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Rio 2016 : Renaud Lavillenie : "il ne fallait pas qu'ils organisent les Jeux"

Particulièrement remonté après sa médaille d’argent au concours à la perche, Renaud Lavillenie n’a pas mâché ses mots pour dire ce qu’il pensait du public brésilien. Le Français n’a pas apprécié d’être sifflé dans les moments décisifs du concours.
Article rédigé par franceinfo
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La déception du sauteur à la perche tricolore Renaud Lavillenie (ADRIAN DENNIS / AFP)

Sa médaille d’argent lui laissera un goût amer. Car Renaud Lavillenie était tout proche de conserver son titre olympique acquis à Londres il y a quatre ans. Les conditions de sa défaite ont fait monter en lui un sentiment de colère. Ce n’est pas la longue interruption à cause de la pluie qu’il regrette, ni les dix minutes perdues pour un souci avec les poteaux. Il avait même des compliments à adresser aux juges qui ont eu la "réactivité nécessaire" pour comprendre que les conditions étaient dangereuses pour les athlètes au moment du déluge. "L’attente a été compliquée à gérer", mais ça n’a pas été le plus dur. Non, le plus dur aura été l’attitude du public brésilien qui a pris fait et cause, bruyamment, pour son poulain, Thiago Braz Da Silva. "Je ne pourrai jamais partir de Rio avec le sourire, quand tu te fais huer pour faire ton sport", a-t-il lâché. Il n'a pu masquer sa frustration, ni sa déception, autant pour sa médaille d’argent, qu'envers "le manque de respect et de fair-play" de la part du public. "C’est vraiment dommage car s’il n’y avait pas eu ça, la compétition aurait été juste incroyable, peu importe le résultat".

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Esprit Coubertin, où étais-tu ?

Le recordman du monde de la discipline avait, en zone mixte, en travers de la gorge les sifflets. Il se présente en bout de piste un peu avant minuit pour son ultime essai à 6,08m quand une énorme bronca descend des tribunes. Filmé en gros plan dans le stade, il adresse alors un pouce vers le bas en direction de la caméra comme pour marquer son mécontentement et sa déception. "Quand je le fais, ce n’est pas la première fois que le public me sifflait. Je commençais à être un peu fatigué, il y avait de l’enjeu, on tentait des barres à 6 mètres, ce ne sont pas des petites barres", assure-t-il.

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Dans des moments comme ça, on n’a pas besoin de siffler". Sans l’invoquer directement, Renaud Lavillenie pensait sûrement à l’esprit Coubertin. "Je ne conçois pas de siffler des athlètes, s’étonne-t-il, qu’ils (les Brésiliens, ndlr) restent chez eux, devant leur télévision. Qu’ils laissent venir au stade des personnes qui ont envie de voir du sport". Dans ce moment de grande tension, ces sifflets l’ont "énormément" perturbé. "On sent la méchanceté du public contre soi dans un sport où on ne voit jamais ça".

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"On n’est pas au foot"

Le supporter brésilien a la réputation d’être bouillant. Depuis le début des Jeux, chaque athlète du pays est soutenu et il ne fait pas bon d'en être l'adversaire. Du chauvinisme pas si original que ça dans le sport moderne, mais Renaud Lavillenie a eu du mal à le concevoir. "Je comprends que les Brésiliens supportent Thiago (Braz Da Silva, ndlr), mais ce n’est pas normal de manquer de respect aux adversaires. On n’est pas au foot. Si on n’aime pas quelqu’un, on l’ignore, mais on ne l’insulte pas, parce que j’ai pris ça comme une insulte". Le grand champion qu’il est, n’était pas forcément habitué à recevoir un tel traitement que ce soit à Londres en 2012 ou dans d’autres grands championnats. "Le public a gâché l’expérience olympique de beaucoup de perchistes ce soir. S’ils ne voulaient voir que le Brésil gagner et cracher sur les autres nations, il ne fallait pas qu’ils organisent les Jeux", a-t-il conclu. Après ses propos, la cérémonie protocolaire de remise des médailles devrait être une nouvelle preuve de l’histoire d’amour entre Renaud Lavillenie et les supporteurs brésiliens.

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