Portrait d'un jeune frontiste "à l'instinct patriotique"
Son engagement au FN remonte à 2006. Il se souvient parfaitement de la date et du motif. C'était le 1er mai, lors du discours de Jean-Marie Le Pen. "Je me suis senti appelé", raconte Alexandre Barras, 22 ans aujourd'hui. Son rêve: devenir député.
"J'ai toujours eu la fibre patriotique et le Front National "c'est le seul parti qui parle de l'amour de la France, de la sécurité et de l'immigration", explique-t-il.
Encarté depuis plus de cinq ans, Alexandre Barras a passé un cap en mars dernier, en présentant sa candidature aux cantonales à Givors, près de Lyon. Résultats : 33,59% au second tour dans une circonscription qui "vote communiste depuis des années" (contre 66,41% pour Martial Passi, candidat sortant du Front de gauche, ndlr).
Ni déçu, ni résigné, ce jeune militant qui travaille dans la distribution confie: "Je me verrai bien être député en 2017".
En attendant, il habite "encore chez sa mère" et paye 200 euros par mois une formation en comptabilité par correspondance.
De son père, il a peu de souvenir. Celui-ci est décédé quand le jeune homme avait cinq ans, mais un fil invisible les relie. "Il y a quelques années, ma mère m'a dit que mon père avait milité au Front National. C'est ce que j'appelle l'instinct patriotique",
Un engagement discret mais assumé
Difficile d'être un jeune et adhérent du FN ? "ça dépend" concède-t-il. "Si on me pose la question, j'assume. Je dis ce que pense. Mais je ne le crie pas sur tous les toits".
Est-il raciste ? "Je me définirai plutôt comme patriote", répond ce Rhodanien. "Tant que les gens sont corrects, je n'ai pas de soucis". "J'ai un ami black qui est au courant de mon engagement et ça ne lui pose aucun problème".
Parfois, c'est plus difficile "ça dépend des quartiers". A un "autre ami arabe", le jeune frontiste reconnaît qu'il n'a rien dit. "A mon avis, il ne le comprendrait pas. Il n'a pas d'analyse politique. Il écoute juste ce qui se dit à la télévision".
La droite populaire: "des escrocs"
Sur l'UMP (Union pour la majorité), le constat est cinglant: "Sarkozy avait promis l'immigration maîtrisée" mais "aujourd'hui, il y a 200.000 entrées légales par an contre 120.000 sous Lionel Jospin".
La droite populaire peut-être ? C'est pire. "J'appelle ça des escrocs. Ils participent avec l'UMP au Traité de Lisbonne qui nous prive de notre souveraineté nationale et de frontières protectrices tout en prétendant être fermes sur la question de l'immigration. Dans les discours, ils sont durs, dans les faits, ils restent alliés à l'UMP".
La campagne sera dure
Selon le jeune homme, les prochains mois seront difficiles.
"D'un côté, on a une dynamique, de l'autre les médias vont être très critiques" sans oublier les adversaires politiques qui vont aussi "essayer de nous décrédibiliser, de nous faire passer pour des gens pas sérieux".
Même s'il reconnaît qu'avec la nouvelle présidente du FN, Marine Le Pen, la situation s'est un peu améliorée, il n'en démord pas: "Il y a toujours une connivence entre la politique, les médias et la finance". Et d'ajouter: "Souvenez-vous en 2007, Nicolas Sarkozy était sur tous les médias, tout le temps".
Point positif: "Marine a complété le programme, lui a donné une autre dimension" en développant les arguments économiques. Or "les gens, ce qui les intéresse, c'est comment boucler leur fin de mois". Son discours (clôturant les universités des jeunes du FN, vendredi 9 septembre, ndlr) "était bien, surtout axé sur le bilan de Nicolas Sarkozy et ses promesses non tenues".
Une autre proposition de la présidente du FN a retenu toute son attention: "la présomption de légitime défense" pour les forces de l'ordre afin qu'ils aient les moyens de faire respecter la loi.
Difficile en 2012 mais jouable en 2017
Croit-il qu'un jour, un candidat frontiste accèdera à Elysée?
"Soyons réalistes. En 2012, il y a peu de chance", admet-il "mais en 2017, compte tenu que la situation va empirer et que Marine Le Pen va gagner en crédibilité...".
Pour le rendez-vous de 2012 justement, Alexandre voit le FN à 25% au premier tour et à 35%, au moins, au second. Un score que n'a jamais atteint le leader historique du FN.
Oui mais voilà, Jean-Marie Le Pen, "il avait un franc-parler", "on aimait bien quand il disait des phrases rentre-dedans" même si, "électoralement, ce n'était pas trop judicieux".
L'ombre du fondateur historique plane toujours sur le Front National.
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