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Mondiaux 2017 : Christophe Lemaître, dans sa bulle

Fort de sa médaille de bronze olympique, Christophe Lemaître arrive à Londres avec un nouveau statut. Celui d’un athlète qui a retrouvé son niveau, après deux années de galère. Malgré les succès, les records et les médailles, le sprinteur d’Aix Les Bains est resté le même : un champion dans sa bulle.
Article rédigé par Mathilde L'Azou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Christophe Lemaître a toujours été un sprinteur à part. Quand les autres font un petit signe à la caméra avant la course, lui reste concentré, le regard au loin. Dans sa bulle. Quand on lui rappelle constamment qu’il est le premier sprinteur blanc à avoir couru sous les 10 secondes, il hausse les épaules.

Harcelé à l'école, repéré à 15 ans

C’est en 2010 que le monde entier a entendu parler de Christophe Lemaître, quand celui-ci a brisé le mur des 10 secondes, avec un temps de 9’’98. Puis avec ses trois titres de champion d’Europe (100m, 200m, 4x100m) à Barcelone. Tout ça, à seulement vingt ans. Mais ce grand gaillard d’1m89, aux jambes interminables, ne prête pas attention à cette médiatisation soudaine. Il tient à sa petite vie tranquille, soutenu par son papa Christian et Marie-Thérèse, sa maman, tous deux à la retraite. Une vie qui ne lui pas toujours fait de cadeaux.

Timide maladif, Christophe Lemaître en a bavé à l’école. On l’appelle « le trisomique », ou encore « l’autiste ». On se moque de son cheveu sur la langue. De sa grande carcasse. On ne vient pas à son secours. On tente de le pousser dans ses retranchements, mais le futur sprinteur ne répond pas. Il reste dans sa bulle et se réfugie dans les jeux vidéos.

Christian et Marie-Thérèse lui ont fait essayer le hand, le foot, le rugby… Sans succès. Dans un dernier élan, ils l’emmènent en 2005 tester l’athlétisme, à l’occasion de la Fête du sport de Belley (Ain). Sur une piste en pente, le gamin révèle des prédispositions, rapidement repérées par un animateur sportif, qui en parle à l’entraîneur d’Aix Les Bains, Pierre Carraz. Il ne connaît personne, il a déjà quinze ans, mais il court vite, et est mauvais perdant. On lui fait prendre une licence. Trois ans plus tard, Christophe Lemaître est sacré champion du monde du junior du 200m. La suite, on la connaît.

Une ascension rapide vers les records et les titres

Celui qu’ils surnommaient avec cette méchanceté adolescente « l’autiste », est devenu le « TGV de Culoz ». Un athlète lancé à grande vitesse, capable de prendre la médaille de bronze sur 200m aux Mondiaux de Daegu. Fort de son nouveau statut, le jeune homme ne peut plus se contenter de laisser ses résultats parler pour lui. Il doit répondre à la presse, parler devant les caméras. Quelques années plus tard, ce n’est toujours pas son exercice favori, mais il se montre plus à l’aise.

On l’a ensuite cru perdu en route. Les blessures, les déceptions sportives se sont enchaînées. Pendant ce temps-là, Jimmy Vicaut, son collègue en équipe de France, explose. Record d’Europe à la clef. Encore une fois, Christophe Lemaître reste dans sa bulle. Il reste avec son coach de toujours, Pierre Carraz, quand les gens ne voient pas d’autres solutions qu’un départ vers d’autres horizons, pour aller de l’avant.

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Et puis il y a eu ce soir d’août 2016, dans la fournaise de Rio. Finale du 200m hommes. Derrière l’inévitable Usain Bolt, le jeune Canadien Andre De Grasse prend la deuxième place. La médaille de bronze tarde à connaître son propriétaire, on a recours à la photo-finish. Le résultat tombe. Christophe Lemaître s’effondre sur le sol. Pour trois millièmes de seconde, il est sur un podium olympique. Le premier pour un Français en sprint, depuis 1960. « El Maestro » est de retour. Il parle même de « résurrection ».

A Londres, Christophe Lemaître a de quoi briller sur 200m. Surtout que le maître incontesté de la discipline, Usain Bolt, a décidé de faire l’impasse sur la distance. Reste Wayde Van Niekerk, favori de la course. Mais pourquoi ne pas rêver d’un nouveau podium mondial pour le Français de 27 ans ? Tout est possible pour le champion de Culoz. Qu’il soit sorti de sa bulle, ou non.

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