: Vidéo "C'était électrique, ce sont des moments qu'on n'oubliera jamais" : Kevin Mayer revient sur son record du monde de décathlon
Kevin Mayer est revenu sur franceinfo sur l'ambiance dans le stade au moment où il a battu le record du monde du décathlon. Le Français a dépassé la barre mythique des 9 100 points.
"C'était hallucinant, l'ambiance qu'il y avait. C'était électrique. Ce sont des moments qu'on n'oubliera jamais", a témoigné mardi 18 septembre sur franceinfo Kevin Mayer, qui s'est emparé du record du monde du décathlon avec 9 126 points, dimanche, à l'issue du Décastar de Talence en Gironde. Pour l'athlète, établir ce record à Talence, c'est "la plus belle des consécrations". Il souhaite "amener beaucoup de gens à pratiquer ce sport qui" lui a "apporté énormément".
franceinfo : Vous faites la une du journal L'Equipe avec ce titre, "Un record de dingue". Est-ce à ce genre de signe qu'on se dit qu'on est allé très haut ?
Kevin Mayer : J'avais déjà fait la une il y a un an en étant champion du monde [en août 2017]. Une deuxième un an après, je ne sais pas si ça s'est déjà vu... je suis content de mettre en avant mon sport. Mais ce n'est pas ce genre de signe que je regarde. Le signe que j'ai remarqué très vite, c'est le regard des gens. J'ai vu énormément d'émotion, énormément de joie dans le regard des gens. C'était pour moi le plus beau des cadeaux. J'ai reçu énormément de messages, notamment d'Antoine Griezmann. Cela fait vraiment plaisir de voir que je suis soutenu par toute la France. C'est une belle révolution pour le décathlon français. J'espère amener beaucoup de gens à pratiquer ce sport qui m'a apporté énormément. Je dis toujours qu'il faut faire des résultats pour que le sport soit mis en avant. À moi d'en faire encore plus pour que petit à petit ce sport rentre dans la tradition française et que le grand public le découvre.
Etablir ce record du monde à Talence, haut lieu du décathlon, c'est quelque chose de très particulier ?
C'est pour moi la plus belle des consécrations. Le faire devant le public français du Décastar, un endroit culte pour les décathloniens, c'était la perfection. Je ne pouvais pas rêver mieux. Un record du monde du décathlon, c'est quelque chose qui s'inscrit dans le temps. Cela a duré deux jours, et ces deux jours ont été vraiment forts avec le public de Talence, c'est ce que je retiens. Le public était extraordinaire. Dommage que le stade ne pouvait accueillir que 15 000 personnes. C'était à guichet fermé dimanche. C'était hallucinant, l'ambiance qu'il y avait. C'était électrique. Ce sont des moments qu'on n'oubliera jamais.
A quel moment vous êtes-vous dit que c'était bon ?
C'est assez difficile, le décathlon, parce qu'on ne peut pas s'imaginer faire le record du monde avant les dix épreuves. Même quand on en a fait cinq à la perfection comme je les ai faites le premier jour, on ne peut pas encore s'imaginer faire le record du monde. Je pouvais arriver au javelot, faire trois essais, et rater totalement. C'est jusqu'à la fin qu'il y a du suspense, et c'est ça la beauté du décathlon. Pendant deux jours, on a vécu ce suspense avec tout le public de Talence, avec tous mes proches, pour savoir si le record du monde allait passer. Et c'est au javelot, quand j'ai lancé à 71 mètres, et que je n'avais plus qu'à courir le 1 500 mètres, où il y a beaucoup moins de risques, qu'on a su que le record du monde était dans la poche.
C'est une revanche, après votre échec aux championnats d'Europe à Berlin ?
Non, c'est une renaissance. Je ne suis pas du tout revanchard. J'avais juste de la frustration et j'avais envie de l'exprimer. Le fait d'arrêter après les championnats d'Europe me semblait irréalisable, parce que je ne m'étais pas exprimé totalement. Ce Décastar était bien choisi pour que j'aille m'éclater sur la piste avec un super public français.
Comment on arrive à trouver l'équilibre entre toutes les disciplines ?
Il y a neuf épreuves d'explosivité et une épreuve de résistance. On peut les travailler et on progressera dans toutes. C'est vraiment le 1 500 mètres qui est compliqué, parce que quand on travaille le sprint, on régresse au 1 500 mètres, et inversement. Étant donné qu'il y a neuf épreuves de puissance, on travaille la puissance, pas la résistance, et c'est pour cela que l'on voit tout le temps les décathloniens en baver au 1 500 mètres. La beauté du décathlon, c'est qu'on passe deux jours tellement intenses, tellement difficiles mais tellement plaisants aussi qu'on se rend compte que nos performances n'ont rien à voir avec les performances des autres. Il y a une entente, il y a une fraternité qui n'existent pas ailleurs. C'est peut-être parce qu'on va au bout de nous-mêmes et qu'on passe deux jours ensemble, et il y a forcément des liens qui se créent.
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