Une centaine d'habitants évacués d'une tour de 32 étages qui menace de s'effondrer à Épinay-sur-Seine
Au total près de 500 habitants de la tour Obélisque à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) vont devoir déménager d'ici le 8 décembre. Ils sont évacués en urgence car le bâtiment menace de s'effondrer.
Au pied de la tour Obélisque à Épinay-sur-Seine et ses 32 étages, c'est l'effervescence et la colère mercredi 10 novembre. "Mon père de 89 ans habite au quatrième étage, raconte, épuisée, une sexagénaire venue chercher les dernières affaires. "Il est chez moi, il est en dépression, il a fait deux malaises cardiaques. On lui a dit 'Va-t'en'." L'homme fait partie de la centaine d'habitants de la façade sud de l'immeuble qui ont jusqu'au soir-même pour quitter leur logement. Ils ont appris la nouvelle une semaine auparavant.
Cette évacuation s'inscrit dans le cadre d'un arrêté préfectoral qui exige l'évacuation totale du gratte-ciel de 162 logements d'ici le 8 décembre. 500 habitants sont concernés en tout après un autre arrêté qui interdisait l'accès aux balcons de la façade sud à cause du risque d'effondrement lié à la vétusté du bâtiment.
"Du jour au lendemain on se sent dégagé. C'est immonde !"
Mohamed, fils de locatairesà franceinfo
Mohamed se rend dans l'appartement familial au 23e étage. "Ma maman est locataire ici avec mon papa depuis 16 ans", explique sa sœur. Les cartons s'entassent dès la porte d'entrée. "On a reçu un courrier la semaine dernière, disant qu'il fallait que l'on parte le 8 décembre. Et samedi matin, on nous distribue un autre courrier nous disant : finalement il faut quitter les lieux mercredi 10 novembre sinon ils vont sceller l'appartement et la police nous refusera l'accès", poursuit la jeune femme.
Scandaleux pour Mohamed, qui ne comprend pas pourquoi il n'a "que quatre jours pour préparer un déménagement". "Pour les petits qui vont à l'école, ce n'est pas évident de changer de domicile du jour au lendemain. On veut bien comprendre que c'est dangereux mais pourquoi vous ne l'avez pas fait avant ?", déplore l'homme qui envisage de porter plainte et de prendre un avocat. "On a toujours payé nos loyers, on n'a jamais eu de retard et on n'est pas entendus."
Dix étages plus bas, même désarroi. Sur le balcon, objet du problème, "c'est très rouillé au niveau des raidisseurs", montre une habitante. Elle avoue ne plus dormir la nuit et se dit "dépassée".
"J'avais l'intention d'y rester jusqu'à la fin de mes jours."
Robert, 80 ans, habitant de l'immeubleà franceinfo
Au 9e étage, Robert habite cet appartement depuis 48 ans. Il admire encore une fois la vue sur le Sacré-Cœur, le Tribunal administratif de Paris et la Tour Eiffel. "J'avais l'intention d'y rester jusqu'à la fin de mes jours parce que j'ai 80 ans, j'ai un cancer, j'ai des problèmes cardiaques et puis j'ai une hernie discale", raconte le retraité.
Un risque "extrêmement imminent et extrêmement fort"
Jacques Witkowski, préfet de la Seine-Saint-Denis, dit comprendre l'émoi des résidents mais c'est un cas de force majeure selon lui. "J'ai dans les mains, comme le maire qui a la responsabilité publique, un rapport d'experts judiciaires qui fait suite à trois expertises, non judiciaires certes mais, qui nous impose un calendrier d'action qui est extrêmement court. Un risque que cet expert estime extrêmement imminent et extrêmement fort", explique-t-il.
L'expertise est contestée par la mairie d'Epinay qui s'oppose à cette évacuation mais n'a pas souhaité réagir.
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