Lavillenie, dans les coulisses d'une nouvelle désillusion
La scène est terrible. Renaud Lavillenie est assis par terre, les bras autour des genoux, en bordure de la piste d'élan. Son regard est tourné vers cette barre qui s'est refusée à lui. Il est comme seul au monde. Pour la quatrième fois, il n'a pas touché l'or aux championnats du monde, lui qui est champion olympique, triple champion d'Europe en plus d'être le recordman du monde en salle. Ce titre est comme maudit. Quelques minutes avant, il a échoué à son troisième essai à 5.90m, synonyme d'élimination.
En regardant son coach dans les tribunes, il a haussé les épaules comme pour dire: "Je n'y peux rien." La tête basse, il a rangé ses perches, remis le capuchon, et est venu, une sixième fois voir son coach, Philippe D'Encausse. Les deux hommes échangent un sourire et deux-trois mots sur le plan technique. L'Auvergnat s'en va, son entraîneur rentre la tête dans les épaules. "Son premier saut était excellent. Les trois autres n'étaient pas terribles du tout", glisse-t-il. Il ne veut pas en dire plus, car à ce moment-là, le concours n'est pas fini.
Vidéo: Le dernier saut de Lavillenie
Il savait que ce serait long. Renaud Lavillenie, avec 15 finalistes autour de lui, connaissait son sort à l'entame de l'épreuve: attendre. Au début, il a fait comme tout le monde: échauffement, présentation officielle avant le concours (ce qui lui a valu les plus gros applaudissements). Ensuite, il a commencé sa croisade. D'abord assis sur le banc, il remet sa veste de survêtement, avant de venir s'adosser au tableau d'affichage, sur la pelouse, pour suivre le début de la compétition. Il a l'air décontracté, presque détaché.
Après dix minutes ainsi, il change de position. Direction la piste, où il se met en bordure de zone d'élan, toujours au sol. Un semblant d'échauffement, quelques mouvements d'épaule, un peu d'alimentation, une boisson, le temps passe lentement. Lorsque Kevin Ménaldo franchit 5.65m, il est debout pour le regarder. Quelques minutes après, revenu dans sa position assise sur la piste, il est rejoint par son compatriote. Les deux hommes discutent tranquillement. Puis, près d'une heure après la présentation officielle, et après avoir enchaîné quelques sprints, il s'empare de sa perche, enlève son survêtement et ajuste son "habit de lumière".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.