Alizé Cornet, victoire au courage pour un premier 8e de finale à Roland-Garros
C'était un combat de boxe. Et Alizé Cornet ne combattait pas dans la même catégorie que son adversaire. Mirjana Lucic-Baroni, c'est une femme de 33 ans, 1.81m, des lunettes de soleil sous sa visière, une confiance au sommet après sa victoire sur Simona Halep (N.3), et une tactique permanente: frapper sur tout ce qui bouge. Une sorte de Lucky Luke du tennis féminin... Peu importe la position, peu importe la balle, elle cognait. Au service ses secondes balles dépassaient largement les 145km/h, ce que peinait à faire la Française avec ses premières balles. A la fin du premier set, la Française s'était tournée vers son clan, son index pointé sur sa tête dans un geste circulaire signifiant: "C'est fou". Saoulée de coups, la 29e mondiale l'a été plus d'une fois. Frustrée, le sentiment l'a régulièrement envahie. Condamnée à défendre presque en permanence, et à se contenter régulièrement d'attendre la faute, ou le point... Entre la "baston" imposée par sa rivale et le vent, elle a parfois été désemparée.
Vidéo: Alizé Cornet se motive
A 33 ans, la 70e mondiale rêvait de se retrouver, pour la troisième fois de sa carrière, au 3e tour à Paris. Huitième de finaliste au dernier US Open (en battant au passage Halep), elle avait enfin retrouvé le fil d'une carrière qui l'avait menée jusqu'aux demi-finales à Wimbledon en... 1999, face à Steffi Graf.
A deux points d'égaliser à 5-5 au 1er set
Breakée d'entrée, double-breakée ensuite, la tête de série N.29 s'est rapidement trouvée menée (4-0). Et puis, la machine à uppercuts a eu des ratés. Revenue à 5-2, Alizé Cornet s'emparait de l'engagement adverse et recollait même à (5-4). A ce moment-là, le public du Central y croyait d'autant plus que la Française se trouvait à (0-30) sur le service de la Croate, à la suite d'un smash piteusement envoyé en bas du filet alors que Cornet avait visité tout le terrain. Cela lui arrachait un petit sourire, qui était de courte durée. Car Lucic-Baroni reprenait sa phase d'assauts, bien campée à moins d'un mètre de sa ligne de fond de court. Et sur un dernier retour dans le couloir, elle décrochait cette première manche (6-4) après 40 minutes de jeu, le poing serré tourné vers son clan dans les tribunes.
En début de deuxième set, la N.1 tricolore s'emparait du service adverse pour mener (3-1). Mais elle perdait aussitôt cet atout (3-2). La même opération se déroulait sur les deux jeux suivants dans un échange de breaks (4-3). Cornet rééditait le schéma à son avantage (5-3), mais cette fois conservait son service pour égaliser à un set partout (6-3). L'espoir renaissait sur le court, mais aussi dans les tribunes du court Philippe-Chatrier.
Vidéo: Un point énorme au début du 3e set
La bagarre montait en intensité dans le début de la dernière manche, avec un premier break réalisé de haute lutte par la Française (2-1), aussitôt contre-carré par la perte de son propre engagement sur un missile de revers le long de la ligne (2-2). A 4-3, après avoir sauvé des balles de break, la Niçoise faisait vibrer le Central en égalisant à (4-4), sur un revers dans le filet de sa rivale. Et au jeu suivant, c'est elle qui s'est procurée deux balles de break, et sur la première, son adversaire a propulsé un coup droit largement hors des limites. Le break était fait (5-4), mais il fallait encore conserver cet avantage en résistant aux tirs de barrage de Lucic-Baroni. A 30A, elle commettait une terrible double faute, et la Croate s'engouffrait dans la brèche pour revenir à (5-5).
Tout était à refaire. Alizé Cornet continuait à courir sur toutes les balles, à tenter de saisir chaque petite opportunité. Lors de ce onzième jeu, elle sauvait deux balles de (6-5) sur deux fautes, avant de se procurer une nouvelle balle de break, effacée. En recherche d'air, la Française ne voulait rien lâcher. Les nerfs semblaient abandonner sa rivale qui, après une double-faute offrant une nouvelle occasion, envoyait un coup droit à mi-court dans le filet. De nouveau, la tête de série N.29 pouvait conclure cet affrontement sur son engagement. Encore fautive, Mirjana Lucic-Baroni offrait le match à Alizzé Cornet, partie à la renverse sur cette terre battue qui ne lui souriait guère jusque-là. "Je n’en pouvais plus de prendre des sacoches dans tous les sens contre cette fille imprévisible", disait-elle en conférence de presse. "Je n'ai pas joué mon meilleur tennis mais j'y suis allée au courage. Je n'étais pas prête à avoir cette qualité de frappe en face, je n'étais pas en jambes. J'étais assez tendue avant le match parce que, malgré le fait que j’ai essayé de ne pas écouter ce que l'on disait, j'ai entendu ces derniers jours que le tableau était ouvert. Cela m'a crispée."
Vidéo: Le dernier jeu du match
Pour la première fois de sa carrière, elle sera en 8e de finale à Roland-Garros. Elle était parvenue à ce stade d'un tournoi du Grand Chelem à Wimbledon, l'an dernier, et à l'Open d'Australie en 2009. Il ne lui manque désormais plus que l'US Open pour faire la passe de quatre. Mais elle essayera surtout, au prochain, tour, d'accéder enfin à un quart de finale. Avec son courage et le soutien du public qu'elle parvient "pour la première fois" à utiliser, comme elle l'avouait sur le terrain, Alizé Cornet peut y croire. "Il m'a permis de passer les moments difficiles sur le court. Mirjana jouait des coups très profonds et difficiles. Dans les moments durs, le fait d'avoir le public derrière moi m'a donné l'énergie pour continuer d'avancer. J'en avais besoin aujourd'hui parce que j'ai dépassé mes limites."
Vidéo: La réaction d'Alizé Cornet
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