: Enquête France 2 Le "mois sans alcool" a-t-il été abandonné par l'Elysée à cause du lobby du vin ?
En janvier aurait dû être inauguré le "mois sans alcool". Une campagne de sensibilisation était déjà dans les cartons mais le gouvernement a soudain décidé de l'annuler. Pourquoi un tel revirement ?
Le "mois sans alcool", l'association "Fédération addiction" le préparait depuis cet été avec l’aide de l’agence nationale de santé publique. Quand Nathalie Latour, déléguée générale de l'association a appris qu'elle n'aurait finalement pas le soutien du ministère de la Santé, elle a été très déçue : "On peut estimer qu’il y a un gâchis car nous étions au travail, Santé Publique France était au travail donc il y a du temps de perdu et de l’argent de perdu pour une campagne qui aurait pu voir le jour en janvier prochain." Pour l’occasion, un compte Twitter avait déjà été créé par l’association pour promouvoir l’opération.
➡Ca arrive à grand pas le #MoisSansAlcool, on est prêt à recevoir toutes vos questions ! pic.twitter.com/3fmYKlBPAw
— MoisSansAlcool (@Moissansalcool) November 11, 2019
Mais le projet n’a pas plu au syndicat des vignerons de la Champagne qui l’a fait savoir à Emmanuel Macron lors de son déplacement dans la région, jeudi 14 novembre. "On a abordé beaucoup de sujets avec Emmanuel Macron, raconte le président du syndicat général des vignerons de la champagne, Maxime Toubart, il a été sensible à nos arguments je pense. Il a dit qu’il n’y aurait pas de mois sec, de mois sans alcool."
Une campagne qui "existe dans 14 pays"
Contactés, l’Elysée et Santé Publique France n’ont pas souhaité répondre à nos questions. La ministre de la Santé a confirmé, jeudi 21 novembre, que l’agence de santé publique avait bien travaillé sur le dossier, mais qu’elle n’a jamais donné de feu vert officiel à cette campagne : "Cette mesure n’a pas été validée par le ministère de la Santé, elle ne m’avait pas été proposée".
L'addictologue Michel Reynaud a écrit au Président pour dénoncer l’abandon de cette campagne de sensibilisation, qu’il jugeait particulièrement efficace : "Cette campagne existe dans 14 pays, ça a été évalué, il y a des publications scientifiques. Les gens qui y ont participé se sentent mieux au bout d'un mois et au bout de 6 mois, ils ont diminué leur consommation d'alcol."
Pendant que "Janvier sans alcool" prenait l’eau. L’Elysée, donnait son soutien à une autre initiative : "Janvier sobre". Un mois où l’on peut boire... mais avec modération. Exactement ce que promeut le syndicat des vignerons de la Champagne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.