Procès Pistorius : sa petite amie avait "parfois peur"
Selon des SMS dévoilés lors de l'audience, la petite amie du champion sud-africain lui avait reproché ses scènes de jalousie peu avant le meurtre.
Le procès pour meurtre d'Oscar Pistorius a plongé, lundi 24 mars, au cœur de son intimité, avec la lecture à l'audience de messages échangés avec sa petite amie peu avant sa mort. Des mots d'amour "à 90%" mais aussi la révélation que Reeva Steenkamp avait peur de ses scènes de jalousie.
Avec le décryptage des SMS et des messages électroniques, le procureur Gerrie Nel a enfoncé un coin dans la défense du champion sud-africain, star du handisport mondial, qui a jusqu'à présent soigneusement évité de parler de tensions entre lui et sa conquête. Pistorius affirme avoir tué la jeune femme par accident le 14 février 2013 en croyant abattre un cambrioleur caché dans la salle de bain, et plaide avoir agi dans un accès de terreur.
Pourtant, les courtes missives rebondissant sur la messagerie instantanée WhatsApp entre Reeva et lui racontent une tout autre histoire, selon le décryptage de la police sud-africaine.
Une "relation déséquilibrée"
Parmi les tonnes d'informations contenues dans l'iPhone de Reeva - cela tiendrait "sur 34 654 pages" -, l'expert Francois Moller a extrait notamment ce message, envoyé à l'accusé. Le 27 janvier 2013, il est près de 16 heures,Reeva Steenkamp vient d'assister aux fiançailles d'un de ses meilleurs amis. Elle aurait voulu rester. "Je m'amusais", dit-elle.
"Mais plus maintenant", ajoute la jeune top-model qui, trois mois plus tôt, a craqué pour Oscar. "Depuis que tu es rentré du Cap, tu m'agresses constamment, je comprends que tu sois malade, mais c'est méchant. (…) Je ne flirtais avec personne aujourd'hui. Ça me rend malade que tu aies suggéré ça et que tu aies fait une scène à table qui nous a obligés à partir plus tôt." Dans ce long message ambivalent, elle exprime sa "déception", conteste une "relation déséquilibrée" où il a le droit d'être "en colère" ou "distant", mais pas elle.
"Parfois j'ai peur de toi"
Elle continue : "Parfois j'ai peur de toi, comment tu me parles et comment tu réagis. (...) Tu me rends heureuse 90% du temps et on est super ensemble, mais je ne suis pas une autre de ces pétasses rabat-joie. (...) Pourquoi continuer ? Je me fais agresser et tu te plains que tu n'aimes pas ma voix et mon accent (...)." On est loin de la version donnée l'an dernier par Oscar Pistorius pour recouvrer la liberté : "Nous étions très amoureux et je ne pouvais pas être plus heureux. Je sais qu'elle ressentait la même chose", avait-il dit, en parlant de cette Saint-Valentin 2013. Indice, selon lui, de cette relation au beau fixe, elle lui avait offert un cadeau, une surprise à ouvrir le lendemain matin.
D'autres messages extraits du téléphone portable de Reeva Steenkamp ont été lus à l'audience, étalant au grand jour les sujets d'aigreur qui s'accumulaient entre les deux amants. On y découvre la starlette de 29 ans sur la défensive. Elle se défend de lui avoir caché des choses à son retour de tournage, confesse avoir fumé de l'herbe mais s'excuse, se défend encore d'être une "p...".
Pistorius risque 25 ans de prison incompressibles
Le procès donne alors dans le registre d'une émission de téléréalité comme celle tournée à la Jamaïque par Reeva et dont elle fut l'héroïne post-mortem en février 2013, "Tropika Island of Treasure", nageant, blonde et souriante, parmi les dauphins. Au détour d'un autre message, Pistorius apparaît à nouveau en plein mensonge. Très inquiet de voir sortir dans la presse l'incident du Tashas, un restaurant à la mode de Johannesburg où il a déchargé le pistolet d'un ami, Darren Frescoe, manquant de blesser un autre ami boxeur attablé avec eux, en janvier 2013, il écrit à la jeune femme : "S'il te plaît, mon ange, ne dis rien à personne. (...) Je ne peux pas me permettre que ça sorte. Les mecs ont promis de ne rien dire."
L'athlète risque 25 ans de prison incompressibles s'il est reconnu coupable de l'assassinat de Reeva Steenkamp. Sauf si la juge conclut qu'il y a un doute raisonnable permettant de croire à sa version. Le procès pourrait durer jusqu'au 16 mai.
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