Allemagne - France : Les Bleus au pied de leur Everest
Des quatre coins de France, elle arrive. Une petite voix qui trottait dans la tête début juin. Presque un mois après, c’est une clameur qui va porter les Bleus pour sa demi-finale de l’Euro. Depuis le tirage au sort de la phase finale, les retrouvailles avec l’Allemagne étaient dans les clous. Cette Mannschaft qui a causé tant de misères et donné tant de larmes aux Bleus toutes générations confondues ou presque. 34 ans après Séville (3-3, 5 t.a.b à 4), le temps a pensé les plaies de la bande à Michel Platini. Pour ce qui est du Mondial 2014 et la défaite 1-0 en quarts, le traumatisme est bien plus léger. De toute façon, à Marseille, on ne changera pas le passé mais on peut enfin écrire une histoire avec une fin heureuse. « On a une nouvelle page à écrire, reconnaît Didier Deschamps qui n’a pas eu à en découdre avec l’Allemagne lorsqu’il portait la tunique bleue. Elle est blanche aujourd'hui, les joueurs peuvent la remplir demain. » Les pieds bien ancrés dans sa surface, Hugo Lloris est aussi cartésien que son coach. Ce match peut entrer dans la légende et il ne faut pas s’interdire de rêver mais l’important c’est de répondre présent. « La seule réalité, c’est le terrain », explique le portier des Bleus. « C'est difficile de faire du football-fiction. Jusqu'à présent, on réalise un très bon tournoi, on a évité les pièges. Ce genre de match contre une grande nation du football doit nous permettre d'écrire l'histoire, comme les autres générations auparavant. On joue les champions du monde en titre. Mais le groupe est serein par rapport à tout ça. On ne pense pas à savoir qui est favori, on a envie de bien faire. »
Les Bleus ne feront pas que défendre
Le plan de Didier Deschamps est clair. Pas question de partir à l’abordage mais pas question de se contenter de défendre non plus. « L'Allemagne a toujours l'habitude de maîtriser son sujet, d'avoir une possession supérieure à l'adversaire mais on ne peut pas jouer ce match en pensant uniquement à défendre pour les surprendre, lâche le sélectionneur des Bleus. On a une chance et on va la jouer à fond. » Avec quel système ? Celui qui a permis de renverser l’Irlande (2-1) et de balayer l’Islande (5-2) ? « Le choix est dans ma tête et personne n’y entrera, avait lancé Deschamps comme un défi à la presse. Les certitudes sont vite balayées dans le foot. J’ai des convictions et je vais jusqu’au bout. On a cette force offensive avec des joueurs et des profils différents. » Deschamps n'a finalement pas trop hésité et remis l’équipe séduisante des quarts de finale avec Griezmann en soutien de Giroud et Payet qui rentre de la gauche sur son pied droit. Ce schéma apporte également des garanties défensives au milieu avec le précieux Moussa Sissoko en piston à droite. Si incertitude il pouvait y avoir, c’était sur le retour de l’expérimenté Rami ou la prolongation de Samuel Umtiti en défense centrale. "DD" a opté pour la continuité ...des quarts en laissant le néo-barcelonais.
La Mannschaft n'a peur de personne
L’autre paramètre important de cette demi-finale, c’est le vrai niveau de cette Allemagne étoilée. Le titre mondial en poche, la formation de Joachim Löw s’est beaucoup reposée sur ses lauriers pendant deux ans. Depuis le début de cet Euro, elle a retrouvé efficacité et solidité. Un but encaissé (sur penalty) en cinq matches, la Mannschaft est la meilleure défense de l’Euro. « On parle de son animation offensive mais elle sait très bien défendre, explique Deschamps. Contre l'Italie, dès la perte du ballon, ils ont pu les harceler pour avoir une possession et une maîtrise du jeu importante. » Sûre de sa force malgré des absents de marque jeudi (Gomez, Khedira, Hummels), l’Allemagne n’envisage pas la défaite, surtout après avoir vaincu l’Italie pour la première fois. En tête du classement des buts marqués, la France n’inquiète pas Thomas Müller et ses coéquipiers. « La peur ne fait pas partie des sentiments qu'on éprouve dans cette équipe, a répondu l’attaquant du Bayern Munich qui n’a pas encore fait trembler les filets dans cet Euro. On a vu les images, on a vu qu'ils ont beaucoup de bonnes individualités. Ils ont très bien joué pour marquer les buts, mais l'équipe islandaise n'a pas fait très bonne figure défensivement. Ce qui sera important pour nous c'est de bien défendre collectivement pour ne pas les laisser se retrouver dans ces situations où ils peuvent montrer leur classe individuelle. »
Une étincelle pour allumer le volcan marseillais
Mardi, Moussa Sissoko évaluait les chances de chacun à 50/50 pour une place en finale. Dans un Vélodrome que les Bleus espèrent en fusion, la différence se fera peut-être dans ce supplément d’âme qui accompagne cette équipe depuis le match d’ouverture contre la Roumanie (2-1). Ce petit plus qui a porté Payet et Griezmann quand la France en avait besoin. Cette flamme que les anciens avaient su apprivoiser en 1984 et 1998 à ce même stade de la compétition face aux Portugais (3-2 a.p.) et aux Croates (2-1). S’il faut repousser les limites, les soldats bleus sont prêts. « On est proche de la fin de la compétition, les organismes sont fatigués. La tête prendra le dessus, prédit Lloris. Il va falloir se surpasser pour réaliser l'exploit. Je sens l'équipe prête pour ça. Je ne sais pas si c'est le fait de jouer en France, mais il y a cette étincelle qui nous guide depuis le début. » Il ne reste plus qu’à mettre le feu.
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