Athlétisme : la course contre la montre de Quentin Bigot et Renaud Lavillenie pour réussir les minima olympiques

Respectivement 5e et 8e des derniers JO, le lanceur de marteau et le perchiste tenteront de décrocher leur billet pour Paris 2024 lors des championnats de France qui débutent vendredi à Angers.
Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
L'inquiétude de Renaud Lavillenie, au meeting du Bourget, le 15 juin 2024. (VALENTINE CHAPUIS / AFP)

Le concours de la dernière chance. Sur les bords du lac de Maine à Angers (Maine-et-Loire), des dizaines d'athlètes ont rendez-vous avec leur rêve olympique. Du vendredi 28 au dimanche 30 juin, les championnats de France d'athlétisme font office d'ultime étape, la période de qualification s'achevant dimanche. Parmi eux, deux se sont lancés dans une course contre la montre effrénée : le lanceur de marteau Quentin Bigot et le perchiste Renaud Lavillenie, tous deux revenus récemment d'une lourde opération.

Le premier a reposé le pied dans l'aire de lancer le 16 mai à Montreuil, pour la première fois en compétition depuis le 18 août 2022 et les championnats d'Europe à Munich où il s'était blessé au dos. Le second a repris son envol le 26 mai, après dix mois sans dossard. Hernie discale pour le lanceur, rupture partielle d'un tendon des ischio-jambiers pour le sauteur, ces deux piliers de l'équipe de France ont choisi de passer sur la table d'opération pour maximiser leurs chances de voir Paris. Tout en sachant que le délai serait serré : Quentin Bigot a été opéré en février 2023, Renaud Lavillenie en septembre 2023.

Un délai incompressible de réathlétisation

"Pour Renaud, la décision a été relativement facile à prendre. Après avoir fait des soins pendant un an, il n'y avait pas d'autre choix possible. Mais on savait que le temps jouait contre nous. Le délai de cicatrisation et de réathlétisation était de près de six mois. Jusqu'à fin mars, il ne pouvait pas courir", retrace Philippe d'Encausse, l'entraîneur du perchiste de 37 ans. À trop vouloir brûler les étapes, le risque était de voir le tendon se rompre. 

Quentin Bigot a, lui, un regret : ne pas avoir pu se faire opérer plus tôt. "À Munich, j'ai insisté pour me faire opérer. Mais le médecin n'a pas voulu car en France on n'opère pas une hernie discale en première intention", a-t-il retracé, peu avant son entrée en lice aux championnats d'Europe de Rome, début juin. À la veille de son opération, le Français ne pouvait plus se hisser sur la pointe du pied droit. Aujourd'hui, son pied ne lui pose plus de problème dans son quotidien. Mais sur le plan sportif, le 5e des JO de Tokyo n'a pas retrouvé le dynamisme de son appui, qui "était (son) point fort"

Quentin Bigot, en finale du lancer du marteau des championnats d'Europe à Rome, le 9 juin 2024. (JEAN-MARIE HERVIO/ KMSP)

"Mon indice de force n'a jamais été aussi bon. Mais il faut refaire la connexion nerveuse entre le pied droit et le cerveau. Je sais que je suis lent. Sauf que dans le marteau, cela se joue à quelques millièmes de secondes", détaille Quentin Bigot, conscient qu'un "nerf peut mettre plusieurs années à récupérer complètement". Alors le lanceur fait contre mauvaise fortune, bon cœur : "Plus le temps passe, plus mon pied récupère, mieux je pourrais arriver à Paris."

Forçats des concours

Encore faut-il pouvoir arriver à bon port. Après avoir repris le marteau au printemps 2023 et fait une croix sur la saison estivale pour mieux se concentrer sur 2024, Quentin Bigot a effectué une rentrée encourageante à Montreuil mi-mai (75,42 m quand son record personnel est de 80,55 m). La barrière des minima est fixée à 78,20 m. Il a ensuite enchaîné les concours : six en un mois, avec notamment les qualifications et la finale des Europe. Sans jamais faire mieux. 

De son côté, l'ancien détenteur du record du monde du saut à la perche (6,16 m en 2014) a aussi écumé les compétitions. Six en quatre semaines. L'objectif pour le champion olympique 2012 et vice-champion olympique 2016 est de franchir 5,82 m. Une barre qu'il a déjà effacée plus d'une centaine de fois en carrière, mais pas depuis juillet 2022.

Renaud Lavillenie, lors de sa reprise en compétition, à Clermont-Ferrand le 22 mai 2024. (RICHARD BRUNEL / MAXPPP)

Après un premier concours sans barre restée sur les taquets, Renaud Lavillenie a franchi 5,72 m en Pologne, le 31 mai, puis 5,70 m près de Lyon, le 8 juin, en frôlant ensuite les minima. Mais depuis, la machine s'est grippée, la faute à une nouvelle blessure aux ischio-jambiers. Et le Français n'a pas sauté mieux que 5,40 m. "Il m'est impossible de renoncer tant que je peux tenter. Qui ne tente rien n'a rien",  assénait Renaud Lavillenie à l'issue d'un zéro, le 15 juin.

"Normalement, il aurait dû se reposer trois semaines et reprendre progressivement pendant trois autres semaines. Mais il a décidé de sauter en serrant les dents et en espérant que ça ne pète pas."

Philippe d'Encausse, entraîneur de Renaud Lavillenie

à franceinfo: sport

"Il n'est pas plus gêné que ça mais je pense que sur les deux dernières compétitions, il a sauté avec le frein à main", glisse Philippe d'Encausse. Point d'espoir, le perchiste "se ré-entraine normalement" depuis le 25 juin. "Il a pu faire deux séances techniques, une de course, ce matin il va faire de la musculation et demain des bondissements", liste le coach, mardi 26 juin. 

Comme le triple sauteur Teddy Tamgho qui tente un retour après près de cinq ans de retraite, Renaud Lavillenie ne peut pas compter sur son classement mondial, autre voie pour décrocher le ticket olympique, faute de points engrangés dans des compétitions majeures. Quentin Bigot a bien eu l'occasion d'en marquer lors des Europe, mais insuffisamment pour figurer parmi les 32 sélectionnables.

Pour fouler la piste violette du Stade de France, les deux forçats doivent donc abattre leur dernière carte et sortir la performance le jour J, samedi après-midi pour Quentin Bigot et dimanche après-midi pour Renaud Lavillenie. 

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