Dakar 2020 : Nouveaux horizons et déserts à profusion
Une nouvelle ère en forme de retour aux sources. Loin de Lima et des contreforts de la Cordelière des Andes, terrain de jeu habituel des pilotes ces dix dernières années, le Dakar s’apprête à faire le grand saut. Un saut dans le vide ? Pas vraiment. Car si l’épreuve 2020, disputée pour la première fois sur la péninsule arabique, se veut novatrice, elle devrait ramener les nostalgiques au bon souvenir des épopées africaines, lancées en 1978 par le fondateur du Paris-Dakar, Thierry Sabine.
Avec 7800 km à parcourir en terres saoudiennes (dont 5000 km de spéciales), les concurrents devront modifier leur pilotage et adapter leur approche du terrain. Les steppes arides de l’Amérique du Sud laissent désormais place aux dunes massives du désert d’Arabie. "Des désert à perte de vue, des grands hors-pistes, beaucoup de dunes, de sable, des canyons, des pistes de montage, on est revenus un peu au mode africain. Le terrain de jeu est extraordinaire" a justement reconnu le nouveau directeur de l’épreuve David Castera.
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Le tracé de 12 étapes conduira les 351 engagés de la ville de Djeddah, au bord de la mer rouge, à Qiddiya, en passant par Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite, et Shubaytah, aux limites du Golfe Persique, tout proche du Qatar. Un parcours rendu compliqué par la hausse du pourcentage de hors-piste, qui avoisine cette année les 30%. "Sur ce type de terrain, tu ne peux pas être à fond tout le temps. Il y a toujours une dune cassée, un obstacle derrière un sommet, une compression qui risque de surprendre" disait fin novembre David Castera dans une interview accordée au journal l’Equipe.
Une analyse partagée par Jean-Paul Cottret, ancien copilote de Stéphane Peterhansel (Mini), treize fois vainqueur de l’épreuve : "C’est un grand changement par rapport à l’Amérique du Sud, où on était habitués à des longs sprints. Pour ceux qui n’ont pas connu le Dakar en Afrique, ça va être la découverte. Ils vont devoir s’adapter" confiait-il. La course n’en sera que plus stratégique, et le déchiffrage du roadbook, si précieux pour les copilotes, sera sans doute déterminant quand le tracé sera moins lisible. C’est aussi ce qui fait la spécificité de cette 42e édition de l’épreuve reine du rallye-raid.
David Castera a voulu replacer la navigation au centre de la course en modifiant certaines règles. Le roadbook sera par exemple distribué le matin même de la spéciale lors de 6 étapes sur 12, "ce qui obligera à plus de réflexion, plus d’analyses à chaud" explique Jean-Paul Cottret. Le Dakar entre dans une nouvelle ère mais veut renouer avec ses valeurs, celles qui font l’essence même du rallye-raid. L’idée n’est pas de revenir à l’époque de la carte et de la boussole mais bien de confronter les pilotes à l’immensité du parcours qu’ils devront engloutir. Des mesures de sécurité ont été prises pour éviter la triche au GPS supplémentaire et la cueillette d’informations sur les traces, véritable fléau lors des éditions sud-américaines.
Des contrastes
Aux nouveautés du règlement s’ajoutent évidemment celle du parcours, qui promettent d’offrir aux passionnés des images époustouflantes du paysage arabique. Sur les terres de l’Hégire, dans les pas de Mahomet, les concurrents passeront par des sites d’une rare beauté, dont certains sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. De Djeddah à Riyad en passant par la ville de Neom ou encore l’oasis d’Al-Hassa, les paysages sont époustouflants. David Castera ne s’y est pas trompé et c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le rallye-raid a pris le chemin du Proche-Orient, même si d’autres enjeux viennent ternir ce choix.
Ils sont politiques, car le Dakar s’apprête à traverser un pays au régime qualifié par beaucoup de dictatorial, où la conception des droits de l’homme est éminemment différente de celle des républiques occidentales. "On a eu beaucoup de garanties du pays, on sait qu’il y a une volonté d’ouverture" a tenu à préciser le directeur de la course. Si l’organisation s’est voulue rassurante, l’édition 2020 n’a pu totalement ignorer les problématiques liées aux droits de l’homme.
En témoignent ces quelques points venus s’ajouter au règlement : les femmes ne sont pas obligées de se voiler mais sont invitées à se vêtir de manière décente pour "ne pas offenser", la consommation d’alcool est interdite tout comme celle de porc, les produits culturels importés doivent être compatibles avec les mœurs locales. Le règlement prévient également que la consommation de drogue en Arabie Saoudite est sévèrement punie et passible de la peine de mort.
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Autant de contraintes dont les pilotes devront tenir compte, même si la plupart ne souhaitent pas voir les questions politiques prendre le pas sur l’aspect sportif. "On ne peut pas demander à des personnes qui participent à une compétition sportive d’être les porte-paroles des problèmes droits de l’homme" a réagi Hubert Auriol, triple vainqueur de l’épreuve. Les concurrents s’élanceront dimanche pour une première étape longue de 433km entre Djeddah et Al Wajh.
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