Dibaba, une famille en or
Dibaba. Ce nom est une référence dans l’athlétisme. La famille a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire des courses de fond.
Ejegayehu Dibaba était en bronze aux Mondiaux-2005 sur 5000 et 10 000m. Tirunesh Dibaba était triple championne olympique (2008 sur 5 000 et 10 000m, 2012 sur 10 000m), double championne du monde du 5000m (2003, 2005) et triple championne du monde du 10 000m (2005, 2007, 2013). Elles sont les deux sœurs cadettes de la nouvelle venue au sommet. Et Derartu Tulu, dont elle est la nièce, était devenue double championne olympique (1992, 2000), la première championne olympique africaine de l’histoire, et championne du monde du 10 000m (2001). Et maintenant il y a Genzebe. Championne du monde juniors en 2010 sur 5000m, championne du monde en salle sur 1500m en 2012 et du 3000m en 2014, elle a frappé un grand coup lors du meeting Herculis de Monaco, le 17 juillet dernier.
Une progression continue
En remportant le 1500m en 3’50"07, elle a établi un nouveau record du monde sur la distance. Et ce n’est pas n’importe quel record qu’elle a battu, puisqu’il s’agit de celui de la Chinoise Qu Yunxia, établi le 11 septembre 1993. Vingt-deux ans de règne pour une des membres de l’armée de M Junren, technicien dont les décoctions à base de sang de tortues ont laissé pantois l'athlétisme, cela a forcément fait jaser au moment de la nouvelle marque. "Je suis très heureuse de ce record. Mais je ne pense pas aux autres et dans les conditions dans lesquelles elles ont travaillé. Moi je travaille dur et je cours pour ça", avait répondu calmement Genzebe Dibaba.
Il faut dire que son temps ne sort pas de nulle part. Neuf jours avant, elle avait couru, à Barcelone, en 3’54"11, soit le meilleur chrono depuis 1997. A Oslo et paris, elle avait déjà affolé le chrono sur 5000m. Quelques mois avant, en février, c’était le record du monde en salle sur 5000m (14’18"86). Il y a un an, en salle, celui du 1500m (3’55"17) et du 3000m (8’16"60) toujours en salle. Ces temps sont autant de signes d’une progression.
Une filiation très forte
Elle-même ne sort pas de nulle part. Il y a cette filiation familiale, qui rappelle que la génétique représente parfois de sacrés atouts. Il y a aussi cette ville de Bekoji, où elle est née et a grandi, celle qui a également « enfanté Kenenisa Bekele, l’un des plus grands fondeurs de l’histoire (3 titres olympiques, une médaille d’argent, cinq sacres de champion du monde sur piste et 11 en cross). Et il y a le travail. Beaucoup de travail. "Je m'entraîne avec des hommes, pas du tout avec des filles », explique-t-elle. "Je cours en particulier avec (le Djiboutien Ayanleh) Souleiman (coureur de 800 m). Du fait de s'entraîner avec quelqu'un de plus fort, on ne peut que s'améliorer. Ce serait difficile maintenant de m'entraîner avec des filles. D'ailleurs, il n'y en pas vraiment dans mon groupe. C'est sans doute ça qui m'a amenée à ce niveau. Je pense que je travaille dur pour y arriver et je pense aussi que je peux aller plus loin."
Aller plus loin, pour elle, ce sont les records, mais pas seulement. "Je rêve et je ne pense qu'à battre des records. A l'avenir, ceux des 5000 m et même le 800 m, j'aimerais les battre. Ce qui compte, ce sont donc les championnats du monde et les jeux Olympiques, c'est ma préférence: des titres plutôt que des records." A Pékin, elle voulait l'or. C'est déjà fait avec le 1500m. "Ma soeur (Tirunesh) a été championne olympique ici même en 2008, alors je suis heureuse de partager cette expérience familiale", avait-elle dit après sa première couronne mondiale. Mais elle en veut plus: "Je souhaite faire comme ma soeur (Tirunesh), si ce n'est la dépasser. Ce serait un plaisir pour ma famille et mon pays." Cinq titres mondiaux entre 2003 et 2013 et un doublé olympique (5000 et 10 000m) en 2008, égaler sa soeur est un sacré défi. L’histoire se poursuit pour la famille Dibaba.
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