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2014, l'année noire du sport collectif espagnol

La démission de Carlos Moya, le capitaine de l'équipe de Coupe Davis espagnol, est le dernier signe en date d'un processus qui a débuté avec le Mondial de football au Brésil. L'année 2014 aura été une sombre année pour le sport collectif de l'autre côté des Pyrénées. Entre la vieillesse de certains cadres en football, les absences des autres au tennis et les insuffisances des basketteurs, les raisons ne manquent pas. Pour autant, l'avenir n'est pas aussi sombre qu'il n'y paraît.
Article rédigé par franceinfo
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Andres Iniesta, Iker Casillas et Fernando Torres après la défaite contre le Chili au Mondial 2014

Le football, l'élément déclencheur

Cet été, la Roja arrivait au Brésil avec un titre à défendre et un rêve : conquérir une deuxième étoile et ainsi boucler une nouvelle fois la boucle en remportant deux Coupes du monde d'affilée après les deux championnats d'Europe (2008 et 2012). Six ans qu'elle écrasait tout sur son passage avec une ossature quasiment inchangée. Pour les hommes de Vicente Del Bosque, le rêve s'est (trop) rapidement transformé en cauchemar. Jamais, ils n'ont pu se remettre de la claque reçue face aux Pays-Bas (5-1) et le deuxième match face au Chili (défaite 2-0) à sonner comme un chant du cygne pour une génération. Celle couverte d'or des Xavi, Casillas, Alonso, Villa. Pourquoi une telle déroute? Les raisons sont multiples : la fatigue, l'usure du pouvoir, l'intégration manquée de la grande nouveauté Diego Costa, le manque de réussite - un peu. Tout ça a fait que l'Espagne a quitté le Mondial sur une victoire 3-0, inutile, contre l'Australie. 

La question de la révolution de palais s'est posée. Forcément après une telle débâcle. Mais plus qu'une révolution, c'est d'une évolution qu'il s'agit. Del Bosque est resté en place, mais Xavi, Xabi Alonso ont annoncé leur retraite, David Villa (le meilleur buteur de l'histoire de la Roja) aussi. Iker Casillas lui est toujours là, mais il n'a pas été convoqué par Del Bosque pour le match de reprise face à la France (défaite 1-0). La nouvelle génération prend peu à peu le pouvoir. Et elle ne manque pas de talent. Koke, Isco, De Gea, Alcacer, qui ont tous joué face aux Bleus, ont été champions d'Europe espoirs en 2013 - en Israël, la Rojita avait conservé le titre acquis en 2011. Ils sont, avec les Delofeu (FC Seville), Ander Herrera (Manchester United), Munir El Haddadi - la nouvelle perle du Barca -, Alberto Moreno (Liverpool), Daniel Carvajal, les représentants d'une autre génération dorée. Le football de club est au beau fixe puisque la dernière finale de Ligue des Champions était 100% ibérique (Real-Atletico) et que le Real (2014) et le Barca (2009 et 2011) ont gagné trois des six dernières éditions. En Ligue Europa, même constat puisque cinq éditions depuis 2006 ont été remportées par un club de Liga (FC Séville en 2006 et 2007, Atletico Madrid en 2010 et 2012 et FC Séville en 2014).

En basket, l'Espagne est tombée de très haut

L'intérieur espagnol Pau Gasol

Parallèlement au football, la sélection du basket a vécu également une période couronnée de succès ces dernières années. Championne du Monde 2006, double championne d’Europe 2009 et 2011 et double finaliste des Jeux olympiques (2008 et 2012, défaite face aux Etats-Unis à chaque fois), elle a collectionné les titres et les médailles. En accueillant les championnats du monde en septembre, l'Espagne pensait s'offrir un nouveau titre. La consécration à domicile pour la génération de Paul Gasol et Juan Carlos Navarro. Mais comme en Slovénie à l'Euro 2013, les Bleus de Vincent Collet ont mis fin en quart de finale aux rêves de tout un pays. En s'offrant leur plus belle victoire - sans leur leader incontesté Tony Parker qui plus est - les basketteurs français ont prolongé la sinistrose du sport collectif espagnol. Le basket-ball aurait pu atténuer la désillusion du football, il n'a fait que l'accentuer. Un échec qui a coûté sa place au sélectionneur Juan Antonio Orenga.

Le nouveau joueur des Bulls, Pau Gasol, a peut-être manqué sa sortie avec la Roja. L'intérieur ne savait effectivement pas de quoi serait fait son avenir. "Personne ne sait jamais quand sera le dernier match; je pourrais jouer jusque cinquante ans mais j’en doute. J’aime jouer pour mon pays mais rien n’est garanti. De très bons jeunes arrivent et la sélection continuera à être forte", assurait-il dans Marca. Mais comme sur la pelouse, l'Espagne n'est pas à enterrer sur le parquet. Elle possède un vivier de jeunes joueurs évoluant en NBA (Ricky Rubio, Marc Gasol) et d'autres trustant le haut du panier en Europe à l'instar de Rudy Fernandez et Sergio Llull au Real Madrid, finaliste des deux dernières éditions de l'Euroligue.

Les absences ont plombé le tennis

L'année prochaine, l'Espagne n'évoluera pas dans le Groupe Mondial. Une première depuis 18 ans synonyme de départ du capitaine Carlos Moya qui a choisi de démissionner après la défaite face au Brésil en barrages. Une chute pour une équipe qui a collectionné cinq Saladiers d'Argent depuis 2000 (2000, 2004, 2008, 2009, 2011) et participé à deux autres finales (2003 et 2012). Une chute qui s'explique par les absences des deux meilleurs joueurs espagnols, Rafael Nadal et David Ferrer. Les deux joueurs, respectivement numéro 2 et numéro 5 mondial, sont les locomotives de la sélection espagnole et ont été les seuls à se qualifier pour les quarts de finale d'un Grand Chelem cette année - Nadal a atteint ce stade à l'Open d'Australie et Roland-Garros, idem pour Ferrer. En 2013, Nadal avait participé aux barrages face à l'Ukraine pour sauver l'Espagne. Cette année, sa blessure, qui l'a contraint à renoncer à la tournée américaine et l'US Open, l'en a empêché.

Sans son meilleur joueur qui a ajouté un 9e Roland-Garros à sa collection - et un 14e Grand Chelem - cette année, l'Espagne n'avait pas les armes. On ne sait pas encore ce que fera Nadal l'an prochain, mais plus le temps avance, plus le corps du Majorquin semble fragile. Sa participation à la Coupe Davis pourrait être remise en question. Pourtant l'Espagne ne manque pas de moyens là non plus puisqu'elle est la nation la plus représentée dans le Top 50 à l'ATP avec 10 joueurs.

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