2008-2015 : Le "long chemin" d’Ana Ivanovic
7 juin 2008. Sur le court central de Roland-Garros, Ana Ivanovic reçoit des mains de Justin Henin, jeune retraitée, le trophée Suzanne-Lenglen. Elle vient d’expédier en finale Dinara Safina, en deux manches bien négociées (6-3, 6-4). Elle a 20 ans, le talent et le sourire de celle qui, deux jours plus tard, deviendra numéro un mondiale devant Maria Sharapova. La Serbe, elle en est certaine, a un destin à la Serena Williams. Elle semble programmée pour gagner, prête à régner sur le tennis féminin pour les années à venir. Il n’en sera rien.
La suite de son parcours sera marquée par l’irrégularité, les déceptions et les blessures. Quasiment un an jour pour jour après son triomphe à Paris, c’est en pleurs qu’elle quitte le Tournoi d’Eastbourne, avant de sortir de l’US Open dès le premier tour. Elle ne retrouvera les quarts de finale d’un Grand Chelem qu’en 2012 à Flushing Meadows. Et le Top 10 du classement WTA en août 2014, cinq ans après l’avoir quitté. Ses performances depuis le début de la quinzaine, à Roland-Garros, symbolisent l’aboutissement de cette longue remontée. "J’ai travaillé très dur pour cela, expliquait la 7e joueuse mondiale après sa victoire expéditive en quarts face à Elina Svitolina (6-3, 6-2). La dernière fois, c’était en 2008. Le chemin a été long (…) Il a fallu que je bagarre, il s’agissait de s’accrocher".
Pour "trouver l’énergie au fond de soi", garder la foi de réintégrer le gotha du tennis mondial même après avoir enchaîné les désillusions, Ivanovic s’est évertuée à "faire confiance à (son) travail (…) et à l’équipe". En premier lieu, à son coach, Mats Merkel, qui s’est aussi occupé par le passé de Jo-Wilfried Tsonga et Andy Murray. "Il me connaît depuis longtemps, il savait quel était mon jeu, mes désirs, ce que j’aime et ce que j’apprécie moins. La coopération a été facile, même si des ajustements ont été nécessaires".
"Il y a sept ans, c'était complètement différent"
Désormais consultante pour francetvsport, Justine Henin est enthousiasmée ce retour au premier plan de la Serbe, dont elle dit surtout admirer ses qualités athlétiques et sa polyvalence. "Ses performances sont d’autant plus épatantes qu’elles surviennent maintenant, à 27 ans, si longtemps après ses premiers exploits, analyse la quadruple vainqueur à Roland-Garros. Cette quinzaine, elle profite aussi de l’effet de surprise". Car même son début d’année 2015 n’a pas été à la hauteur des attentes, et l’intéressée admet sans mal qu’elle n’a "pas effectué une belle entame de saison".
Ce jeudi, face à Lucie Safarova, 13e joueuse mondiale, la finale semble tout à fait envisageable pour celle qui occupe à nouveau le Top 10 du classement WTA. Quelle que soit l’issue de la demi-finale, Ana Ivanovic aura de toute façon réussi son Roland-Garros. Et estime qu’en en cas de triomphe, dimanche, les sensations seront beaucoup plus fortes qu’en 2008. "C’était complètement différent il y a sept ans, assure la Serbe. J’étais beaucoup plus jeune : je n’avais pas d’expérience, j’étais passionnée, pleine d'enthousiasme, j'avais le sentiment que je pouvais tout réussir. J’avais remporté de belles victoires. Mais je ne savourais pas les moments autant qu’aujourd’hui".
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