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Annecy, l'heure des comptes

Après le dernier échec en date d'Annecy dans la bataille pour obtenir les Jeux Olympiques, une cinquantaine de dirigeants sportifs se réunissent aujourd'hui pour faire le bilan. Avec 7 petites voix au compteur, après les échecs successifs de Lille et Paris (deux fois), le mouvement olympique français doit trouver les réponses à ces refus du monde olympique. Pour envisager une candidature saine en 2024 ?
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

"Si la réunion de mardi est faite pour annoncer une échéance et une ville, c'est que l'on n'a rien compris. On repartira sans se poser de question avec une candidature bringuebalante." L'avertissement est à prendre au sérieux puisqu'il émane d'un ancien champion olympique, ancien ministre des Sports, Jean-François Lamour. Interrogé par l'AFP, celui qui était aux affaires ministérielles au moment de l'échec de Paris-2012 affirme un constat sans concession: "La France perd du terrain. Pas sur le plan des fédérations internationales mais du CIO. Avec les FI, on n'a pas de problèmes: La France a organisé ou va organiser de grands événements, l'Euro-2016, la Ryder Cup, les Mondiaux de judo cet été. Mais on a un vrai problème avec l'olympisme. On l'a depuis des années et on ne le résoudra pas sans l'analyser. Pour Annecy, on est reparti "comme en 14" et on voit le résultat. Repartir sans savoir comment régler les problèmes de lobbying, de réseau, de message, c'est aller à l'échec."

"On va apprendre de cette défaite. On n'a sans doute pas suffisamment appris des précédentes défaites. On va apprendre de celle-ci. On va clairement débriefer", lançait Chantal Jouanno, l'actuelle ministre des Sports, après l'énoncé des scores. Annoncée comme vitale, l'analyse de la claque d'Annecy-2018 devrait être faite durant cette journée. "Quand on obtient 7 voix, il faut éviter l'obstination", complète Jean-François Lamour. "Les nombreuses candidatures, dont la dernière, sont le symbole de notre décrochage. Ce sont des investissements lourds, de l'argent privé mais aussi public. Le chiffre 7 de Durban doit nous faire réaliser qu'il y a un problème profond. 7, vous vous rendez compte! Ca doit durablement marquer les esprits."

Mais comme tout sportif, l'envie est forte de vouloir remonter aussitôt après avoir chuté. Mais après s'être vu forcer la main pour cette candidature 2018, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ne tient pas à se relancer dès 2022, pour des Jeux d'hiver qui seraient pourtant idéalement placés pour une nation européenne. En revanche, 2024 rassemble les suffrages. "On doit y aller en 2024", n'a cessé de répéter Guy Drut, l'un des deux membres français du CIO depuis la défaite de mercredi dernier. Un avis que partage en partie Jean-François Lamour: "Si on y va en 2024, il faut définir les territoires. Choisir Paris sans réflexion, c'est s'enfermer, prouver à nouveau un manque d'ouverture. On peut décider d'une ouverture vers le Maghreb, avec Marseille, ou de se placer au centre de l'Europe avec Lyon... Pour 2024, il ne faut pas nous bassiner avec le centenaire de Colombes (les JO de 1924 à Paris). Ca ne marque plus les esprits ce genre de symboles du passé!" Les Jeux à Paris 100 ans après ceux de 1924, cela aurait du style, mais il n'est pas certain que ce seul argument fasse pencher la balance. Or, Denis Masseglia, président du CNOSF, estime qu'il faut "environ six ans" pour monter une bonne candidature.

Reste la possibilité de ne rien tenter avant un bon moment. 120 millions d'euros, voilà ce qui a été dépensé pour les différentes campagnes olympiques infructueuses. La dernière en date a coûté 20 millions d'euros, soit cinq fois plus que la première campagne perdue. Dans un contexte économique difficile sur le plan national, l'argument peut avoir un poids important.

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