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2001, Kuerten a du cœur

Dans notre série "joueurs de légende" à Roland-Garros, aujourd'hui : Gustavo Kuerten (2001)... Le joueur brésilien a illuminé une quinzaine parisienne de sa joie de vivre, de jouer, de gagner.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

« Gu-ga, Gu-ga ! ». Le Court Philippe Chatrier n'en finit pas d'ovationner son chouchou. Après un retournement de situation in extremis, Gustavo Kuerten vient de se hisser en quarts de finale de Roland Garros, son tournoi.

Pour y parvenir, il a dû puiser au fond de son être les ressources morales pour ne pas flancher et revenir de deux sets à rien. Surtout, il a carrément sauvé une balle de match au cours d'un troisième set splendide où le Brésilien, dominé par Michael Russel, jeune Américain quasi inconnu, refusa de lâcher mentalement alors que son tennis était branché sur courant alternatif.

La tête et le coeur

Incapable d'enchaîner les points gagnants, empilant les fautes directes, Guga avait déjà concédé les deux premières manches (6-3 6-4) lorsque qu'il se vit contraint de sauver cette balle de match. Que lui est-il passé par la tête à ce moment là ? Toujours est-il que, dos au mur, le Sud-Américain joua son va tout en grand champion qu'il est. Double vainqueur Porte d'Auteuil (1997 et 2000), Kuerten se voit très bien en successeur des Borg, Lendl et Wilander, derniers joueurs à avoir réussi la passe de trois à Paris.

Il ne s'imagine pas un seul instant revenir au pays sans sa couronne. Encore moins perdre contre le « nouveau Pernfors », si brillant soit-il. Revenu dans le match à la faveur de ce point crucial, Kuerten enlève alors le jeu décisif de la troisième manche avant de s'envoler vers un succès mémorable (3-6 4-6 7-6(3) 6-3 6-1. Inoubliable même, quand Guga, revenu du Diable vauvert, décide de dessiner à l'aide de sa raquette un cœur sur le Court Central. Le geste va droit au cœur de ses nombreux partisans qui scandent son nom, eux qui n'ont cessé de l'encourager tout au long de cette intense partie.

Le surfeur terrien

Porté par cette réussite, persuadé qu'il ne peut pas perdre ici, l'enfant de Florianopolis régale encore ses aficionados lors des tours suivants. Il domine Yevgeny Kafelnikov ( 6-1 3-6 7-6 6-4) en quarts de finale puis « El Mosquito » Juan-Carlos Ferrero en demi-finale (6-4 6-4 6-3) en produisant un tennis de rêve.

Alternant lifts agressifs, accélérations foufroyantes et montées ravageuses, Guga exécute Alex Corretja (7-5 6-2 6-0) lors d'une finale à sens unique, hormis dans sa partie initiale. Un Corretja, victorieux de Sébastien Grosjean en demi (lui-même vainqueur d'Agassi en quart), qui ne pouvait rien contre le surfeur terrien dégingandé et souriant.

Le meilleur avait gagné, pas de contestation possible. Et pourtant, sans un mental au top compensant ses lacunes d'un jour, Kuerten n'aurait pas tripler à Roland. C'eût été dommage pour l'un des garçons les plus doués de sa génération.

 

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