Les Français chocolats, mais sans regret
Deux dixièmes de seconde entre les huit finalistes. Tout le monde savait, avant le départ, que la finale du 110m haies serait indécise. Face à cette densité, il fallait sortir la course parfaite. Les Français n'y sont pas parvenus, pour différentes raisons. "J'ai eu un problème au bassin, et c'est descendu sur l'adducteur", racontait Garfield Darien, jamais dans le coup de cette finale (8e). "Je n'ai pas fait d'échauffement de départ, j'ai essayé de ne pas forcer. Mais dans la course, j'ai fait ce que j'ai pu avec mes moyens du moment. Je passe à l'envie. Mais après deux années de galères, je n'ai aucun regret. J'en aurais si je n'avais pas tout donné. En plus, les trois premiers vont très vite. A 90%, ces Mondiaux sont positifs."
Premier au pied du podium, Pascal Martinot-Lagarde avait été à la lutte pour le podium durant une grande moitié de la course. "Mon premier sentiment, c'est: aucun regret. J'ai couru cette finale comme une finale. J'ai pris des risques, j'ai fait le bûcheron, j'ai cassé du bois et de la haie. Je suis à la bagarre jusqu'à la mi-course et j'essaye. Je m'en serais voulu de n'avoir pas essayé. Je commets des fautes, mais même sans ces fautes, je n'aurais pas pu chercher le bronze." Dans cette séance de touchettes avec les haies, PML voit des motifs à se réjouir: "Pour moi, la clé, c'est ma bestialité. Il faut que je déconnecte le cerveau pour aller vite. Je l'ai fait." Quatrième et heureux, cela semble impossible. "L'an dernier, j'étais un monstre. En 2015, je suis un peu en-deça. Mais il y a deux ans, à Moscou, j'étais pété (sic). J'étais par terre. Là, je me suis relevé. C'est une médaille en chocolat, mais je suis content de l'avoir."
Vidéo: La réaction de Pascal Martinot-Lagarde
En fait, le plus déçu est sans doute Dimitri Bascou. C'était, des trois, celui qui avait le moins bon temps de référence en arrivant à Pékin. A l'arrivée, il s'est montré le plus rapide en séries et en demi-finale, battant même son record personnel. Cette finale, c'est à la 5e place qu'il la termine, avec Merritt et MacLeod autour de lui. "C'est une expérience très positive. C'est ma première finale, je fais 5. C'est un passage important. Cette année, je voulais marquer les esprits". Il peut se rassurer, il l'a fait. Mais... "Cela reste en travers de la gorge. Sur le plan chronométrique, j'avais mieux dans les jambes." Il est pourtant à un centième de son nouveau record personnel. "Il m'a manqué du relâchement. J'ai fait pas mal de progrès techniques cette année, dont le relâchement. Mais c'est nouveau et, ce soir, c'est un peu revenu."
Tous les trois saluaient le vainqueur, le Russe Shubenkov. Pour tous, le nouveau champion du monde a la capacité à se surpasser le jour J. "C'est un homme de championnat", disait Martinot-Lagarde. "Il arrive à se donner à fond tout en restant propre", ajoutait Bascou. "Il est réglé comme une horloge", avouait Darien. Voilà le chemin qui reste à parcourir pour monter sur la boîte dans un an à Rio de Janeiro, pour les Jeux Olympiques.
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