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Un couple homosexuel se marie à Arcangues malgré l'opposition du maire

Fin mai, Jean-Michel Colo, maire du village d'Arcangues (Pyrénées Atlantiques) avait créé une polémique en refusant de célébrer un mariage entre deux hommes. Lundi 22 juillet, Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin se sont finalement dit oui, lors d'une brève cérémonie célébrée par l'adjoint au maire.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

"Je vous déclare mariés ". Peu après 17h30, Didier Maisterrena, l'adjoint au maire d'Arcangues, déclenche les applaudissements de la trentaine de convives venus assister au mariage de Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin. Une cérémonie qui a eu lieu deux mois après une polémique suscitée par le maire de la commune.

Le maire a refusé de les unir

Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin, 53 et 55 ans, vivent ensemble depuis 17 ans. A la fin du mois de mai, ils ont signalé fin mai au maire divers droite, Jean-Michel Colo, leur souhait de se marier à Arcangues, commune basque de 3.000 habitants, où ils vivaient depuis dix ans.

Mais celui-ci, soutenu par une partie de son conseil municipal, a refusé de célébrer ce mariage, arguant dans un courrier adressé au préfet qu'il refuserait, tant qu'il serait à la tête de sa commune, de marier des couples du
même sexe.

Ce projet de mariage était le premier en France à avoir déclenché la résistance de tout un exécutif municipal, alors que la loi avait déjà été promulguée.

Face à ce refus, le couple avait finalement porté plainte pour discrimination auprès du procureur de la République à Bayonne, une plainte visant le maire et ses adjoints, qu'ils ont également assignés en référé. Selon l'avocate du couple Me Isabelle Duguet, l'élu risque cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Le 27 juin, un des adjoints avait fini "par se porter volontaire pour célébrer le mariage Taubira ", selon un communiqué du maire. 

"On y est arrivés "

Des amis, des élus, des photographes et des journalistes assistaient à la
cérémonie, notamment la députée socialiste Colette Capdevielle, qui a regretté
qu'il ait fallu réunir "toutes les forces étatiques pour faire appliquer la
loi
".

"Je suis très émue, je ne pensais pas l'être autan t", a pour sa part assuré
Arbela d'Arcangues, conseillère municipale que avait démissionné en pleine
polémique. L'autre conseillère municipale qui avait pris leur défense, Isabelle
Benmerguy, a dit ressentir "beaucoup de désillusions ". "Si on est une femme et
qu'on n'est pas basque, c'est très difficile de travailler avec l'équipe
actuelle. On est bonnes pour faire les gâteaux
", a-t-elle lâché.
Plus joyeuse, Me Isabelle Duguet a souligné que la
journée avait été "à leur image: lumineuse, pleine de paix et d'amour ",
regrettant toutefois qu'"il aura fallu la phase de guerre pour arriver à ça ".

"Je ne souhaite à personne de vivre ce que l'on a vécu ", a d'ailleurs soufflé Guy Martineau-Espel après le mariage, célébré sous le regard d'une
vingtaine de gendarmes postés aux entrées de la petite mairie pour parer tout
débordements d'opposants au mariage pour tous.
"On va simplement faire la fête chez nous ", a déclaré de son côté Jean-Michel Martin en sortant de la mairie. "Tout ça pour ça, on y est arrivés ", a-t-il ajouté avant de repartir avec son mari dans une décapotable noire.

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