Trois ans après la tuerie de Merah : "La douleur s'aggrave"
Il était 8 heures ce matin du 19 mars 2012 lorsque Mohamed Merah a garé son scooter devant l'école juive Ozar-Hatorah, dans un quartier résidentiel de Toulouse, avant d'abattre froidement un adulte et trois enfants. Le premier homme tué ce jour là, c'est Jonathan Sandler, professeur de religion juive à l'école Ozar-Hatorah. Ses deux fils, Arieh et Gabriel, cinq et trois ans, font partie des trois petites victimes qui suivront. La semaine précédente, Merah avait tué trois autres personnes. Trois militaires.
"Contrairement à ce qu'on croit, le temps ne fait pas du tout son travail"
L'horreur et l'insoutenable douleur pour les familles, Samuel Sandler, père et grand-père de trois des victimes, s'en souvient. "L'innaceptable, au début, on ne comprend pas ce qui s'est passé ". Trois ans plus tard, la douleur est plus vive que jamais.
"Contrairement à ce qu'on croit, le temps ne fait pas du tout son travail. Au fur et à mesure que le temps passe, la douleur s'aggrave. Parce qu'au début, c'est inacceptable, et puis au fur et à mesure du temps, on voit bien que votre fils, vos petits-enfants vous manquent, et donc la réalité commence à se faire jour. De l'inacceptable, on commence maintenant à se rendre compte de ce qu'on n'a pas voulu voir au début, donc c'est très dur ".
Militer, encore et toujours
Survivre alors, par le travail mais aussi et surtout en continuant de militer. "J'essaye de ne pas penser, de m'occuper au maximum, de travailler et de m'occuper des autres ". Comme Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire tué dans la course meutrière de Mohamed Merah, Samuel Sandler veut croire en un dialogue interreligieux. Président de la communauté israélite de Versailles, il milite auprès de nombreuses associations interreligieuses.
"Je crois que c'est vraiment une minorité de gens qui a provoqué ces attentats. Le jour du mariage de mon fils Jonathan, il y avait une délégation de la mosquée de Versailles qui était là. Et je continue à militer dans ce sens-là. Quand on regarde l'histoire, il y a quand même eu des populations juives qui ont été heureuses en terres musulmanes, dans des terres chrétiennes, et il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas vivre ensemble à nouveau ici ".
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