Au bout de l'effort, Williams domine Safarova et s'offre un 20e titre majeur
Son entraîneur, Patrick Mouratoglou, avait prévenu qu’elle irait sur le court "même sur une jambe" car "Serena, ça la transcende de jouer en Grand Chelem". Si l’Américaine avait bien la tête des mauvais jours ce samedi, elle avait toutes ses jambes et une volonté d’acier pour venir à bout de Lucie Safarova, qui n’avait jusqu’alors pas concédé le moindre set du tournoi. La cadette des sœurs Williams n’a pas semblé aussi mal en point qu’en demi-finale, jeudi, mais elle a une nouvelle fois montré d’inquiétants signes de faiblesse. Gestes au ralenti entre les points, regard dans le vide, visage impassible... et incapacité à conclure dans la seconde manche où, après avoir réussi le plus dur (break pour servir pour le match à 6-5), elle s’est écroulée, relançant totalement la finale.
Williams a commis deux fois plus de fautes
Cette fébrilité s’est ressentie dès le début du duel, où chacun des changements de côté de la numéro un mondiale ressemblait à une véritable épreuve qu’elle surmontait d’un pas lent et robotique. Mais, durant la première heure de jeu, chaque fois qu’un échange débutait, la machine se mettait en marche. Et personne, pas même la talentueuse Tchèque de 28 ans, qui jouait la toute première finale en Grand Chelem de sa carrière, ne pouvait l’enrayer. Bénéficiant de conditions météorologiques plus clémentes que jeudi (dix degrés de moins), Williams a surmonté le virus qui l’avait pourtant poussé à annuler son échauffement de la veille. Elle n’aurait peut-être pas toléré de fortes chaleurs une seconde fois. Ce samedi, même si elle n’était pas en pleine possession de ses moyens, la numéro un mondiale a globalement dominé son adversaire de sa puissance, de son premier service dévastateur (qui a dépassé la barre des 200km/h à deux reprises), de sa détermination.
Safarova a cru à l'exploit
Toutefois, avec la fatigue et la maladie, elle a manqué de lucidité dans la deuxième manche. Après avoir concédé deux breaks, Safarova a en effet remporté quatre jeux d’affilée, puis arraché le tie-break sur le service de Williams, avant d’expédier le jeu décisif (7-2). D’entrée de troisième manche, forte d’une confiance retrouvée, elle réussissait même le break (pour la 4e fois en 4 opportunités) contre une Williams méconnaissable, éreintée, qui en tentant d’écourter les échanges, enchaînait les fautes directes (42 à 17 !). Un sursaut plein de panache pour la belle surprise de la quinzaine, qui peut regretter de ne pas s’être décrispée dès le début du match. Car c’est ce moment, celui où l’outsider a commencé à croire pour de bon à l’exploit, que la favorite a choisi pour retrouver son service et, comme en demi-finale où elle avait expédié Bacsinszky dans le dernier set (6-0), remporter les six derniers jeux de la finale. Face à une Safarova impuissante, Williams torpillait la Tchèque de coups gagnants (34 à 16) et filait, diminuée mais impitoyable, vers un troisième sacre parisien.
A deux longueurs de Graf
Avec ce triomphe, acquis dans la douleur, Serena Williams devient la cinquième joueuse de l’histoire (la première depuis Jennifer Capriati en 2001) à faire le doublé Open d’Australie - Roland-Garros. A 33 ans, elle se rapproche aussi et surtout des légendes Steffi Graf (22 titres majeurs) et Margaret Court (24), et continue d'asseoir son règne sur le tennis féminin.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.