Une sûreté aéroportuaire inefficace, selon des spécialistes
Le seul effet des filtres de sécurité dans les aéroports serait-il de créer des files d'attentes, et éventuellement d'offrir aux passagers le plaisir d'enlever plus ou moins langoureusement ceintures et chaussures dans le cadre enchanteur d'une zone sous douane ?
A écouter les déclarations de certains experts en sécurité aérienne ce matin, leur principal effet est en tout cas à rechercher ailleurs que dans l'arrestation de terroristes : “les mesures d'inspection et de filtrage n'ont jamais permis d'arrêter un terroriste qui voulait commettre un acte illicite”, a rappelé le criminologue Christophe Naudin, ce matin sur France Info. Il cite notamment le cas du Nigérian Umar Mutallab, qui, à Noël 2009, a franchi plusieurs contrôles avec des explosifs.
La diffusion ce soir d'un reportage d'Envoyé Spécial dans lequel deux journalistes ont réussi à prendre des lignes aériennes intérieures avec des pistolets démontés, et à les remonter dans l'avion (lire notre article), semble porter à la connaissance du public un scandale connu des spécialistes.
Pour Christophe Naudin, c'est le recrutement et la formation du personnel des officines privées chargées de la sécurité aéroportuaire qui est en cause : “il leur est interdit de toucher des armes et de s'entraîner avec. Il est difficile de repérer ce qu'on ne connaît pas. Les agents attendent de voir la forme complète d'une arme pour la détecter. C'est une erreur. Si ils ne connaissent pas les formes et les matières des pièces détachées, ils sont incapables de les discerner”. Pour lui, les entreprises de sécurité ne recrutent pas les bonnes personnes, et elles les sous-payent.
Dans ces conditions, il semble miraculeux que la France ne fasse pas les frais plus souvent de terroristes. Pour Christophe Naudin, ce sont les services de renseignements qui font rempart : “la France est bien protégée en amont des mesures de sûreté. Les services de renseignements font 95% du travail”, estime-t-il.
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