Un ex-détenu de Guantanamo se bat contre la propagande djihadiste
Mourad Benchellali, le regard doux, une petite barbe fine, la voix posée, est un ex-prisonnier de Guantanamo, aujourd'hui artisan carreleur très engagé auprès des jeunes, pour les prévenir des dangers d'un départ, sur une terre de djihad. Il ne veut pas leur faire la morale.
Fuir Vénissieux, un "ghetto"
Ces jeunes, tentés par un départ en Syrie, il les comprend. "Il y a différentes raisons qui peuvent pousser à partir ", souligne Mourad Benchellali, jeune père de famille, aujourd'hui âgé de 33 ans. Il en avait 19, lorsqu'il a quitté la barre d'immeubles où il a grandi, aux Minguettes, à Vénissieux. C'était un "ghetto", dit-il. Un "ghetto" qu'il a fui pour suivre son grand frère en Afghanistan. C'était avant le 11 septembre 2001.
Mourad Benchellali raconte qu'il rêvait simplement de "voyage". Il s'est très vite retrouvé dans des camps d'Al Qaeda, qu'il ne soupçonnait pas, dit-il. Dans ces camps, il a croisé Oussama Ben Laden. Il a voulu repartir. Mais il a été capturé par des Américains, au Pakistan. Les Américains l'ont envoyé dans les geôles de Guantanamo, où il a connu la torture pendant deux ans, entre 2002 et 2004.
Echappé "par miracle" à la radicalisation en prison
Une torture qu'il a racontée dans un livre paru en 2006 aux éditions Robert Laffont, "Voyage vers l'enfer". Libéré de Guantanamo, de retour en France, Mourad Benchellali a purgé une peine de prison à Fleury-Mérogis. Il en a longtemps gardé une certaine "amertume". Estimant que derrière les barreaux, il a échappé à la radicalisation "par miracle ". Quelques mains tendues l'ont aidé à reconstruire sa vie. Aujourd'hui, Mourad Benchellali tend sa propre main aux jeunes, pour leur raconter "l'embrigadement dans les camps et les conséquences graves " qui peuvent en découler. Il sent que les jeunes sont "touchés ". Ce jeudi, Mourad Benchellali a été invité à Matignon le matin. Dans l'après-midi, il était au Sénat, pour s'exprimer devant la commission parlementaire.
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