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A quoi ressemblera la reprise du tennis le 11 mai ?

Placé parmi les sports qui pourront retrouver vie à partir du 11 mai, le monde du tennis se prépare à faire sa rentrée au sein des clubs. S’il sera possible de frapper la balle jaune dès cette date, de nombreuses mesures sanitaires vont être mises en place pour protéger les joueurs et prévenir des risques de nouvelles contaminations.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
  (FRANK MOLTER / DPA)

Pourra-t-on jouer en double ? Devra-t-on porter un masque sur le court ? Y aura-t-il des cours collectifs ? Depuis l’annonce de la reprise du tennis dans les clubs par la Ministre des sports Roxana Maracineanu, beaucoup de questions fleurissent sur la mise en application de ce retour sur les courts. Vendredi, la fédération internationale du tennis (ITF) a annoncé son guide de mesures sanitaires permettant "seulement d’atténuer le risque d’infection au Covid-19", ajoutant que ces mesures ne peuvent se soustraire aux mesures nationales. De son côté, la Fédération Français de Tennis (FFT) a annoncé présenter ce lundi un guide des bonnes pratiques à mettre en place pour la reprise. Selon les informations recueillies par Francetv sport, voici comment devrait se dérouler la reprise du tennis à partir du 11 mai.

Pour les clubs

• Club-houses et vestiaires interdits au public
• Réservation en ligne uniquement
• Pas de pratique du double autorisée
• Uniquement les terrains en extérieur

Afin de limiter au maximum les interactions entre les personnes dans l’enceinte des clubs de tennis, la FFT a décidé d’interdire l’accès aux club-houses et aux vestiaires, synonyme de passage fréquent, d’interdire le double pour respecter la distance minimale de deux mètres entre chaque joueur. 

Sur le court

• Les joueurs doivent arriver en tenue et avec leur propre gel hydroalcoolique
• Les joueurs doivent entrer individuellement sur le court dans les cinq minutes avant le début de la réservation, et repartir cinq minutes avant la fin
• Les joueurs doivent nettoyer le banc ou la chaise avec une lotion et du papier fournis par le club
• Deux mètres de distance entre chaque joueur et chaque banc
• Pas de poignée de main
• Changement de côté à chaque côté opposé du filet
• Utilisation uniquement de ses propres balles, marquées et différenciées

C’est sur les courts que la FFT insiste le plus afin de prévenir tout risque de contamination entre les acteurs. Interrogé sur ces mesures, Bruno Pons, directeur du Tennis Club de Craponne (Rhône), estime qu’elles sont toutes réalisables. "Ces mesures me paraissent jouable. Arriver cinq minutes avant, c’est jouable avec une porte par court, en mettant des bandes au sol avant les escaliers qui mènent au court." 

Pour lui, une mesure semble plus compliquée que les autres à mettre en place, celle du nettoyage des bancs. "Il faut qu’on laisse des produits et du papier sur les courts. N’ayant pas de permanent au court, ça risque d’être emporté très vite. C’est sûr qu’il faut nettoyer les installations, mais je ne vois pas comment on va pouvoir le vérifier. Par précaution, il faudrait qu’ils le fassent en arrivant et en partant.", explique ce directeur d’un club qui dispose de quatre terrains en extérieur. Une crainte à ce sujet partagée par Marc Auradou, entraîneur dans trois clubs des Yvelines et à titre privé. "Mettre des lotions sur les bancs c’est capital, il faut que les clubs fassent très attention à avoir le matériel nécessaire. On transpire, il peut vite y avoir de la sueur sur le banc qui peut être en contact avec les mains des joueurs"

Surtout, Bruno Pons craint un manque de rigueur. "Il faudra sensibiliser les gens. 90 % des adhérents disent que ça va être contraignant mais que ce sont des bonnes mesures. J’en ai un seul qui m’a répondu : ‘Il y a dix fois moins de risques que dans un supermarché. Chacun joue avec ses propres balles... Nous ne sommes pas des gamins.’ Les gens n’ont pas un comportement responsable, c’est la grosse inquiétude. On va organiser une vente de balles avec des feutres pour que les gens fassent leurs marques. Nous avons également acheté du gel." 

La question des balles personnelles et différenciées implique également une grande vigilance de la part des joueurs. "Pour les balles, c’est de la responsabilité individuelle. Avec les enfants, cela risque d’être plus délicat.", estime Bruno Pons. Marc Auradou compte lui également sur la précaution des adhérents. "Pour les balles, si on respecte les mesures du gel quand on arrive et qu’on s’en remet régulièrement, ça minimiserait déjà pas mal les risques de contamination."

Des cours sous surveillance

• Uniquement des cours individuels
• Pas d’accompagnateur dans l’enceinte du club
• Seul l’enseignant peut ramasser les balles

Les cours collectifs logiquement interdits, les cours individuels seront donc les seuls dispensés à partir du 11 mai. La présence d’enfants, naturellement moins propices à surveiller les gestes barrières, va obliger les entraîneurs à redoubler d’attention. "Il faudra être encore plus vigilants. Il faudra les guider, on a une part de responsabilité importante car les parents sont interdits d’être à proximité du court. C’est à nous d’être professionnels, vigilants. Ce sera intégré à notre travail dans les semaines et mois à venir. Il faut l’intégrer dès la reprise, il ne faut surtout pas qu’il y ait de laxisme.", prévient Marc Auradou.

L’entraîneur se questionne également sur la question des balles différenciées. "Le fait de différencier les balles, c’est facile quand on en sort un nombre peu important, lorsque les échanges sont prolongés. Mais quand c’est un cours particulier avec un gros panier de balles, ça peut être rapidement oublié, notamment avec des enfants. Ça me parait compliqué à être parfaitement respecté de ne pas oublier de ne pas prendre les balles à la main.", continue-t-il.

Des zones d’ombre encore à éclaircir

Le panel de mesures sanitaires présenté par la FFT semble donc très complet et personnalisé pour que la pratique du tennis puisse reprendre sans crainte de contamination. Mais plusieurs questions restent en suspens, comme celle des masques. "Certains proposaient de garder les masques dans un premier temps. Garder un masque pour jouer au tennis, à part si on joue sans bouger, c’est très compliqué. Mieux vaut être prévenant et redoubler de vigilance.", souffle Marc Auradou. Bruno Pons a lui dans tous les cas prévu un stock en cas de besoin. "Que les gens rentrent dans l’enceinte avec un masque et le quittent sur le court, ça me parait normal. Ça serait même plus responsabilisant."

Le risque zéro n’existant pas, certains contacts resteront inévitables. C’est le cas du contact entre le tamis, les balles et la main du joueur. "Effectivement le fait de remettre ses cordes est assez fréquent, ça peut poser problème. On n’est pas à l’abri du contact par le feutre qui reste coincé entre deux cordes, mais il ne faut pas non plus vivre dans la paranoïa. Je pense qu’avoir une utilisation fréquente du gel minimise les risques.", tempère Marc Auradou.

Enfin, dernier point d’ordre général : tous les clubs de tennis ne pourront rouvrir dès le 11 mai. Ceux qui font partie d’un complexe sportif sont tributaires d’un arrêté municipal à la discrétion de la mairie. "Certains clubs font partie d’un complexe sportif. Même si la fédération donne le feu vert pour la reprise, certaines mairies peuvent décider de ne pas rouvrir le club en question. La plupart vont suivre les directives de la fédération, mais certains clubs risquent de ne pas rouvrir de suite, certains maires voulant être encore plus prévenants." Par ailleurs, la différenciation prévue entre départements "verts" et "rouges" influera-t-elle sur ces consignes sanitaires ?

Mais entraîneurs comme les joueurs se réjouissent quoiqu’il arrive de pouvoir humer à nouveau l’air d’un court en extérieur. "J’ai déjà trois réservations pour le 11 mai !", se félicite Bruno Pons. "Ça va revenir, je ne suis pas inquiet, au contraire". Même son de cloche chez Marc Auradou. "Tout le monde est d’accord pour respecter les mesures et tous les gens que j’ai eu sont impatients. Certains veulent même jouer tous les jours !"

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