Endurance : les 5 dates clés de l'histoire de Peugeot aux 24 Heures du Mans
Plus d'une décennie après le dernier succès de Peugeot au Mans, la marque française vient d'officialiser un retour qui était attendu par tous les passionnés de sport automobile. Si le nom de Peugeot renvoie également au championnat du monde des rallyes, et plus récemment au Dakar, dans l'imaginaire collectif, il est également indissociable de l'histoire du championnat du monde d'endurance FIA, tant la marque y a brillé. Retour, en cinq dates marquantes, sur le parcours hors normes de la marque au lion au Mans.
• 1988, Peugeot lance son "Projet 905" avec Jean Todt aux commandes
Huit ans après l’arrêt de sa carrière de copilote de rallye, et sept ans après avoir pris la tête de la direction sportive du groupe Peugeot, Jean Todt lance Peugeot dans le "Projet 905". Le but est clair, participer au championnat du monde des Sport-prototypes mis en place par la FIA. Une compétition dans laquelle les courses sont réduites à 500km, les véhicules sont propulsés par des moteurs atmosphériques de 3,5 litres, un poids minimum est fixé à 750kg, et un championnat couvert à la télévision qui fait saliver Todt et les dirigeants de Peugeot. Mais l’ambition est toute autre pour la marque au lion qui ne désire ardemment qu’une chose : briller aux 24 heures du Mans, la plus grande vitrine du sport automobile d’endurance.
• L'avènement en 1992, la domination en 1993
Le 21 juin 1992, après seulement deux années de compétition, Peugeot signe la première de ses trois victoires aux 24 Heures du Mans. Après une première année d’apprentissage en 1990, durant laquelle la 905 naviguait à trois secondes des meilleurs, Peugeot revient avec une voiture bien plus performante à l’aube de l’année 1991. Malgré un manque criant de fiabilité, l’équipe française remporte tout de même les 10h de Suzuka avec un équipage qui comportait notamment le regretté Roland Ratzenberger.
Hélas, les problèmes de fiabilité refont surface au Mans, sur la course qu’il ne fallait pas manquer. Les deux 905 sont pourtant véloces, mais elles sont, bien trop vite, contraintes à l’abandon. La première à 18h30, 3 heures et 30 minutes après le grand départ, pour une panne d'allumage, la seconde à 21h45 pour un problème de boîte de vitesses. Les 905 sont adaptées aux courtes courses du championnat, mais pas encore pour une course d'endurance, la seule au calendrier, comme Le Mans. Ironiquement, Jean Todt avait d'ailleurs annoncé avant la course qu'il venait courir "les 6 heures du Mans".
Mais, c’est bien connu, les échecs fondent, souvent, les succès, et Peugeot va vite prendre sa revanche. L’édition 1992 des 24h du Mans en sera le théâtre. La bataille est rude en début de course entre les 905, les Toyota et une Mazda, très efficace sous la pluie. La 905 pilotée par Yannick Dalmas, Derek Warwick et Mark Blundell se positionne en tête dès la troisième heure de course et ne la lâchera plus. Celle de du trio Alliot-Baldi-Jabouille assure la troisième place. C'est la première victoire dans la Sarthe pour Peugeot.
Dans la foulée de ce succès, Peugeot survole le championnat en remportant toutes les courses et en réalisant toutes les pole positions, à Silverstone, Donington, Suzuka et Magny-Cours. Peugeot est largement champion du Monde et, côté pilote, le duo Warwick-Dalmas l'emporte. Mais hélas, il s'agissait du dernier championnat, avec seulement huit voitures au départ à Magny-Cours dont trois 905, et la FIA décide de le suspendre. Privé de compétition domestique en 1993, Peugeot va clore ce premier chapitre en endurance en réalisant un triplé historique au 24 Heures du Mans 1993.
• 2009, une délivrance tant attendue
Après avoir remporté trois titres du championnat du monde des Rallyes constructeurs de 2000 à 2002, la firme Peugeot annonce qu'elle se retire du WRC à la fin de la saison 2005. Jean-Pierre Nicolas, alors directeur de Peugeot Sport, étudie différents programmes pour poursuivre l'engagement de la marque au plus haut niveau du sport automobile. Jean-Pierre Nicolas et Frédéric Saint-Geours, directeur général d'Automobiles Peugeot, font le choix de l'endurance.
En 2007, la 908 qui a la lourde tâche de succéder à la glorieuse 905, fait ses débuts en compétition. À Monza, circuit rapide, puis à Valence, tracé plus sinueux, Peugeot remporte deux succès qui prouvent la puissance et la polyvalence de la 908. De bonne augure avant les 24h du Mans. Opposées aux trois Audi R10, Peugeot va subir un échec majeur. Malgré une pole position, la numéro 8 ne peut faire mieux que deuxième. La numéro 7 était contrainte d’abandonner due à une casse de la pompe à huile à 1 h 30 de la fin, elle occupait alors la deuxième place. Bis repetita en 2008, où Peugeot est vaincu par Audi, après avoir longuement mené la course, la rapidité des arrêts au stand et les relais sous la pluie permettait à la marque allemande de faire la différence.
Il faut donc attendre 2009 pour retrouver une Peugeot sur la première marche du podium, et même mieux puisque la marque française réussit un doublé. La numéro 7, pilotée par Marc Gené, David Brabham et Alexander Wurz, remporte la plus prestigieuse des courses d’endurance devant la numéro 8, avec Sébastien Bourdais, Franck Montagny et Stéphane Sarrazin au volant, devançant le rival d’alors, Audi, seulement troisième. Comme lors du premier passage de la firme dans les années 1990, Peugeot a dû patienter deux saisons avant d’atteindre la consécration.
• 2010, un échec cuisant pour la marque française
Après le succès de 2009, Peugeot espérait rééditer pareille performance l’année suivante, un scénario que la marque au lion avait déjà écrit en 1992 et 1993. Hélas, rien ne se passera comme prévu. Pourtant, le début de saison est prometteur. Peugeot remporte pour la première fois les 12 Heures de Sebring, en l'absence d'Audi, et réalise le doublé sur les 1000 kilomètres de Spa, devant Audi cette fois. Seule ombre au tableau, les 8h du Castellet où Peugeot, avec une voiture qui rencontrait des soucis de fiabilité, échoue face à son éternel rival allemand.
Au Mans, Peugeot, grand favori, survole les essais et les qualifications et occupent les quatre premières places sur la grille de départ. Mais, à 17h25, soit deux heures et 25 minutes après le début de la course, la Peugeot numéro 3 abandonne, suspension arrachée. Le doute commence à gagner les mécaniciens sur la fiabilité des Peugeot. À 7h du matin, le V12 Peugeot de la numéro 2 explose dans le virage Dunlop, la course commence à se transformer en cauchemar. Il n’y a alors plus que deux voitures de la marque française en piste, et bientôt plus qu’une après une fuite d’huile sur la numéro 1. L'ultime espoir de Peugeot, la numéro 4, revient à dix secondes de la troisième place à 2h du terme de la course. Le staff Peugeot envahit alors le stand Oreca. Mais, alors qu’il ne reste qu’une heure et 15 minutes de course, le moteur de Loïc Duval explose, c'est l'abandon pour la dernière Peugeot. La marque au lion espérait un triomphe, elle a vécu un cauchemar.
• Janvier 2012, Peugeot annonce son retrait à la surprise générale
Au mois de janvier 2012, et alors que tous les observateurs imaginaient déjà un duel entre Peugeot et Audi, avec le nouveau venu Toyota comme arbitre, le groupe PSA Peugeot-Citroen annonce l’arrêt de son programme endurance. Une annonce plus que surprenante alors qu’une 908 hybride était quasiment prête à courir, après de longs mois de développement et d'essais, et que le programme complet devait être annoncé à la fin du mois.
Un retrait qui s'inscrit "dans le contexte d'un environnement économique tendu en Europe et d'une année particulièrement dense en lancement de nouveaux véhicules pour la marque", explique le groupe dans un communiqué. Conséquence, "Peugeot fait le choix de concentrer les moyens en 2012 sur sa performance commerciale". Un coup dur pour la FIA et son nouveau championnat du monde d'endurance (WEC).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.