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Etudiants étrangers : la contestation ne semble pas faiblir à l’annonce d’une nouvelle circulaire

Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a annoncé vendredi 23 décembre une nouvelle circulaire sur le travail des étudiants étrangers. Mais cette annonce ne semble pas contenter la contestation qui en demande le retrait pur et simple.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant à Bourg-en-Bresse (Ain) (PHILIPPE MERLE / AFP)

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé vendredi 23 décembre une nouvelle circulaire sur le travail des étudiants étrangers. Mais cette annonce ne semble pas contenter la contestation qui en demande le retrait pur et simple.

Au terme d'une rencontre avec le président de la République, Nicolas Sarkozy, et face à l'opposition soulevée par la circulaire du 31 mai, Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, a annoncé vendredi 23 décembre qu'il allait finalement revoir sa copie.

Mais l'annonce d'une nouvelle circulaire, qui devrait donc "compléter" la première début 2012, ne semble pas satisfaire le courant d'opposition suscité par la mesure.

Le président du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), Stéphane Maugendre, a dénoncé dans une interview accordée samedi au Nouvel Observateur une mauvaise utilisation des "termes" employés par le ministre.

"Le fait d'accompagner d'une interdiction du territoire une condamnation pénale existe déjà et n'a rien de nouveau, explique l'avocat spécialisé en droit des étrangers en Seine-Saint-Denis. Une interdiction de séjour correspond quant à elle à l'interdiction faite à une personne, qu'elle que soit sa nationalité, d'apparaître dans tel ou tel lieu : ville, département, région."

Pour Stéphane Maugendre, cette interdiction de territoire "fait référence" à la double peine, ce que conteste pourtant le ministre.

"Il n'est pas possible en France de condamner quelqu'un en fonction de son activité syndicale ou de sa religion, mais en fonction de sa nationalité, c'est possible, souligne le responsable associatif. Ce qui en fait une disposition discriminatoire et contraire aux principes d'égalité de tous devant la loi pénale."

La Droite populaire espère une proposition de loi

Cette disposition, la Droite populaire elle espère la voir se concrétiser en une proposition de loi relative à la lutte contre la délinquance étrangère, même si celle-ci a peu de chance d'être votée d'ici la fin de la législature, rapporte Le Figaro.

Le député du Rhône Philippe Meunier a ainsi estimé vendredi qu'il s'agissait de mesures "de bon sens" et "attendues par nos compatriotes". "Quand une personne invitée chez quelqu'un met les pieds sur la table, pille le frigo et vole le portable du fils cadet, elle n'est pas réinvitée", illustre le député.

"Quand une personne étrangère ne respecte pas les lois de la France, elle doit partir", ajoute-t-il.

Le ministre des Transports, Thierry Mariani, s'est dit également "très satisfait" des mesures envisagées.

"Elles vont dans le sens des amendements proposés par la Droite populaire", explique le cofondateur de la Droite populaire, en référence à l'interdiction de séjour sur le territoire français des criminels étrangers condamnés par une cour d'assises française.

Une pétition pour le retrait de la circulaire

Cette circulaire a pourtant soulevé des oppositions au sein même de la majorité. C'est le cas de Franck Riester (UMP), qui a jugé, vendredi à l'annonce de la nouvelle circulaire, que "la première mérit(ait) d'être améliorée" pour prendre en compte certaines réalités.

Charles Givadinovitch, secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté, a demandé à Claude Guéant de supprimer cette circulaire qui "va à l'encontre de toute logique économique puisque nos entreprises ont réellement besoin de ces salariés qualifiés qui apportent leur double culture, véritable richesse".

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, indiquait lui jeudi qu'il avait "un problème" avec cette circulaire. Samedi dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, avait lui estimé qu'"on s'est plantés".

Une pétition a même été lancée par une centaine de personnalités, dont le philosophe Edgar Morin et le prix Nobel de physique Albert Fert. Elle demandait "le retrait" de la circulaire du 31 mai et recueillait vendredi soir près de 20 000 signatures.

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