Allemagne-Angleterre, l'histoire en marche
Les uns parlent de Seconde Guerre Mondiale. Les autres de la finale du Mondial 1966 à Londres, et ce fameux but litigieux accordée à l'Angleterre. D'autres encore des séances de tirs au but fatals aux sujets de la Reine au Mondial-1990 ou à l'Euro-1996. Cet après-midi, le match Allemagne - Angleterre sera simplement un 8e de finale, permettant l'accès aux quarts de finale. C'est en tout cas ce que certains veulent rappeler, comme Philipp Lahm, le capitaine de la Mannschaft: "Nous sommes en 2010, ce qui s'est passé avant ne doit plus jouer un rôle. C'est juste un match de football". Mais pour les supporteurs, c'est bien plus que cela.
En 31 matches officiels, les deux nations ont eu le temps de trouver matière à détestation. La première raison, sans nul doute la plus importante, nait le 30 juillet 1966. La finale de la Coupe du monde oppose les deux équipes à Londres. Geoff Hurst propulse sa tête sur la barre transversale, le ballon rebondit et repart en jeu, mais l'arbitre valide le but (3-2). Et malgré toutes les nouvelles technologies, personne depuis n'a pu certifier que le ballon avait bien franchi la ligne entièrement. Devant sa reine, l'Angleterre s'impose (4-2) en prolongation pour soulever pour la seule fois de son histoire la Coupe Jules-Rimet. Le seul succès anglais en quatre affrontements en Coupe du monde jusque-là.
La suite, c'est la revanche allemande en quarts de finale du Mondial 1970 au Mexique (3-2 en prolongation). Puis un nul (0-0) en phase de groupes du Mondial espagnol en 1982. Puis, c'est une séance de pénaltys fatale à Pearce et Waddle pour une qualification allemande en finale (1-1, 4 tirs au but à 3) en route vers un nouveau titre mondial au terme d'une compétition qui restera comme l'une des plus ternes de l'histoire en 1990. Hors de la Coupe du monde, c'est aussi des faits qui ont marqué l'opinion publique. Comme en 1938, en match amical à Berlin, où la sélection de Stanley Matthews s'impose (6-3) mais fait le salut hitlérien durant les hymnes, seize mois avant la guerre. C'est aussi la revanche allemande en terre anglaise, en 1996, dans le cadre de l'Euro, pour une nouvelle séance de pénaltys ratée par Southgate (1-1, 6 tirs au but à 5) qui propulse l'Allemagne en finale.
Gentleman absolu sur le terrain (pas un seul carton dans sa carrière débutée en 1978 et terminée en 1994 avec 80 sélections en prime), comme en dehors, l'Anglais Gary Lineker rendra l'hommage le plus célèbre à l'Allemagne: "Le football se joue à onze contre onze, et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne". Effectivement, avec trois Coupes du monde (1954, 1974, 1990) et trois Championnats d'Europe (1972, 1980, 1996), les Allemands sont des monstres à côté de cette Angleterre et sa "seule" Coupe du monde.
Au présent, ce 8e de finale affole les compteurs puisque, selon le bookmaker William Hill, les Britanniques ont mis en jeu 30 millions de livres (soit 36 millions d'euros) rien que sur ce match. Et la vague patriotique a bien joué son rôle, l'Angleterre étant placée victorieuse avant prolongation à 17/10, l'Allemagne à 9/5. Et si les Anglais passent, ce record pourrait être encore battu au tour suivant avec un probable affrontement contre l'Argentine. Pour un deuxième duel chargé d'histoire en tous genres.
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