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"Armstrong va continuer à se battre"

Contacté par FTVi, le journaliste Pierre Ballester revient en trois questions sur l'affaire Armstrong, qui pourrait encore réserver des surprises.

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Si Lance Armstrong abandonne, "c'est toute sa fondation contre le cancer qui se casse la gueule", selon le journaliste Pierre Ballester. (TIZIANA FABI / AFP)

SPORTS - Pierre Ballester est journaliste et a beaucoup enquêté sur le dopage dans le cyclisme. En 2004, il co-écrit L.A. Confidentiel - Les secrets de Lance Armstrong (éd. Points), puis L.A. Official en 2006. 

Contacté par FTVi, il explique pourquoi Lance Armstrong va continuer à nier les accusations dont il est l'objet.

FTVi : Pourquoi l'Agence américaine a-t-elle mis autant de temps à sévir ?

Pierre Ballester : Ce n’est pas aussi long qu’on le pense. C'est à partir du moment où la justice sportive s'empare du dossier qu'elle peut réceptionner les faits et au besoin, sanctionner.

L'agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a donc ouvert une enquête [en mai 2010] et a pu récupérer tous les témoignages, ajoutés à ceux qu’on avait déjà nous-mêmes [lui et David Walsh, co-auteur de l'ouvrage], pour établir des contacts et des témoignages sous serment.

Pourquoi Lance Armstrong a-t-il abandonné cette bataille judiciaire ?

C’est le surpuissant cabinet d’avocats de Lance Armstrong qui a abandonné, pas Lance lui-même. Pour résumer Armstrong et le dopage, on en est à la quinzième étape, on vient de franchir les Alpes, mais on n’est pas encore arrivé sur les Champs-Elysées.

Il y a un mois, l'Agence américaine antidopage (Usada) l’accuse de dopage et lui dit qu’il a un mois pour faire appel dans le cadre normal. Dans les cabinets d’avocat, on négocie. Avant le terme du mois, il dit qu’il renonce. Mais quand on lit entre les lignes, on voit qu’il n’a pas lâché. Il se déclare toujours victime d’une chasse aux sorcières, et ajoute qu’il va se battre sur tous les plans.

Il ne peut pas arriver à cette conclusion, si facile pour nous et si difficile pour lui, car s’il abandonne, c’est toute sa Fondation contre le cancer qui "se casse la gueule". Les bailleurs risquent en effet de retirer leurs billes si l’image de Lance Armstrong est remise en cause. Pour lui, c’est impossible.

Peut-on gagner le tour de France sans être dopé ?

Non. Le passé nous le prouve. Dans une enquête que j’ai menée sur les coureurs de 1967 à 2007 [Tempête sur le tour, éd. du Rocher], j’ai pris l’ensemble des coureurs qui ont participé au Tour de France. Puis j’ai relevé tous ceux qui avaient enfreint les règlements au moins une fois dans leur carrière. Cela concerne 35% d’entre eux. Quand on monte dans le classement, c’est pire. 60% des coureurs qui ont fini dans les dix premiers, 75% de ceux qui sont montés sur le podium et … 92% des vainqueurs.

Il est plus facile de savoir qui n’a pas triché parmi les vainqueurs. Et parmi eux, il y a Greg Lemond, vainqueur en 1986, 1989 et 1990. Il a d’ailleurs été l’un de ceux qui ont critiqué le plus farouchement Lance Armstrong. Ce dernier lui en a beaucoup voulu et a d’ailleurs tenté de le ruiner.

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