Polémique à la Cinémathèque : la projection du "Dernier Tango à Paris" provoque colère et incompréhension

Une scène du film de Bertolucci projeté dimanche à la Cinémathèque à Paris montre un viol tourné sans le consentement de l'actrice, en 1972. Plusieurs personnalités prennent la parole pour dénoncer ce choix.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La Cinémathèque défend un film "important". (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

Des personnalités, autrices et journalistes haussent le ton. La Cinémathèque à Paris organise dimanche soir une projection du Dernier Tango à Paris, film de Bernardo Bertolucci sorti en 1972, qui a toujours fait polémique. Il comprend une scène de viol par Marlon Brando, non écrite et subie par l'actrice Maria Schneider.

Sur les réseaux sociaux, l'autrice et journaliste Chloé Thibaud, qui a notamment écrit Désirer La Violence, a récemment lancé l'alerte. "C'est un devoir pour la société de ne plus présenter ces films sans aucun contexte." Projeter ce film, symbole de la domination masculine, est un "crachat" à la figure de Maria Schneider, décédée en 2011, dont la jeune carrière avait basculé avec cette scène, poursuit Chloé Thibaud : "Elle s'est exprimée plusieurs fois, elle a expliqué à quel point c'était une souffrance immense pour elle de voir que le film continuait d'être projeté, de voir qu'elle continuait à être associée à ce film. Mais ça, la Cinémathèque s'y refuse."

La Cinémathèque défend un film "important"

Sur X, la présidente de la commission d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma, l'audiovisuel et le spectacle vivant Sandrine Rousseau "convoque la Cinémathèque sur ce choix délirant de projection du film et du viol dont il a été l'occasion."

La Cinémathèque, déjà ciblée en 2018 pour avoir organisé une rétrospective de l'œuvre de Roman Polanski, n'a pas donné suite aux sollicitations de franceinfo. Mais sur Instagram, l'établissement précise que la projection du Dernier Tango à Paris sera précédé d'un "temps d'échange avec le public".

Dans un mail envoyé à Chloé Thibaud, le programmateur Jean-François Rauger défend un film "important", et refuse de plier face à ce qu'il considère comme des "menaces". Une mobilisation pourrait bien venir perturber la séance dimanche soir.

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