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Au Marathon de Paris, on court pour les autres aussi

Le marathon de Paris a été, une nouvelle fois, un grand succès : plus de 50 000 participants. Au-delà de la prouesse individuelle, indiscutable, le marathon couve un aspect collectif et familial tout aussi fort.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Arrêt Charles de Gaulle Etoile. Javier grimpe les marches du métro deux à deux, histoire de s’échauffer un peu avant le début du marathon. Il sort à l’air libre, fonce vers les Champs-Elysées. Et puis, tout d’un coup, s’arrête. Stop. Il se retrouve quand même entre l’Arc de Triomphe et "la plus belle Avenue du monde", totalement aménagée pour l’accueillir lui et ses confrères marathoniens…Il faut bien marquer le coup. Il faut le partager avec les amis Boliviens. Frimer un peu. Et hop, le selfie devant l’Arc de Triomphe, avec le dossard bien en évidence. « Ils auront des étoiles dans les yeux mes parents quand ils verront ça » lâche-t-il dans un grand rire, avant de rejoindre le reste des lève-tôt.

Il est sept heures, il fait deux degrés, et quelque 100 personnes font des talons-fesses le long des Champs. Certains curieux s’arrêtent. Interrogent du regard les cinq « sas » - des cases où les participants sont répartis, selon leur niveau. C’est le marathon ! leur crie-t-on, comme si toute la Terre se devait d’être au courant. A mesure que s’approche le départ, la foule gonfle. Les grappes de coureurs se concentrent, l’Avenue devient un océan de chasubles et de K-Way fluos. Tout en haut des immeubles haussmanniens, quelques fenêtres s’ouvrent timidement. Paris se réveille, le Marathon est lancé. Clémence Calvin, Paul Lonyanyata, Abrha Milaw – le futur vainqueur – et une marée d’anonymes engloutissent leurs premiers kilomètres. 
 

Dans le métro, sur le trottoir : le marathon était partout 

Celles et ceux qui courent n'ont pas le monopole de la course. Des centaines de proches ont aussi la leur.  Il suffit de passer quelques minutes dans le métro pour s’en apercevoir : après avoir vu le peloton passer, certains tentent de le rattraper par le métro, quelques kilomètres plus loin.  Histoire de soutenir son conjoint ou son meilleur ami deux, voire trois fois. C'est ainsi que, pendant deux heures, des voyageurs ahuris ont vu défiler devant eux une étrange valse. Celle, par exemple,  de deux grands lapins en peluche qui se sont écharpés à propos de la longueur exacte d’un Marathon. Celle de Hollandais coiffés de moulins en plastique qui se sont accrochés aux barres du métro pour ne pas tomber. Ou celle d’un photographe qui, à l’arrêt Passy, s’est précipité hors du métro en se maudissant lui-même « je vais rater l’arrivée, je vais rater l’arrivée, je savais que je raterais l’arrivée ».

Epuisement et réconfort

A la surface, les coureurs arrivent enfin. Certains en un peu plus de deux heures. D’autres en plus de quatre heures. Une fois la ligne d’arrivée franchie, les bénévoles sont aux petits soins pour les héros du jour. Quand certains s’effondrent de fatigue, les secouristes surgissent pour vérifier qu’il n’y a pas de danger. Une bonne partie des 24 tonnes de bananes prévues par l’organisation sont englouties après la course. Et, une fois remis sur pied, tous se remettent en route. Usés, vidés par les quarante-deux kilomètres du Marathon, mais comme portés par la vue de cette foule agglutinée derrière les barrières, plus loin. Il y avait là comme un obsédant parfum de famille. 

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