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Vicaut peut s'affranchir de Lemaître

Vendredi débutent les championnats d'Europe d'athlétisme en salle à Göteborg. La première grosse compétition de l'année pour les athlètes et l'occasion d'une première médaille dans un grand championnat pour Jimmy Vicaut. En l'absence de Christophe Lemaître, le natif de Bondy sera la tête de lice du sprint français en Suède. Concours de circonstances ou nouvelle tendance?
Article rédigé par franceinfo
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Les absents ont toujours tort paraît-il. En ne se présentant pas à Göteborg pour les championnats d'Europe en salle, Christophe Lemaître pourrait en avoir la confirmation en assistant depuis son fief de Savoie au premier sacre européen de Jimmy Vicaut, son partenaire de relais en équipe de France, et celui qui depuis deux ans vient lui les chatouiller les pointes. L'élève de Guy Ontanon grappille, grignote. Des centièmes par ci, des centièmes par là pour finalement se rapprocher et dépasser le leader du sprint tricolore jusqu'ici incontesté. A Aubière (Puy-de-Dôme), en salle sur 60 mètres, un terrain qui lui est beaucoup plus favorable, Jimmy Vicaut n'a fait qu'une bouchée d'un Christophe Lemaître diminué lors des championnats de France en salle. Vainqueur en 6"53, il a dominé Emmanuel Biron et le Savoyard (3e en 6"63), pourtant triple tenant du titre.

Ce bronze est l'épilogue d'un hiver compliqué pour l'élève de Pierre Carraz entre les blessures, une pneumonie début février qui l'a laissé en carence de vitamines. Déçu et diminué, il n'a pas pris part au 200 mètres du lendemain. Pourquoi toutefois s'aligner sur le 60m en étant conscient de ses limites du moment? "Il n'a pas évité la confrontation, il a fait honneur à son titre, c'est courageux", défend Stéphane Diagana. Cette défaite laisse-t-elle présager d'une passation de pouvoir entre les deux sprinteurs? "Il est trop tôt pour le dire, selon l'ancien athlète, Jimmy Vicaut, cela fait un moment qu'il est là. On oublie qu'il a un meilleur record sur 60m (6"53, ndlr) que Lemaître (6"55) et que l'année dernière il avait déjà un meilleur chrono sur 100m (10"02 contre 10"04, ndlr)".

Une affaire de morphologie

L'année dernière, Christophe Lemaître a affiché ses limites. Du moins sur 100 mètres, là où Jimmy Vicaut, de deux ans son cadet, affiche une progression linéaire. Sa trajectoire est en passe de croiser celle de Lemaître, sur la distance reine après avoir longtemps tourné autour. Sixième aux Mondiaux de Daegu en 2011, quand Lemaître terminait 4e, puis deuxième à Helsinki lors des championnats d'Europe, là où Lemaître conservait son titre, Vicaut n'a cessé de se rapprocher. Pour finalement virer en tête au cœur de l'hiver et de remporter son premier titre majeur sur la piste d'Aubière. Des résultats qui viennent confirmer une théorie répandue en athlétisme : celle de la taille.

Stéphane Diagana éclaire : "Jimmy est plus un coureur de 100 mètres que Christophe. Déjà par la taille, Jimmy est plus petit (1,86m contre 1,89m) et ça on ne pourra pas le corriger. Christophe ne deviendra jamais un sprinteur de poche. L'avantage que Jimmy tire au moment du départ, Christophe lui reprend en fin de course au moment où il peut allonger la foulée et ouvrir le braquet". Un constat qui faire dire au champion du monde du 400m haies (à Athènes en 1997) que "la marge de progression de Christophe est plus importante sur 200m" (il a terminé sixième de la finale des JO à Londres).

"Prendre les médailles"

Le chassé-croisé entre les deux est loin d'être définitif selon Diagana. Hier chasseur, aujourd'hui gibier, Jimmy Vicaut a pris l'ascendant ces derniers mois sur Lemaître. "C'est toujours mieux d'être devant, moi je préfère, sourit l'ancien hurdler, mais c'est parfait pour Christophe cette concurrence, même s'il a l'habitude de se jauger sur une concurrence à l'internationale. Dans la salle de Göteborg, sans son adversaire et compatriote, Jimmy Vicaut a un boulevard. Ou plutôt 60 mètres devant lui pour décrocher sa première médaille dans un championnat majeur.

"C'est un objectif tout à fait réalisable, il est parmi les 2 favoris (avec l'Italien Michaël Tumi)", assure-t-il. Une défaite serait sûrement une déception pour lui, "car il en a envie". "Mais c'est un 60 mètres, ça se joue à très peu de choses, un appui, le départ… Il doit prendre les médailles car il n'en a pas encore (en individuel dans les grands championnats, ndlr)", prévient-il. Et Lemaître ou pas, ils sont très peu en ce moment qui pourront l'en empêcher…

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