Violences sexistes et sexuelles en politique : il faut "un cadre" dans lequel une femme puisse "parler de manière sereine", plaide Sandrine Rousseau
La députée EELV de Paris remet en cause la légitimité de la cellule d'enquête interne du parti sur les violences faites aux femmes. Selon elle, un parti politique n'est pas "un espace où l'on peut sereinement instruire cette parole des femmes".
Après la révélation des accusations de "violences psychologiques" dont Julien Bayou fait l'objet contre une ex-compagne, Sandrine Rousseau estime, sur franceinfo mercredi 12 octobre, qu'il faut au sein d'Europe Ecologie-Les Verts "un cadre" qui assure" la "sécurité" de la victime. La députée EELV avait évoqué cette affaire mi-septembre sur le plateau de "C à vous". Julien Bayou avait quelques jours plus tard démissionné de son poste de secrétaire national du parti.
En juillet, une cellule interne d'EELV s'était auto-saisie d'une enquête sur l’ancien leader du parti après un courriel de son ex-compagne, dont il s'est séparé en novembre 2021.
"C'est un problème de direction"
Pour Sandrine Rousseau, un parti politique n'est pas "un espace où l'on peut sereinement instruire cette parole des femmes", d'autant plus "quand ça touche quelqu'un de haut placé ", en l'occurrence ici le "numéro un du parti", rappelle-t-elle en faisant référence à Julien Bayou. "Les partis politiques sont des lieux de loyauté ou des non loyautés", poursuit la députée. "Cette cellule avait été saisie depuis trois mois et rien ne s'était passé".
Cellule interne d’EELV ➡️ "On n’est pas dans un espace où, quand il s’agit du n°1 d’un parti, on peut sereinement instruire cette parole”, estime la députée EELV de Paris. “On n’en a jamais parlé au sein de la direction.”
— franceinfo (@franceinfo) October 12, 2022
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La députée EELV de Paris estime qu'EELV "aurait dû s'interroger pour savoir quelles sont les bonnes conditions pour traiter une situation comme celle-là". Selon Sandrine Rousseau, le parti écologiste ne s'était "jamais posé la question de savoir comment respecter la parole de cette femme" dans la mesure où "c'était le numéro un". "C'est un problème de direction, davantage d'ailleurs que de cellule, de savoir pourquoi ce thème n'a pas été abordé alors qu'il y avait un sujet politique", a-t-elle tranché.
Adrien Quatennens "ne peut pas représenter les femmes"
Sur l'affaire Quatennens, Sandrine Rousseau plaide pour une refonte du "règlement de l'Assemblée nationale". Selon elle, le LFI qui a reconnu avoir giflé sa femme, et qui fait l'objet d'une plainte déposée par cette dernière, doit "se retirer" de son poste au Palais Bourbon "le temps de l'enquête et de l'instruction". Or, celui qui s'est mis en retrait de son poste de coordinateur de La France insoumise est toujours député, bien qu'il ne soit pas présent sur les bancs de l'Assemblée "parce qu'il a un arrêt maladie", a précisé Sandrine Rousseau.
Affaire Quatennens ➡️ "Ce que j’aimerais, c’est qu’on travaille sur le règlement de l’Assemblée pour permettre qu’il puisse se retirer et que ce soit son ou suppléante qui prenne sa place le temps de l'enquête. Une gifle est un délit, on ne peut pas minimiser ces gestes." pic.twitter.com/BzZLwEMYej
— franceinfo (@franceinfo) October 12, 2022
Si la députée écologiste concède que l'ancien numéro deux de LFI "ne peut pas représenter les femmes" dans l'hémicycle, elle tient à souligner qu' il est "quand même un des rares" hommes politiques "à avoir reconnu les faits".
"On est dans une nouvelle ère", pense Sandrine Rousseau "et il faut adapter le règlement pour que les femmes soient respectées et qu'il n'y ait pas de jeux politiques". En effet, en cas de démission du député LFI du Nord, des élections partielles devraient avoir lieu. C'est "un risque" pour les Insoumis, a reconnu la députée EELV, "je comprends que LFI ne veuillent pas le prendre"
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