Kevin Menaldo sans limite pour la finale de la perche
C'est une mitraillette. L'élocution est rapide, le verbe tranchant. Kevin Menaldo était tellement enthousiaste après avoir gagné sa place parmi les 16 finalistes du concours de la perche qu'il avait beaucoup de choses à dire. Et surtout, il avait une révélation: "Il y a trois semaine, j'ai pris une grosse gamelle à l'INSEP à l'entraînement. Je n'arrivais plus à piquer, plus à sauter, jusqu'à mercredi où j'ai fait une séance technique ici. J'ai dû faire une quarantaine de courses d'élan sans piquer avec une perche ou je devais valoir à tout casser 5.10m. J'étais en période de doute. J'avais peur. A un moment, je me suis demandé ce que je 'foutais' là."
Vidéo: La qualification de Menaldo en finale
Le plaisir de retour
Cette longue séance de souffrance, d'humiliation presque face aux autres concurrents, cela a représenté un déclic. "Quand j'ai vu le regard de mes concurrents, avec de la pitié pour moi, j'ai pété un plomb", raconte-t-il. "Je me suis dit: 'c'est pas possible'. J'ai fait un gros travail avec le staff médical sur le plan physique et mental. C'est en partie à eux que je dois ma place en finale." En franchissant la barre qualificative à 5.70m, le Bordelais de naissance a fait sauter les verrous. "J'ai le cerveau en ébullition. Plus rien ne compte. J'ai repris ce que je cherchais depuis le stade de France: reprendre du plaisir. J'ai vu à quel point c'était bon de sauter à la perche. J'ai eu l'impression de passer 5.70m assez facilement. J'avais de la marge, et la même perche avec laquelle j'avais sauté 5.81m au SDF. Cela veut dire que je suis très en forme. Il n'y a plus de limite. Avec trois semaines sans sauter, aller chercher une finale de championnat du monde à 5.70m, au deuxième essai, c'est une grosse victoire. Maintenant, la confiance est là, la tête est revenue."
Voir sur Twitter
Le podium dans un coin de la tête
Et cette soirée de samedi au Nid d'oiseau l'a replacé dans l'axe. Il y a trois semaines, il lâchait une perche et avait "un retour dans le ventre" et une chute pratiquement dans le butoir. Aujourd'hui, il évoque un scénario du passé: "Deux Français en finale, ça me rappelle quelque chose", dit-il en faisant référence à l'argent de Lavillenie et au bronze de Romain Mesnil aux championnats du monde de Berlin en 2011. Ensemble sur un podium, Lavillenie et Menaldo l'ont déjà fait, l'an dernier à Zurich lors de l'Euro. "L'objectif est dans un coin de ma tête", glisse-t-il avec gourmandise. "Si la finale ne se passe pas bien, ce sera très bien d'y être allé, si elle se passe bien, c'est que j'aurais fait le 'taf'. Les mecs vont commencer à se mettre beaucoup de pression alors que moi j'y vais pour m'amuser. Cela peut faire une différence."
Pour cette finale, Kevin Menaldo a les idées claires: "J'ai commencé les qualifs à 5.40m car j'avais besoin de confiance. Si les conditions sont identiques, je devrais commencer plus haut la finale. La montée de barre risque d'être agressive pour écrémer le plus possible. Il faudra être réactif et très propre. Comme le disait mon premier coach Thierry Vigneron, en finale, ce n'est pas forcément le meilleur qui gagnera, mais celui qui fera le moins d'erreurs. Il faudra passer ses barres au premier essai, et être vigilant, attentif."
Après avoir fini les qualifications avec "les ischios derrière les oreilles", Kevin Menaldo espère finir la finale avec une médaille autour du cou.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.