Dakar 2020 : Stéphane Peterhansel veut "garder espoir" malgré un retard qu'il pense "difficile à combler"
Des débuts compliqués avec du temps perdu mais deux victoires d’étape et une troisième place au général, quel bilan faites-vous de cette première semaine de course ?
Stéphane Peterhansel : "Je dirais que ma course n’a pas été parfaite. On s’est pas mal perdu lors des premières spéciales. On a aussi eu trois crevaisons qui nous ont fait perdre pas mal de temps mais j’ai tout de même la satisfaction d’avoir gagné deux étapes. Plus de quinze minutes nous séparent des leaders au général et étant donné la vitesse à laquelle ils roulent devant, je ne pense pas avoir toutes les cartes en mains pour les rattraper s’ils ne commettent aucune erreur".
Vous avez livré une grosse bataille avec Carlos Sainz et Nasser Al-Attiyah ces derniers jours. Les écarts étaient minimes. Qu’est ce qui fait la différence sur ce genre d’étapes selon-vous ?
S.P : "Je dirais que c’est le niveau des pilotes qui fait la différence. Il y a dix ans, c’était exactement la même chose. Carlos (Sainz), Nasser (Al-Attiyah) et moi nous détachions déjà des autres en termes de vitesse pure même si ça n’a pas toujours été des bagarres à trois, avec les abandons des uns et des autres. Quand tout se déroule normalement, on a l’habitude de se retrouver à l’avant. Bien-sûr le pilotage est important mais l’investissement, la volonté et l’implication dans la course font la différence. On se donne tous à fond, on ne lâche rien".
Vous êtes à 16’20 de Carlos Sainz au général. Ça semble beaucoup et peu à la fois mais tout est encore possible. Rien n’est joué …
S.P : "Bien-sûr, tout reste jouable. Mais je dois aussi être réaliste et me dire que combler ces 16 minutes de retard va être difficile si Carlos et Nasser ne commettent pas d’erreur. Chacun peut avoir son lot de mésaventures, faire des fautes ou avoir des problèmes techniques. Il y a toujours eu des rebondissements sur le Dakar et c’est pour cette raison qu’il faut garder espoir, même si nous ne sommes pas dans la meilleure position".
Justement, dans cette situation, faire partie de la même équipe que Carlos Sainz (Mini) est plutôt un avantage ou un inconvénient ?
S.P : "On est plus fort à deux. Cette année, nous avons mis en place un vrai programme avec Carlos (Sainz) et l’équipe Mini et X-Raid pour former un duo. On est vraiment proche l’un de l’autre. A ce niveau, on ne parle même plus de consignes de course. L’entraide se fait naturellement. Il est devant donc c’est aussi à moi de l’aider afin qu’il garde sa première place. Evidemment, lui ne va pas s’arrêter et perdre la possibilité de gagner si j’ai un problème derrière mais nous y gagnons tous les deux. Après, ça ne veut pas tout dire non plus. Parfois, c’est celui qui est seul qui s’en sort le mieux".
Comment se passe votre collaboration toute récente avec votre copilote Paulo Fiuza ?
S.P : "Ce n’est pas simple de changer de copilote au dernier moment. Il y a d’abord la barrière du langage qui complique un peu les choses, et il faut un certain temps d’adaptation pour que tout fonctionne bien. On ne peut pas avoir une bonne relation, une bonne compréhension du jour au lendemain. C’est aussi compliqué pour moi du point de vue de la méthode de travail, de l’annonce des consignes … Ce ne sont pas des choses que l’on peut rectifier en une seule étape. La décision de notre collaboration a été prise tardivement et nous n’avons pas vraiment eu le temps de s’habituer l’un à l’autre, juste le temps d’une petite course de deux jours à Ryad. Maintenant il faut faire avec et tenter d’obtenir le meilleur résultat possible".
Est-ce que le fait de recevoir le roadbook le matin même de la spéciale lors de la moitié des étapes ajoute une difficulté supplémentaire ?
S.P : "Je ne pense pas. Ceux qui ont l’habitude de préparer le roadbook dans les moindres détails ont peut-être plus de difficultés, mais Paulo Fiuza s’adapte très bien à cette nouveauté. Recevoir les indications le matin de la spéciale n’est pas du tout un problème pour lui et c’est vraiment une bonne chose".
Six étapes sont passées et la course nous a offert des paysages splendides. Que pensez-vous de ce nouveau décor ?
S.P : "J’ai toujours dit que les plus beaux paysages que j’avais pu voir sur le Dakar étaient ceux du sud algérien. C’était magnifique. Mais là, je dois dire que l’Arabie Saoudite est un ou deux niveau au-dessus. Ce qu’on a vu depuis le début est tout simplement grandiose, majestueux. On en prend plein les yeux. Ce décor naturel est impressionnant mais aussi très varié. J’ai adoré traverser les montagnes et les dunes rencontrées ces derniers jours qui étaient aussi magnifiques. Ça me rappelle un peu la Mauritanie".
Cela vous rappelle l’époque du Dakar en Afrique ?
S.P : "Oui car on est dans des grands espaces et il n’y aucune difficulté artificielle. On progresse très vite, en allant de l’avant, et on trouve de la difficulté naturellement, face à nous. Le parcours ne va pas chercher les obstacles dans des endroits où l’on tourne un peu en rond. Il y a énormément de possibilités dans ces paysages d’Arabie Saoudite".
Les derniers jours de course se dérouleront dans l’Empty Quarter, la plus grande masse de sable continue au monde. Est-ce que ce terrain de jeu pourrait vous être favorable ?
S.P : "Face à un homme du désert comme Nasser Al-Attiyah, je pense que ça va être compliqué. J’ai de l’expérience dans les dunes, Carlos Sainz aussi, donc faire la différence sur ce genre de terrain ne va pas être simple. Mais je suis curieux d’aller là-bas pour savoir à quoi ressemble cet Empty Quarter".
Dans quel état d’esprit abordez-vous la spéciale de dimanche, qui sera le plus longue de cette 42e édition (546km) ?
S.P : "Même avec les années qui passent, le stress reste présent. On roule à des vitesses très élevées. Pour concurrencer les leaders, il faut rouler à 100% et rester très vigilant, avec l’attention au maximum. Demain nous allons devoir ouvrir la piste sur la grande spéciale. Nous devrons rester concentrés, évidemment conquérants. On n’y va pas en baissant les bras".
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