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Après le décathlon et le marathon, ces autres records qu'on aimerait voir tomber

Alors que Kevin Mayer et Eliud Kipchoge ont respectivement battu ce week-end les records du monde du décathlon et du marathon, d'autres marques historiques de l'athlétisme ne demandent qu'à être effacées. Tour d'horizon des records masculins les plus inaccessibles.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Javier Sotomayor (ERIC FEFERBERG / AFP)

• Saut en hauteur : Javier Sotomayor, 1993

Le record : En 1993, le Cubain Javier Sotomayor règne en maître sur sa discipline. Fin, souple et élastique, le sauteur en hauteur d’1m95 a déjà battu le record du monde à deux reprises. Après avoir effacé des tablettes la marque du Suédois Patrik Sjoberg (2,42 m), record qui datait de 1987, Sotomayor a poursuivi sur sa lancée en franchissant 2,44 m lors des championnats d’Amérique centrale à San Juan, en 1989. Quatre ans plus tard, sur les terres de son premier exploit mondial à Salamanque, le géant Cubain s’envole et franchit 2,45 m à son deuxième essai. Un saut hors du temps, la marque historique d’un champion qui n’a toujours pas trouvé son successeur.

Qui pour le battre ? Ils sont plusieurs à rêver d’égaler, voire de battre le record de Javier Sotomayor. À 27 ans, le Qatari Mutaz Essa Barshim apparaît comme le candidat idéal. Deuxième meilleur performeur de l’histoire avec une barre à 2,43 m, franchie en septembre 2014 à Bruxelles, il est le seul athlète à avoir sauté au moins 2,40 m pendant six saisons consécutives. Annoncé sur le déclin, le vice-champion olympique de Rio est pourtant détenteur de la meilleure performance mondiale de l’année : 2,40 m lors de l’étape de Diamond League 2018 à Doha. Face à lui, Bohdan Bondarenko entrevoit lui aussi les sommets. L’Ukrainien de 29 ans a déjà franchi 2,42 m. C’était en 2014, à New-York. Depuis, Bondarenko peine à concurrencer les meilleurs. Il a même été contraint de faire l’impasse sur la saison 2018 à cause d’une blessure au pied. Un retour au premier plan semble donc difficile, tout comme pour le Russe Ivan Ukhov (2,42 m en 2014) qui aura 33 ans au début de la prochaine saison.

• Lancer du disque : Jürgen Schult, 1986

Le record : Alors que le record du monde change d’épaules régulièrement depuis 1972, propriété de l’Américain Jay Silvester puis du Sud-Africain John van Reeven et de l’Allemand Wolfgang Schmidt, Jürgen Schult met tout le monde d’accord lors du meeting de Neubrandenburg, le 6 juin 1986. Le futur champion du monde envoie le disque à 74,08 m. Un exploit fantastique d’autant que Schult n’avait jamais lancé au-delà des 70 mètres auparavant. Son jet est historique. Il deviendra l’un des plus vieux records de l’histoire de l’athlétisme puisque l’Allemand attend son successeur depuis plus de trente ans. Une éternité à l’échelle du sport.

Qui pour le battre ? Difficile d’imaginer le record de Jürgen Schult tomber prochainement. Aucun lanceur n’a dépassé la ligne des 73 m depuis Gerd Kanter en 2006. L’Estonien semblait l’athlète le plus à même de battre le record du monde, mais à 39 ans, il vient de disputer sa toute dernière saison professionnelle. Depuis 10 ans, les meilleurs performeurs mondiaux sont bien loin de la marque de Schult, avoisinant au maximum les 68 m. Toutefois, le Suédois Daniel Stahl,  qui a lancé à 71,29 m en 2017, pourrait bien incarner l’avenir de la discipline. À 26 ans, il ne détient aucun titre mondial ou olympique. Vice-champion d’Europe cet été derrière Andrius Gudzius, la suite de sa carrière est prometteuse.

• 400 m haies : Kevin Young, 1992

Le record : 46 secondes 78, c’est le temps stratosphérique réalisé par l’Américain  Kevin Young en finale des Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992. Le natif de Los Angeles s’est offert l’un des plus beaux records du monde de l’histoire. C’est bien simple, depuis cette date, aucun autre athlète n’est parvenu à descendre sous les 46 secondes, pas même le double champion olympique de la discipline Kerron Clement. Autant dire que le prochain coureur à vouloir titiller le record de Young a du pain sur la planche.

L'Américain Kevin Young bat le record du monde du 400 m haies.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

Qui pour le battre ? Là encore, le record du monde semble pour l’instant inaccessible. Si des coureurs comme Felix Sanchez ou Angelo Taylor ont outrageusement dominé les haies pendant de nombreuses années, aucun d’entre eux n’est parvenu à rééditer la performance de Young en 1992. Aujourd’hui, les stars de la discipline se nomment Karsten Warholm et Yasmani Copello. Le Norvégien, champion du monde en titre, possède un record personnel à 47 s 64 tandis que le Turc espère faire mieux que ses 47 s 81. Bien loin des 46,78 de Barcelone. Si un athlète semble capable de venir à bout de ce record, c’est bien le Sud-africain Wayde van Niekerk. Problème, le recordman du monde du 400 m (43 s 03) n’est pas un spécialiste des haies. Son exceptionnelle course à la corde en finale des JO de Rio pourraient cependant contredire la thèse de l’impossible, si Van Niekerk décidait un jour d’une reconversion sur 400 m haies.  

• 1 500 m, Hicham El Guerrouj, 1998

Le record : Alors qu'il domine outrageusement le demi-fond mondial, le Marocain Hicham El Guerrouj assoit un peu plus sa domination lors du Golden Gala de Rome, le 14 juillet 1998. Sur le 1 500 m , le natif de Berkane réalise trois tours parfaits avant de porter une accélération dévastatrice dans le dernier 300. Le chrono est historique : 3 minutes, 26 secondes. Nouveau record du monde. Un an plus tard, il battra également les record du monde du Mile, et du 2 000 m. Les trois records tiennent encore aujourd’hui.

Qui pour le battre ? Le record du monde d'El Guerrouj a fêté ses 20 ans cet été, mais la marque du Marocain a vacillé à plusieurs reprises. Aujourd'hui, le Kényan Asbel Kiprop, troisième performeur mondial de tous les temps, semble être l'athlète le plus capable de faire tomber la barre des 3 minutes 26. Mais à 29 ans, Kiprop n'a plus beaucoup d'années devant lui. Englué dans une affaire de dopage, il a été contraint de revoir ses ambitions. Son compatriote Elijah Manangoi (25 ans), champion du monde l'année dernière à Londres, pourrait bien être la prochaine surprise. Avec un record personnel à 3 min 28 s 80, il possède une marge de progression intéressante, tout comme son dauphin, le Kényan Timothy Cheruiyot, qui a réalisé 3 min 28 s 41 à Monaco, en Juillet 2017. 

• Saut en longueur : Mike Powell, 1991

Le record : En 1991, la finale des championnats du monde de Tokyo est le théâtre de l'un des plus beaux duels de l'histoire du sport. Le mano a mano entre les Américains Carl Lewis et Mike Powell donne lieu au plus bon concours de saut en longueur de l'histoire. Avec un premier saut à 8,91 m, Carl Lewis pense avoir battu le record du monde de Bob Beamon (8,90 m), mais sa marque n'est finalement pas homologuée en raison d'un vent trop favorable. Probablement boosté par les performances de son compatriote, Mike Powell réalise ensuite un cinquième essai de géant. Il s'envole à 8,95 m et explose le record de Beamon de 5 centimètres. Un saut historique, jamais égalé. Quasiment trente ans plus tard, le record tient toujours.

Qui pour le battre ? Là encore, le record du monde de Mike Powell semble intouchable. Ses 8,95 réalisés à Tokyo n'ont jamais été mis en danger. Pour preuve, aucun athlète n'est parvenu à dépasser les 8,70 m depuis Dwight Phillips en 2009. Toutefois, les performances du jeune Cubain Juan Miguel Echevarría sont très intéressantes. Âgé de seulement 20 ans, le champion du monde en salle est déjà le cinquième performeur de l'histoire (8,68 m réalisés cet été). Mieux, en juin dernier, lors de l'étape de ligue de Diamant à Stockholm, Echevarría a frappé un grand coup en sautant à son 6e essai 8,83 m. Le saut le plus long depuis 1994. Si la marque n'a pas été homologuée en raison du vent, le Cubain a affiché ses ambitions. Il pense avoir le record de Powell dans les jambes, et entend tout faire pour approcher les 8,90 m. À 20 ans, l'avenir lui appartient. 

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