Dakar 2021, la croisade verte
"Le Dakar, c’est la course la plus incroyable qui soit. J’ai toujours eu l’ambition d’y revenir. Mais cela devait correspondre à mes convictions. J’ai toujours voulu apporter des idées mais dans les équipes, c’était plutôt 'tais toi, t’es qu’un pilote !'". Guerlain Chicherit a toujours eu son franc-parler, et de la suite dans les idées. En 2017, le Savoyard fonde sa propre écurie, GCK Motorsport, engagée en championnat du monde de rallycross. Le voici aujourd’hui de retour sur le Dakar, six ans après sa dernière participation : "Je reviens avec un projet innovant. Ce n’est pas uniquement une voiture de course, c’est tout un environnement vert. C’est un vrai projet, dont le Dakar a besoin."
"L’hydrogène, c’est la voie !"
Nom de code : GCK e-Blast 1. "Blast" pour explosion. Derrière ce poétique anglicisme se cache un ex-buggy Peugeot, converti à l’électrique. "C’est un projet très ambitieux", détaille le patron-pilote. "Il ne reste pas grand-chose du buggy 3008 DKR. Le châssis a été totalement revu. Nous en sommes à la troisième version. La première a subi un an de tests. La V2, électrique, sera dévoilée sur le Dakar (une conférence de presse est prévue à Neom, lors de la deuxième semaine de course, ndlr). La version 3 sera totalement hydrogène. L’hydrogène est la seule façon d’être autonome. Sinon, il faut deux tonnes de batteries ! L’hydrogène, c’est la voie."
Par le passé, d’autres précurseurs ont ouvert la voie d’ un Dakar "green", avec plus ou moins de succès. En 2017, après deux échecs, un prototype espagnol 100% électrique rejoint l’arrivée. De cette première, on se souvient surtout de sa caravane de camions d’assistance et de leurs imposants groupes électrogènes ravitailleurs. Fumeuse opération de communication. Avec plus de sérieux - et le soutien à peine discret de Renault - un team hollandais engage un camion hybride depuis l’an dernier. "Ca ne sert à rien d’avoir des camions d’assistance qui consomment 50 l/100km de mazout. Si c’est juste avoir une voiture électrique et faire 50e, ça n’a pas de sens !" s’emporte le Savoyard qui donne sa vision des choses : "Le sport auto vert, il faut vraiment le faire. C’est un projet moteur, innovant. Nous, nous avons l’ambition de jouer devant."
Ecosystème de course
Une voiture de course, mais pas que… Le vainqueur de la Coupe du Monde de rallyes raids en 2009, 5è du Dakar en 2010, ambitionne un projet global : "La voiture doit être performante, propre, mais autour il y a tout un écosystème. Nous avons développé une station mobile de création d’énergie, validée par la FIA. Nous avons des panneaux solaires - 600 m2 - installés en une heure seulement. Nous serons autonomes en énergie sur le bivouac. Tout est développé en interne, avec le soutien de gros partenaires, mais nous gardons la maîtrise de la technologie. Tout est fait chez nous. Après, il existe une réalité économique. Il faut des moyens. Si un constructeur veut mettre sa carrosserie sur le projet, en 2022 ou 2023, pourquoi pas. Ce n’est pas impossible."
Lui aussi dispose d’un ancien buggy Peugeot. Et lui aussi ambitionne de rouler vert. De nouveau associé à Mike Horn, Cyril Desprès vise le Top 5, tout en collectant des données pour la mise en œuvre du projet "Gen Z", la course avec une voiture laboratoire. "On imagine les véhicules pour la génération à venir", précise le quintuple vainqueur moto. "Mike avait envie de rally-raid, mais de façon plus durable, plus clean pour l’avenir. L’idée, c’est d’être au départ du Dakar en 2023 – donc très bientôt - avec une voiture à hydrogène, quasiment propre. On est les premiers à montrer la voie ! C’est le chemin à prendre dans les prochaines années."
"On a envie que le sport auto devienne un peu plus écologique"
Après une première tentative avortée l’an dernier, Mike Horn remet ça, sous conditions : "Avoir un projet où on peut intégrer une énergie durable, c’est devenue une mission. On a envie que le sport auto devienne un peu plus écologique. La jeunesse a besoin d’avoir cette vision différente." Le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, ndlr) est associé au projet. En attendant un constructeur ? Sans doute, mais pour l’heure, il avance masqué. Audi, lui, s’est déjà dévoilé. Le constructeur allemand quitte la Formule E pour revenir sur le Dakar dès 2022 (en 1985, deux coupés Quattro avaient été engagés avec le soutien de l’usine, ndlr). Avec un projet 100% électrique. A sa tête, un certain Sven Qandt, le grand patron du team Mini X-Raid, tenant du titre.
2022, c’est aussi la date prévue pour les débuts d’un camion 100% hydrogène ! Un projet mené par le groupe Gaussin, leader du transport propre et intelligent, qui s'est engagé sur trois ans. Décidément, tout le monde suit cette voie verte. Objectif : un Dakar 100% vert en 2030. Une révolution sans particules. Ecologiquement vôtre.
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