents et de morts. Mais cette mesure de limitation sera une bataille monstre et psychologiquement très difficile à vivre. [Le gouvernement] ne sait pas ce que c'est de rouler dans nos campagnes.

Selon le gouvernement, une mesure concernant la sécurité routière est par nature très impopulaire mais finit toujours par faire ses preuves. N'avez-vous pas le sentiment de mener un combat d'arrière-garde ?

Je ne mène pas un combat d'arrière-garde. Nous ne faisons que remplir notre rôle de sénateurs et de contrôleurs du gouvernement. Nous avons fait des auditions, un rapport. Nous considérons que cette mesure doit être décentralisée afin que les préfets et présidents de département, qui en ont la capacité, puissent décider, au moyen de critères déterminés, des routes à limiter à 80 km/h. De notre côté, nous avons déjà mis des tronçons à 70 km/h, à 30 km/h dans nos villes. Nous n'avons pas attendu le Premier ministre pour prendre nos responsabilités.

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