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La vague bleue face au 110m haies

Les séries du 110m haies, qui débutent ce mercredi (à partir de 5h20 en France), pourraient faire briller les représentants tricolores. En effet, jamais l'équipe de France n'a pu compter sur autant de talents en même temps. Pascal Martinot-Lagarde, Garfield Darien et Dimitri Bascou peuvent tous viser la finale. Voire mieux.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Garfield Darien et Pascal Martinot-Lagarde à la lutte (ADRIAN DENNIS / AFP)

La France a beau avoir eu un champion olympique (Guy Drut en 1976) également champpion d’Europe (1974) et recordman du monde et d’Europe, elle a beau avoir compté sur un champion du monde (Ladji Doucouré en 2005) et sur un autre champion d’Europe détenteur du record d’Europe (Stéphane Caristan en 1986), elle n’a jamais eu autant de talents au même moment.

Juste avant les meetings estivaux, ils étaient quatre dans le Top 12 des meilleurs temps de la saison. Pascal Martinot-Lagarde (23 ans) était même le plus rapide du monde sur 110m haies, avec ses 13"06, après avoir battu dans cette course à Eugène le champion olympique et recordman du monde Merritt et le champion du monde Oliver. Garfield Darien (27 ans) était au 6e rang (13"17), Dimitri Bascou (27 ans) et Wilhem Belocian (20 ans) le 12e (13"28). La situation a ensuite changé, avec les meilleures marques établies par Omar McLeod aux championnats de Jamaïque (12"97) puis Orlando Ortega (12"94) au meeting Areva de Paris. Tous les Français demeurent dans les 20 meilleurs du monde de la discipline, Martinot-Lagarde est dans le Top 5 et Garfield Darien dans le Top 11. Malheureusement, Belocian n'a pas pu se remettre d'une blessure contractée à St-Denis début juillet, et manque à l'appel. Grâce à la victoire en Diamond League de PML l'an dernier, les Tricolores avaient la possibilité d'être quatre sur la ligne de départ. Ils ne seront que trois, Mais trois à rêver de finale, pour concurrencer les Américains qui peuvent en faire autant.

L'école des haies française

"Cette densité n’arrive pas de nulle part", souligne Stéphane Diagana. "Il y a une véritable école du 110m haies en France. Comme une école de la perche, ou une du triple saut chez les hommes." Une technique parfois plus aboutie que les Américains, qui privilégient la vitesse, afin de passer le moins de temps possible en l'air, voilà l'une des raison. Mais ce niveau général, la France ne l'a jamais atteint : "On n’a jamais connu ça." En mars dernier, le trio Martinot-Lagarde – Bascou – Belocian (dans cet ordre) a réalisé un inédit doublé lors des championnats d’Europe en salle sur 60m haies à Prague. Autre preuve de cette concurrence incroyable au plus haut niveau : lors des Mondiaux-2013 à Moscou, c’est Pascal Martinot-Lagarde qui s’était ouvert les portes de la finale (7e en 13"42, à 18 centièmes du podium). Mais l’aîné de la famille, comme l’ancien champion du monde Ladji Doucouré, ont été les victimes de cette montée en régime générale. Ils ne sont pas à Pékin.

Les trois autres y sont, avec des ambitions bien élevées. "Ils peuvent tous prétendre entrer en finale", estime Stéphane Diagana. Pascal Martinot-Lagarde est LA référence actuelle. L’or est son objectif. Cette concurrence aiguisée pourrait néanmoins mettre à mal sa suprématie, comme on l’a vu lors des championnats de France en juillet où il a été battu par Garfield Darien. "Garfield, ça fait 4 ans qu’on travaille ensemble", explique Teddy Tamgho, entraîneur du hurdleur avec son père. "Il y a eu des hauts et des bas, il a connu beaucoup de maladies (chikungunya, mononucléose). Mais il revient, à son meilleur niveau. Il a montré une grosse régularité cette saison en Diamond League. L’objectif, c’est la finale. Quand on y est, tout le monde peut gagner, surtout sur les haies. Personne n’est à l’abri d’une chute. Lui n’est pas à l’abri de faire sa meilleure course de la saison, ou de se louper. S’il est en finale, il aura les cartes en mains."

Une jeunesse ambitieuse et performante

Car la concurrence n’est pas prête à s’éteindre. Wilhem Belocian représente l’avenir, alors qu’il n’a que trois ans de moins que Martinot-Lagarde. Champion du monde juniors en 2014, "il est très fiable sur le plan technique, et émotionnellement très solide, comme on a pu le voir lors des Mondiaux juniors", assure Diagana. "Il fait partie de cette jeune génération qui apprend très vite, comme Ladji Doucouré qui était devenu champion du monde à 22 ans. Il a une maturité très précoce. Il progresse énormément et très vite. Il reste encore de son plein potentiel." Il n’est pas le seul. Matteo Ngo, devenu champion du monde cadets à la mi-juillet à seulement 17 ans, est plein de promesses. La vague bleue est en marche. Est-ce qu’elle déferlera sur Pékin dès cette année ?

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