Euro d'athlétisme : en or puis disqualifiée du 3000 m steeple, Alice Finot récupère finalement son titre continental
L'ascenseur émotionnel. Titrée, disqualifiée, titrée. La Française Alice Finot est passée par toutes les émotions, dimanche 9 juin. L'athlète de 33 ans a décroché l'or au 3 000 mètres steeple des championnats d'Europe de Rome, au terme d'une course parfaitement maîtrisée.
En établissant la meilleure performance européenne de la saison (9’16"22), elle a devancé assez nettement l'Allemande Gesa Krause (9'18"06), récemment revenue de maternité, et la Britannique Elizabeth Bird (9'18"39). Il s'agit de la deuxième médaille d'or remportée par la France, après le sacre de Cyréna Samba-Mayela, samedi, sur le 100 mètres haies.
Mais avant de pouvoir définitivement célébrer la plus belle médaille de sa carrière, Alice Finot a dû patienter plus d'une heure. Après avoir hurlé sa joie, la steepleuse a appris qu'elle était disqualifiée pour avoir posé son pied sur la ligne intérieure du premier couloir. Le règlement l'interdit pour éviter aux coureurs de raccourcir la distance de l'épreuve.
"Il y a la règle et l'esprit de la lettre. Elle n'en tire aucun avantage", a commenté Stéphane Diagana, consultant athlétisme pour France Télévisions, soulignant que la France avait, à l'inverse, mené une requête pour le même motif en 2016 aux Jeux de Rio à l'encontre d'Ezekiel Kemboi, ce qui avait permis à Mahiedine Mekhissi de décrocher le bronze au 3 000 mètres steeple. "On est dans la même configuration."
Pour défendre son athlète, la Fédération française d'athlétisme a alors à son tour déposé une requête pour protester. L'affaire a duré de longues minutes puisqu'une autre nation s'était aussi manifestée. Alors que la finale s'était courue à 22h04, Alice Finot a appris à minuit trente qu'elle était officiellement championne d'Europe.
"J'ai voulu être chassée et jouer"
Outre ce pied tout juste fautif au franchissement d'une rivière, Alice Finot a couru en patronne cette finale, après avoir remporté sa série vendredi. Elle s'est cachée les premiers tours autour de la cinquième place et a laissé mener l'Allemande Lea Meyer (9e) et la Roumaine Stella Rutto (4e). Progressivement, elle est remontée aux avant-postes, en position de chasseuse, avant de prendre la tête à la cloche.
"J’ai pris mon pied sur cette course. J’aurais pu attendre plus longtemps, me cacher pour faire la différence car je sais que j’ai cette carte à jouer. J’avais envie d’être chassée et voir jusqu’où ça allait m’emmener. J’ai joué, et ce n’est pas mon habitude. Je n’ai jamais eu cette opportunité. C’est un scénario que j’avais besoin de vivre avant les JO", a analysé la Française à l’issue de sa course, sur le plateau de France Télévisions, avant de savoir qu'elle risquait une disqualification.
Une progression constante
A 33 ans, Alice Finot s’adjuge sa deuxième médaille européenne, après l’argent surprise sur 3 000 mètres aux championnats d’Europe en salle, à Torun (Pologne) en 2021, alors même qu’elle travaillait encore 25 heures par semaine comme ingénieure automobile. Depuis qu’elle se consacre à 100% à l’athlétisme, peu avant les JO de Tokyo qu’elle a manqués sur blessure, celle qui a pour devise "sin limites" (sans limites) ne cesse de progresser.
Après une 10e place aux Mondiaux de Eugene en 2022 – et une chute spectaculaire en soleil dans la rivière –, la Tricolore avait impressionné l'année suivante à Budapest, terminant 4e aux championnats du monde, avec un dernier tour ultra rapide. A Paris cet été, Alice Finot peut légitimement nourrir des ambitions dans une discipline dominée par les Africaines. Mais "pour pouvoir jouer avec les meilleures mondiales et pas seulement les meilleures européennes", la steepleuse le sait, il faudra "élever son niveau" et faire baisser le chrono.
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