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1987, Lendl au sommet de son art

Dans notre série "joueurs de légende" à Roland-Garros, aujourd'hui : Ivan Lendl (1987). Numéro 1 mondial, le Tchèque sait que son principal rival est le numéro 2 mondial, Mats Wilander.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

 

Lorsque l'édition 1987 de Roland-Garros débute, deux joueurs font figures de favoris incontestables pour la quinzaine : Ivan Lendl, tête de série n°1, et Mats Wilander (n°2) ne semblent pas avoir de rivaux sur une surface aussi lente que la terre battue. Victorieux chacun à deux reprises du French (1982 et 1985 pour le Suédois, 1984 et 1986 pour le Tchécoslovaque), ils arrivent à Paris bardés titres et en pleine possession de leurs moyens. Personne ne paraît en mesure de les battre, encore moins d'enchaîner deux succès de rang contre ces successeurs de Borg.

Un parcours tranquille

Du reste, les deux champions ne rencontrent guère de difficultés pour se forger un parcours tranquille jusqu'à la finale, à quelques errements près. Lendl devra recourir à un cinquième set pour se débarrasser en huitièmes de finale du coriace Joakim Nyström, redoutable lifteur scandinave. Ivan le Terrible ne tremblera pas pour terminer en trombe 2-6 6-1 5-7 6-0 6-2 un match bien mal engagé. En quart, il élimine son « meilleur ennemi », l'Equatorien Andres Gomez 5-7 6-4 6-1 6-1 puis sort en demi-finale son compatriote Miloslav Mecir en trois manches 6-3 6-3 7-6. Dans le même temps, Wilander déborde Tarik Benhabiles 5-7 6-1 6-3 6-3 puis défait facilement Yannick Noah en quart 6-4 6-3 6-2 avant d'exécuter le malheureux Boris Becker, qui n'a pas pris souvent de semblables claques dans sa carrière, 6-4 6-1 6-2. Le rendez-vous annoncé a donc bien lieu : le choc des deux monstres sacrés de la terre battue va régaler le public français. Un choc qui débute par un bras de fer splendide entre ces deux attaquants de fond de court, Lendl davantage en puissance que l'organisé Wilander.

Une finale alléchante

La finale tient toutes ses promesses. Puissant au service et en coup droit, long et régulier en revers, et pas manchot à la volée, Ivan Lendl met d'entrée la pression sur Mats Wilander. Dominé en fond de court, le Suédois parvient tant bien que mal à compenser grâce à une longueur de balle exceptionnelle, sa marque de fabrique. Il n'en fallait pas moins pour résister au « rouleau-compresseur » tchèque, conquérant et sûr de lui. Après un premier set enlevé au forceps (7-5), Ivan le Terrible promène son rival lors d'une deuxième manche magistrale (6-2). Le public est médusé. Son « chouchou » a rarement été si mal en points à Roland. Il semble impuissant face au cador de la terre battue qui dispute là sa quatrième finale consécutive Porte d'Auteuil, la cinquième depuis 1981.

Lendl maître des lieux

Mais alors que beaucoup croient l'affaire pliée, le Scandinave réagit dans le troisième acte. Attaquant, prenant des risques en retour et montant au filet à chaque ouverture, Wilander sème un moment le doute dans l'esprit cartésien de son méticuleux adversaire. Il s'empare de la troisième manche (6-3) et accentue encore la pression lors d'un quatrième set splendide où les deux protagonistes récitent leur meilleure partition. L'explication finale prend la forme d'un jeu décisif, au grand bonheur des spectateurs bronzés d'un Central en haleine devant la magnificence du spectacle proposé. Désireux d'éviter un cinquième set indécis, Lendl serre je jeu et remporte (7-3) le tie-break en réalisant un quasi sans-faute face au Suédois subjugué devant tant de précision et de nerfs contrôlés. Le score (7-5 6-2 3-6 7-6) rappelle à tout le monde qu'il est bien le maître des lieux. Malgré sa froide détermination et ses dons de stratège des courts, Wilander a dû s'incliner devant plus fort que lui. Il ne lui aura pas manqué grand-chose. Juste ce qui sépare un numéro 2 mondial d'un numéro 1.

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