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20 marins au pied de l'Everest des Mers

Il ne reste qu'une journée de répit aux 20 concurrents, ou devrait-on dire aventuriers de cette septième édition du Vendée Globe qui s'élance ce samedi (à précisément 13h02) des Sables d'Olonne. Difficile de s'imaginer, mais ces marins vont pourtant bien prendre la mer pour trois mois, seuls au monde dans leur monocoque, et avaler 24 840 milles théoriques, soit 46 000 kilomètres en route directe.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Arnaud Boissières à bord d'"Akena" (JEAN-MARIE LIOT / DPPI)

LE DEPART DU VENDEE GLOBE EN DIRECT

Après avoir dit au revoir à leurs proches, les 20 participants de "l'Everest des Mers" vont hisser les voiles et mettre le cap vers le sud. Ce qui les attend n'est pas forcément une partie de rigolade et la seule énumération des "Quarantièmes Rugissants", ou des "Cinquantièmes Hurlants" a de quoi faire frémir même les marins les plus expérimentés. Pour effectuer ce tour du monde à bord d'un monocoque de 18 mètres de long, et franchir les trois mythiques caps que sont Bonne espérance, Leeuwni et Horn, ils devront inévitablement se frayer un chemin entre les icebergs, quelques baleines, des tempêtes, et évidemment y parvenir sans la moindre assistance...

Seul un ancien vainqueur sera présent au départ samedi, Vincent Riou. Mais il ne sera pas le seul marin ayant eu le bonheur de se hisser sur le podium de la plus difficile course du monde (probablement tous sports confondus), à l'instar de Jean Le Cam, Marc Guillemot, Mike Golding et Armel Le Cléac'h. D'autres skippers tout aussi expérimentés aimeraient bien s'illustrer enfin, à l'image de Jean-Pierre Dick, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Alex Thomson, Jérémie Beyou. Mais des plus jeunes comme Samatha Davies -la seule femme de la flotte-, ou François Gabart qui bénéficie d'un navire de dernière génération, pourraient créer la surprise. Avant de penser à atteindre le premier cap (celui de Bonne Espérance), les 20 concurrents devront déjà éviter les nombreux pièges qui se dresseront en travers de leur long chemin, à commencer par la sortie du Golfe de Gascogne avec une mer souvent très formée en raison de la rencontre entre l'air chaud de l'anticyclone des Açores et l'air froid descendant du Groenland...

Thomson: "40 à 60 % de la flotte ne finira pas"

Le palmarès des précédentes éditions:
1989-1990 :Titouan Lamazou (Ecureuil d'Aquitaine II) 109 j 8 h 47 min 55 s
1992-1993 :Alain Gautier (Bagages Superior) en 110 j 17 h 20 min 8 s
1996-1997 : Christophe Auguin (Geodis) en 105 j 20 h 31 min
2000-2001 : Michel Desjoyeaux (PRB) en 93 j 3 h 57 min 32 s
2004-2005 : Vincent Riou (PRB) en 87 j 10 h 47 min 55 s
2008-2009 :Michel Desjoyeaux (Foncia) en 84 j 3 h 9 min 8 s (le record)

Même s'ils caressent tous plus ou moins secrètement l'espoir de triompher, et succéder au palmarès à Michel Desjoyeaux, il leur faudra avant tout éviter la casse. Alex Thomson, qui a consacré dix ans de sa vie au Vendée Globe, résume assez bien la situation. "Certains skippers ont dit qu’ils espéraient que la fiabilité serait supérieure à la précédente édition. La réalité est que nous savons qu’entre 40 et 60 % de la flotte ne finira pas. Mais vous savez, c’est comme ça. C’est une course par élimination. C’est le défi sportif le plus dur au monde. Et si cette course était facile, elle ne serait pas aussi géniale…"

Depuis la première édition en 1989-1990, et le succès de Titouan Lamazou, chaque édition a connu son lot important d'abandons, voire de drames avec les disparitions de Nigel Burgess en 1992, ou de Gerry Roufs en 1996. Lors de la dernière édition, 30 navires avaient pris le départ, mais seuls 11 avait franchi la ligne d'arrivée. Et depuis sa création, le nombre d'abandons reste relativement élevé (7 sur 20 en 2004-2005, 9 sur 24 en 2000-2001, 10 sur 16 en 1996-1997, 8 sur 15 en 1992-1993, et 6 sur 13 en 1989-1990). Malgré tout, les skippers vivent cette expérience comme le summum de leur carrière, "l'aboutissement d'une carrière de marin", comme l'explique Dominique Wavre qui s'attend à un début de course corsé.

Un départ en douceur

Selon les prévisions météorologiques, les 20 marins devraient aborder le Golfe de Gascogne dans des conditions clémentes. Mais le répit sera vraisemblablement de courte durée. "Nous savons désormais que nous ne serons pas immédiatement cueillis par un coup de tabac dans le Golfe de Gascogne, mais le vent va néanmoins rapidement se renforcer", indique ainsi Wavre. Et dès les premiers milles, les stratégies de course vont se révéler au grand jour pour le plus grand plaisir des voileux. Le grand départ sera donné au large des Sables d'Olonne à précisément 13h02, pour un retour aux alentours de début février...

Les 20 skippers:
- Louis Burton ((Bureau Vallée)
- Jérémie Beyou (Maître Coq)
- Samantha Davies (Savéol)
- Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur)
- Arnaud Boissières (Akena vérandas)
- Bertrand de Broc (Autour du monde avec EDM Projets)
- Kito de Pavant (Groupe Bel)
- Alessandro Di Benedetto (Team Plastique)
- Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3)
- François Gabart (Macif)
- Mike Golding (Gamesa)
- Marc Guillemot (Safran)
- Jean Le Cam (SynerCiel)
- Armel Le Cléac'h (Banque Populaire)
- Vincent Riou (PRB)
- Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)
- Javier Sansó (Acciona 100% Eco Powered)
- Alex Thomson (Hugo Boss)
- Dominique Wavre (Mirabaud)
- Zbiegniew Gutkowski (Energa)

Voir quelques vidéos extraites des archives de l'INA
- Départ de la toute première édition
- Les vainqueurs, année par année
- Les accidents

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