Lavillenie, la fin d'une si longue attente ?
C'est le meilleur du monde. Sans conteste. Depuis un moment déjà. Mais il n'a jamais été champion du monde. C'est le paradoxe que doit affronter Renaud Lavillenie à Pékin. Son compatriote Kevin Menaldo, également en lice lors de cette finale, confiait samedi soir: "Ce n'est pas toujours le meilleur qui est sacré. Renaud est bien placé pour le savoir."
La référence de la perche mondiale s'estime prêt à changer cette mauvaise habitude aux championnats du monde: "Ce sont les Mondiaux où je suis le plus serein et le moins anxieux", disait-il deux jours avant son entrée dans la compétition. Son palmarès déjà long comme le bras lui offre en effet des garanties avant les grandes échéances. Un seul saut à 5.70m a suffit samedi à lui ouvrir les portes de la finale du concours. "J'ai été capable de bien adapter ma situation personnelle au contexte pour m'économiser au maximum", se réjouissait-il après une longue attente (près de 4h) entre le début de la compétition et la fin de ses obligations. Mais la présence de quinze autres participants en finale ne le satisfaisait pas. La finale sera longue, éprouvante pour les nerfs.
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Le calme, c'est devenu l'une de ses qualités. Avec le temps et l'expérience. L'Auvergnat voit bien la différence entre aujourd'hui et le passé: "En 2013, j'arrivais à Moscou pour des Mondiaux où je n'avais pas le droit de perdre. Car j'étais passé à côté à Daegu en 2011 avant d'être champion olympique en 2012: l'approche n'avait pas été la même. Là, je m'en suis beaucoup plus détaché. Peut-être parce que j'ai perdu deux meetings cette saison. C'est aussi l'expérience et la maturité, je m'attache à moins de points importants. De fait, depuis Moscou, beaucoup de choses se sont passées de mon côté avec un record du monde et une saison 2015 qui est plutôt bien avec 7 sauts à plus de 6 m", développe-t-il.
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A Daegu, ils étaient 15 en finale. la configuration sera donc presque similaire en Chine. Aujourd'hui, il aura donc à coeur de confirmer dans les faits qu'il a franchi un cap. "Mais de toute façon, en finale mondiale, je n'ai jamais vu un concours de perche se finir en deux heures." Le temps restera néanmoins une donnée importante: "C'est embêtant d'attendre deux heures entre la fin de ton échauffement et ta première barre", souligne-t-il. A tel point qu'il concède: "J'aurais préféré que Filippidis et Braz soient présents en finale et qu'on ne soit que 12", regrettait-il. Le Grec et le Brésilien faisaient partie des cinq à avoir franchi 5.90m cette saison. Cela fait deux candidats au podium en moins sur la ligne de départ. "Ca montre que la perche reste aléatoire", souligne le Français. "Beaucoup ont sauté haut cette année. Ce n'est pas gagné d'avance. Mais si c'était facile, ce ne serait pas intéressant."
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A bientôt 29 ans (dans moins d'un mois), le recordman du monde en salle sait qu'il aura la pancarte de favori pour le titre. Et s'il n'a pas encore été sacré champion du monde, il veut retenir qu'il est "toujours reparti des Mondiaux avec quelque chose. Actuellement dans le circuit perche, je suis le seul à l'avoir fait. Ca remplit des objectifs que j'avais quand j'ai commencé au haut niveau. Mais c'est vrai que les deux derniers ce sont des mauvais souvenirs. A Daegu j'ai fait de mauvais choix et à Moscou c'était juste une aberration que la piste d'élan soit trop courte". A Pékin, la piste d'élan est courte. Il s'en est arrangé dans les qualifications. Ce sera encore l'un des paramètres à gérer sur le chemin de l'or. Et même s'il a souvent dit que la conservation de son titre olympique l'année prochaine à Pékin était primordiale, il ne va pas galvauder une couronne mondiale.
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