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Athlétisme : Le Conseil d'État maintient la suspension provisoire de Clémence Calvin pour quatre ans

Soupçonnée d'avoir évité un contrôle antidopage inopiné en mars dernier au Maroc, Clémence Calvin avait été officiellement suspendue quatre ans le 11 décembre dernier par la commission des sanctions de l'AFLD. L'athlète avait annoncé qu'elle ferait appel devant le Conseil d'État. Ce dernier a rendu sa décision ce vendredi sur la forme de la prise de décision de l'AFLD et ne donne pour le moment pas raison à Clémence Calvin. Il reste donc le recours sur le fond de l'athlète, qui reste cependant suspendue provisoirement pour quatre ans en attendant la décision définitive.
Article rédigé par Denis Ménétrier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

"Le Conseil d'État juge que les faits à l'origine des deux décisions sont établis et que les suspensions, prises au terme de procédures régulières, sont justifiées." Dans un communiqué de presse publié ce vendredi, le Conseil d'État a rendu sa décision sur la forme concernant les suspensions provisoires de Clémence Calvin, marathonienne de 29 ans, et de Hendre Stassen, joueur professionnel de rugby. Tous deux avaient établi un recours auprès du Conseil d'État après la décision de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui les condamnaient à une suspension provisoire.

Si cette première bataille est perdue par Clémence Calvin, il lui reste encore une chance de voir la décision de l'AFLD être annulée par le Conseil d'État. En effet, le jugement rendu ce vendredi et évoqué dans le communiqué de presse, concerne la forme des sanctions de l'AFLD, que contestaient les deux sportifs de haut niveau. Calvin et Stassen reprochaient ainsi à l'agence le caractère immuable de la décision prise. Une affirmation que ne partage pas le Conseil d'État : "La mesure de suspension ne revêt pas, contrairement à ce qui était affirmé, un caractère immuable. En effet, le président de l'AFLD est tenu de lever la suspension dans l'hypothèse où celle-ci se prolonge au-delà d'un délai raisonnable sans que la commission des sanctions ne se soit prononcée ou s'il apparaît, notamment au regard d'éléments nouveaux apportés par le sportif, que la mesure conservatoire n'est plus justifiée."

Suspendue à titre provisoire en décembre

Des éléments nouveaux que Clémence Calvin n'a pas apporté pour le moment. Accusée de s'être soustraite à un contrôle antidopage en mars dernier au Maroc, la marathonienne de 29 ans avait été condamnée le 11 décembre dernier à quatre ans de suspension par la commission des sanctions de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Dans la foulée de cette décision, Calvin, qui a toujours nié avoir fui ce contrôle antidopage, s'était exprimée : "Je fais appel devant le Conseil d'État, j'ai confiance en une vraie justice indépendante."

La vice-championne d'Europe 2018 du marathon avait été auditionnée en novembre par les membres de l'AFLD. L'entretien avait duré plus de onze heures, pendant lequel, selon nos informations, le reportage de Stade 2 portant sur Clémence Calvin aurait été visionné et aurait corroboré la thèse d'une fuite de l'athlète. Toujours selon nos informations, l'AFLD, qui devait déterminer ce qu'il s'est réellement passé au Maroc en mars dernier au moment du contrôle, aurait produit le témoignage du logeur de Clémence Calvin à Marrakech. Un témoignage qui avait surpris le clan Calvin, qui avait subi la sanction maximale de quatre ans. Samir Dahmani, mari et entraîneur de l'athlète, avait également été condamné à quatre ans de suspension, après avoir été accusé d'obstruction en s'interposant entre sa femme et les contrôleurs.

Deux thèses totalement opposées

L'AFLD et l'athlète ont opposé deux versions diamétralement opposées dans cette histoire, et devraient les présenter au Conseil d'État pour le jugement en recours qui concernera la forme. Selon l'agence antidopage, Calvin a été notifiée dans la rue par les contrôleurs, à qui elle a demandé de les accompagner à pied dans une salle de sport où se trouvait son mari pour lui remettre son enfant. Mais une fois sur place, elle a pris la fuite, Dahmani s'interposant physiquement pour l'aider à s'échapper. La Française a ensuite toujours réfuté les accusations. Elle a assuré que trois personnes l'avaient abordée dans la rue, sans évoquer un contrôle antidopage, et que l'un d'eux, qu'elle a désigné comme le directeur des contrôles de l'AFLD Damien Ressiot, s'était présenté comme un policier exigeant qu'elle les mène à son mari. Elle avait dénoncé son comportement violent, assurant qu'il avait fait tomber son enfant de deux ans en lui prenant le bras sans ménagement. Cette thèse n'a pas semblé avoir convaincu les membres de la commission.

L'athlète, figure de proue du fond français, avait, en parallèle de l'annonce de sa décision de faire appel, dénoncé la "mascarade" qu'a représenté, selon elle, sa comparution devant les membres de l'AFLD, considérant qu'elle n'était "ni objective ni impartiale". L'appel de Clémence Calvin devant le Conseil d'État prendra encore plusieurs mois pour être examiné sur le fond. D'ici là, l'athlète restera suspendue, et ratera les Jeux Olympiques de Tokyo l'été prochain.

Enquête - Sur la piste de Clémence Calvin

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