#Metooinceste : "Ces témoignages ont montré qu'il y a de l'inceste dans tous les milieux", explique une membre du collectif NousToutes
Des milliers de témoignages de victimes d'inceste ont été publiés ce week-end avec le mot-clé #Metooinceste sur les réseaux sociaux.
"Ces témoignages ont montré des choses que, malheureusement, les professionnels répètent depuis des années, à savoir qu'il y a de l'inceste dans tous les milieux", a expliqué dimanche 17 janvier sur franceinfo Madeline Da Silva, maire-adjointe aux Lilas (Seine-Saint-Denis) et membre du collectif féministe NousToutes, après qu'un mot clé est apparu ce week-end sur les réseaux sociaux : #MeTooInceste. Il a vu le jour après la publication du livre de Camille Kouchner qui accuse son beau-père Olivier Duhamel d’avoir violé son frère jumeau lorsqu’il était adolescent.
"Il faut de vraies politiques publiques à la hauteur", souligne Madeline Da Silva. Selon elle, il y a, en France, "très peu de professionnels formés à comprendre ces symptômes et à détecter les violences".
franceinfo : Êtes-vous surprise par l'ampleur de cet appel à témoignage sur les réseaux sociaux ?
Madeline Da Silva : Je suis émue. Je suis en colère aussi. Mais je suis contente que des centaines de milliers de personnes aient pu témoigner ensemble sous ce même hashtag, et montrer la dimension massive des violences sexuelles que peuvent vivre les mineurs. Il faut savoir que les agresseurs, les auteurs d'inceste, existent dans tous les milieux. Ces témoignages ont montré des choses que, malheureusement, les professionnels répètent depuis des années, à savoir qu'il y a de l'inceste dans tous les milieux. Les agresseurs ne sont pas des monstres, comme on aime parfois les décrire, qui seraient tapis dans une grotte. Mais ils sont le père, l'oncle, le frère. Il faut savoir qu'à 96%, ces agresseurs sont des hommes.
Adrien Taquet, le secrétaire d'Etat en charge de l'Enfance et de la famille, a salué sur Twitter le courage qu'ont eu les victimes pour témoigner. Pour lui, cette libération de la parole est indispensable et doit s'accompagner de mesures fortes pour mieux protéger les victimes. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Il faut de vraies politiques publiques à la hauteur. Ce n'est pas comme si Adrien Taquet découvrait aujourd'hui la dimension massive de ces violences. Il y a quelque chose qui manque dans les propositions d'Adrien Taquet, c'est notamment la question de la formation. Aujourd'hui, on parle beaucoup du silence qui entoure les victimes. Or, c'est un silence qui fait beaucoup de bruit. Les victimes parlent. Il y a des enfants qui posent des mots. Comment sont-ils entendus ? Et les enfants qui ne posent pas de mots, posent des symptômes de leur souffrance. Le gros problème qu'on a en France aujourd'hui, c'est que très peu de professionnels qui sont au contact des enfants sont formés à comprendre ces symptômes et à détecter les violences.
Quels sont les sujets qui doivent être mis sur la table ?
Cela fait des années et des années que les professionnels de la protection de l'enfance proposent des solutions. À quel moment sont-ils entendus ? À quel moment il y a eu des politiques publiques ? En France, on sait faire des politiques publiques. Quand on a voulu stopper les morts sur la route ou les morts du tabac, on a su faire. De manière certaine, on sait que si on formait tous les professionnels, on pourrait sauver des milliers de vies.
Le premier sujet est celui de comment on entend ces enfants. Comment les professionnels vont-ils travailler ensemble autour de ces questions ? Comment on fait une question pluridisciplinaire de cette question de la détection et comment, chacun à son niveau, peut être suffisamment formé pour entendre tout ce que disent ces enfants ? Est-ce que quelqu'un en France peut croire aujourd'hui qu'un enfant qui vit de l'inceste revient à l'école le lendemain de la même manière ? Non.
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