5 000 spectateurs, masque non-obligatoire et tests anti-Covid : l'expérience néerlandaise pour en finir avec le huis-clos
Et si les supporters remettaient les pieds dans les stades plus vite que prévu ? Cela faisait bien longtemps qu’ils n’avaient pas été aperçus collés et sans masque. Dans le cadre de l’initiative Back to Live soutenue par le gouvernement, 5 000 supporters néerlandais, soit un dixième de la capacité de la Johan Cruyff Arena ont été autorisées à assister au match des éliminatoires de la Coupe du monde Pays-Bas - Lettonie, samedi 27 mars. Un premier pas vers le retour progressif des fans dans les stades, en tout sécurité.
Pour cela, plusieurs conditions ont dû être respectées. Les heureux élus ont été testés le matin même sur plusieurs sites choisis par le gouvernement. Une fois arrivé à l’entrée du stade, chacun d’entre eux a dû présenter le résultat de son test via un QR Code.
Ils ont ensuite divisés en neuf groupes, avec des recommandations différentes : certains devaient garder leur masque quand d'autres ont eu l’autorisation de s’en passer afin de chanter, crier et applaudir pour soutenir de vive voix leur équipe. Durant le match, le comportement des supporters, le nombre de contacts entre eux, ainsi que l'évolution de la qualité de l'air dans le stade ont été surveillés.
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"Nous ne voulons pas jouer devant des tribunes vides mais jouer pour les fans. Espérons que c’est la première étape et que nous pourrons accueillir encore plus de monde pendant le Championnat d’Europe", s’est réjoui le coach néerlandais Frank de Boer avant la rencontre. La Johan Cruyff Arena doit également accueillir quatre rencontres cet été, à l’occasion de l'Euro 2021.
"Des expérimentations intéressantes"
Au même moment, à Barcelone, un concert de rock a réuni 5 000 personnes, à titre d'expérience également. Alors que les rassemblements sont limités à quatre personnes dans le pays, les spectateurs, testés au préalable, ont pu danser, chanter et faire la fête sans distance de sécurité.
Dans un entretien accordé à BFM TV le 19 mars dernier, le ministre de l’Éducation, de la jeunesse et des sports, Jean-Michel Blanquer, avait évoqué le cas de l’expérimentation néerlandaise. "Ce sont des expérimentations intéressantes. Nous regardons ça de près avec Roxana Maracineanu (ministre déléguée chargée des Sports). Nous avons évidemment un grand désir de retour au stade mais il faut que ça se passe dans de bonnes conditions, pourquoi pas avec ce genre de formule."
Le 26 février dernier, Roxana Maracineanu abordait déjà la possibilité de mener "d'ici trois ou quatre semaines" des expérimentations allant vers un retour des spectateurs dans les arènes sportives. Noël le Graët, le président de la Fédération Française de Football, espérait d'ailleurs accueillir des supporters à l'occasion du match France-Ukraine, le 24 mars dernier au Stade de France. Mais à ce jour, aucune initiative de la sorte n'a pour l'instant été menée en France dans les enceintes sportives. Idem pour les théâtres et les concerts.
"En France, ça ne fonctionnerait pas"
Pour Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble, "il n'y a pas de problème à laisser rentrer 5 000 personnes dans un stade à capacité de 55 000, à condition que celles-ci soient dispersées afin qu'elles ne se contaminent pas. Il faut aussi veiller à réguler les flux d'entrées et de sorties de stade."
En revanche, selon ce spécialiste, mettre en place ce type d'expérimentations en France poserait un problème d'image : "Si on était raisonnable les uns et les autres, il serait tout à fait imaginable de reproduire ces tests chez nous. Mais vu la situation sanitaire actuelle et les comportements irresponsables de certains, ça ne fonctionnerait pas. Il suffit de regarder le nombre de personnes qui ne portent pas le masque dans les rues à Marseille, ou encore la foule sur les quais de Seine. Allez dire à ce gens là qu'on peut aller au stade, mais pas agir comme ils le font... Ils ne comprendraient pas, même si les risques sont totalement différents."
L'avancée de la campagne de vaccination pourrait-elle changer la donne ? Pour l'infectiologue, elle pourrait réduire la circulation de l'épidémie, et avec la mise en place éventuelle d'un passeport vaccinal, favoriser le retour du public dans les stades. Comme aux Pays-Bas, le QR Code pourrait également être utile pour présenter le résultat d'un test négatif, selon Jean-Paul Stahl.
"Certains protestent car ils ne comprennent pas pourquoi on leur interdirait l'accès à ce type de lieux s'ils ne sont pas vaccinés. Mais on peut prendre le problème à l'envers aussi : pourquoi est-ce qu'on interdirait aux gens immunisés d'aller voir un match de foot ou un spectacle ?, s'interroge-t-il. Pour aller en Guyane, il est obligatoire de se faire vacciner contre la fièvre jaune. Il n'y a pas de raison que la Covid-19 ait un statut particulier."
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