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Avec Elena, Loeb a préféré le cœur à la raison

Le Dakar, aventure mécanique, sportive et terriblement humaine. Appelé à s’imposer sur la plus grande épreuve de rallye-raid dans un avenir plus ou moins proche, Sébastien Loeb ne s’imagine pas un jour sur le podium sans son pote Daniel Elena. Un choix qui pourrait freiner sa progression mais que le nonuple champion du monde WRC assume totalement.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Daniel Elena est indissociable de Sébastien Loeb dans une voiture de rallye ou de rallye-raid (ERIC VARGIOLU / E.V.A.)

Les anciens le disent tous sans exception. La lecture d’un road book est subtile. Aussi subtile que les harmonies dans le monde musical. Sur le Dakar, pas besoin de solfège mais la compréhension des notes a une incidence directe sur la composition finale. C’est ainsi que tout débutant en rallye-raid doit apprendre à lire avant de chanter. Enfant de cœur dans la sphère Loeb, Daniel Elena n’échappera pas à cette règle lui qui « recrachait » avec talent les notes de son pilotes sur les routes du WRC. C’est là toute la différence entre le rallye traditionnel et le rallye-raid où personne ne fait de reconnaissance mais se fie au road book fourni par l’organisateur. En recrutant une pointure comme Loeb, Peugeot n’avait pas dans ses plans l’intention de signer avec Elena. C’est d’ailleurs avec le navigateur de Carlos Sainz, alors blessé, que Loeb a débuté en essais. « Copi » provisoire, il n’a jamais été question de rouler avec Lucas Cruz. En revanche, le Lion avait sorti de se retraite Alain Guéhennec. 21 Dakar au compteur, le dernier en 2013, le Breton avait le profil du copilote expérimenté. Loeb a finalement essayé Daniel Elena avant de l’imposer.

Le duo gagnant du WRC recon​stitué

« J’ai pensé pendre un copilote plus expérimenté, reconnaît Loeb. Au début, je me dirigeais vers un choix comme celui-là. Puis j’ai fait des essais avec Daniel et je voulais qu’on lui donne sa chance. Ça s’est plutôt bien passé et il avait l’air motivé. A partir du moment ou tout se passe bien et qu’on progresse ensemble dans la voiture, j’ai fini par me dire que ce serait bien qu’on construise cet équipage nous-mêmes et travailler à notre façon. » Comme au bon vieux temps du WRC. Les neuf titres mondiaux de Loeb lui évidemment donnent raison. Mais l’expérience du Monégasque dans le baquet de droite d’une voiture de rallye sera incomplète en rallye-raid. "On a beau être le meilleur copilote du monde en WRC, on ne peut pas arriver en rallye-raid et dire je vais être devant, ce n'est pas possible, assure Matthieu Baumel, navigateur de Nasser Al-Attiyah. La navigation est un métier complètement différent de celui du rallye traditionnel. Il faut plusieurs années d'expérience avant de pouvoir dire qu'on est confiant. Si je regarde mon expérience personnelle, il m'a fallu six Dakar avant de prétendre rouler devant. »

Daniel Elena copi conforme ?

Daniel Elena a compris au Maroc que le défi était de taille. Outre les problèmes rencontrés avec la 2008 DKR, le copilote a commis quelques erreurs qui ont nécessité une petite mise au point avec Loeb. « Comme dans tous les couples il faut qu’on s’engueule un petit peu, rigolait Elena aux vérifications du Dakar. On a mis les choses au point et c’est moi qui vais taper. On verra si il m’écoute, sinon c’est un coup dans le casque. En fait, au Maroc c’est la première qu’on se perdait tous les deux et on ne savait pas comment s’y prendre. » Formé par Alain Guéhennec qui reste sa doublure officielle, Elena connaît un certain nombre de pièges à éviter. Mais dans le feu de l’action, c’est parfois difficile de ne pas se faire prendre.  « J'ai mis du temps alors que j'étais bien entouré et qu'on m'avait bien expliqué les erreurs à ne pas commettre, confirme Baumel. Mais le jour où ça t'arrive, tu y plonges droit dedans. Tant que tu n'as pas commis ces erreurs, ça ne peut pas se mettre en place. »

Galérer plus pour gagner plus

Ce déficit d’expérience, Loeb l’accepte et espère juste se montrer au niveau des meilleurs sur certaines spéciales. « On est complice mais on ne remplacera pas l’expérience de copilote qui font ça depuis 20 ans et qui connaissent le terrain », explique-t-il tout en appréhendant une erreur de pilotage ou de navigation. Homme pressé, l’Alsacien doit laisser du temps à Elena. Comme lui, cette première année est un apprentissage qui se veut instructif. Nul doute que des galères arriveront tôt ou tard mais les succès futurs sont à ce prix. « Je sais qu'il finira par y arriver, estime Baumel. Je suis même sûr qu'ils gagneront le Dakar avec Loeb mais pas de suite. Pas comme cela." On en reparle dans deux ans.

Vidéo: Sébastien Loeb, la star du Dakar 

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